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 en  latitude,  en  allant vers  le Sud,  aux Hébrides,  à  la Nouvelle-  
 Calédonie ,  le  nombre  de  ces  mêmes  végétaux  décroit naturellement. 
   Plus  au  Sud  encore,  la  Zone  tempérée  australe  change  
 complètement la physionomie  des  végétaux ;  et  l’ile de Norfolk  
 a de  commun  avec la partie Nord de la Nouvelle-Galles du Sud,  
 1 Araucaria,  qu’on voit encore  au havre  de  Balade,  et  avec  la  
 Nouvelle-Zélande  le phormium  tenax : mais  il  est  à  remarquer  
 <|ue  cette  île  vaste  et  composée de deux terres  séparées par un  
 détroit,  quoique  rapprochée  de  la Nouvelle-Hollande  et par  la  
 même  latitude,  en  diffère  si  complètement,  qu’elles  ne  se  ressemblent  
 nullement dans leurs productions végétales. Toutefois  
 la Nouvelle-Zélande,  si riche  en  genres particuliers  à  son  sol  et  
 peu  connus,  en  a  cependant  d’indiens,  tels  que  des  piper,  des  
 olea ,  et  une  fougère  réniforme  qui  existe,  à  ce  qu’on  assure,  
 à  file  Maurice.  A  l’époque  de notre  séjour  à  la  Baie des  iles  de  
 la Nouvelle-Zélande, la végétation se ressentait des apjîroches de  
 la  saison  hyémale. 
 Pour  peu  qu’on  ait  voulu  suivre  les  idées  que  nous  venons  
 d’émettre,  on  sera  convaincu  que  les  terres  hautes  du  Sud-  
 Est  de  la Polynésie,  entre  les  tropiques,  partagent  les  mêmes  
 végétaux  alimentaires  que  les  îles  des  Indes  orientales.  Ils  se  
 sont  répandus diversement par suite  sur  les  terres  les plus lointaines, 
   et  ne  se  sont  arrêtés  que  près  des  côtes  d’Amérique.  
 Comment, par  exemple,  les  végétaux  si  communs  sur  la  Polynésie  
 se  retrouvent-ils  sur  les  îles  Sandwich  et  sur les îles  des  
 Marquises de Mcndoce,  qui  en  sont  séparées  par  un  intervalle  
 immense? H  serait fort  difficile  de  résoudre une  telle  question,  
 |tarcé  que  des  vents  et  des  courants  qui  se  dirigent dans  un  
 sens  contraire  ne  permettent  point  de  leur  attribuer  aucune  
 influence  pour  l’établissement  de  la végétation  sur  des  ]5oints  
 comme  écarés  sur la  surface  du  Grand-Océan. 
 Toutes  les  iles océaniennes  hautes,  à  peu  d’exceptions  près,  
 sont jflantées de  fruits  à pain  sans  noyaux, de taro  (arum  escu-  
 lentum), de cannes à sucre, de bananiers, ([ui y viennent pres([ue  
 spontanément, pour  contribuer  à  la  vie  ]taisible  et  heureuse  de  
 ces  insulaires.  On  retrouve  à  Taiti  l’hibiscus  rosa  sinensis,  si  
 abondant  sur  toutes  les Moluques ;  les pandamis,  le  Gardenia  
 florida,  les  cjathées,  le  craloeva,  des ficus,  le bambou,  y reproduisent  
 leurs  tribus ;  et  «  c’est  dans  cette  île ,  dit  M.  d’Urville  
 « (Distrih.  des fougères, Ann. sc.  nat., septcmb.  1825), que  com-  
 « mence à  paraître une  foule  de  fougères ,  qui  semblent  habiter  
 «cette  Zone,  à  ])artir  de  cet archipel,  et  même  des  Marquises,  
 «jusqu’aux  Moluques,  et  plusieurs  jusqu’à  l ’Ile-de-Erance,  tels  
 «sont  les  lycopodium phlegmaria,  schizea  cristata,  etc,,  etc.»  
 Ainsi,  les  iles  équatoriales partagent  les  productions  végétales  
 de  source  indienne,  avec  des  différences  cependant  dans  leur  
 répartition ; car,  suivant M. de Chamisso (t. I I  du Voy. de K otzebue  
 ) ,   le Barringtonia  et le filao ,  si  communs  à Taiti  et  à Borabora, 
   ne  se  trouvent  point  aux  Sandwich,  tandis  ((ue  ces dernières  
 ont le bois de sandal,  dont  les îles  de la Société paraissent  
 (trivées, et qui est si commun aux Marquises, aux Fidjis, etc., etc. 
 Il  est  plus  aisé de  se  rendre  compte de  la manière dont  la  végétation  
 a  envahi  les îles basses de  corail.  La flore de ces motous  
 ne  se  compose  point  d’un  grand  nombre  d’espèces,  et  nous  
 avons eu  souvent l’occasion de la  suivre dans les diverses phases  
 de  ses  progrès.  La  manière  dont  s’opère  cet  intéressant  phénomène  
 répond  assez  exactement  aux  descriptions,  un  peu  
 poétiques  sans doute,  mais vraies dans  leur ensemble,  des migrations  
 végétales, esquissées  avec  cette  pureté  et  ce  charme de  
 style qui a|ipartiemient et à Bernardin de Saint-Pierre  et à M.  de  
 Chateaubriand.  Sous  le  rapport  de  l’exactitude  des  faits,  les  
 détails  fournis  primitivement par Forster,  (mis  par M.  de  Chamisso, 
   laissent  sans  doute  peu de  chose  à  désirer.