cations qu’ils ont actuellement avec les Européens leur feront
perdre bientôt la tradition de la plupart de leurs opinions et des
sources d’où elles découlent. Aussi nous ne chercherons point
à entrer dans de grands détails à ce sujet.
Les Nouveaux-Zélandais sont les insulaires qui ont le mieux
conservé les traces de l’antique religion du législateur indien
Menou, qui consacra les trois principes de Brahnia, de Chiveii
et de Wichenou. Les sctdpturcs qui ornent les pirogues des
(diefs principaux ou les [jalissades de Xhippah, représentent
presque toujours ces trois principes, entourés de cercles nombreux
et sans fin, image sans doute du grand serpent Caleti-
gam, qui voulut dévorer le monde et dont Wichenou délivra
la terre. La figure du centre de ces ornements offre constamment
le ùngiïfn, attribut qui se reproduit sur d’autres reliefs, et même
sur des vases. Le fétiche de Jade, qui se porte au cou, représente
évidemment une figure indienne, et peut-être Chiven on
le génie du mal. Enfin, des poésies anciennes, dont le sens mé-
ta])horique n’est plus conqiris par les habitants d’aujourd’hui,
semblent renfermer quelques-unes des premières idées mys-
ti(| nés, sabéennes et bracmanes de leurs ancêtres, que la
tradition n’a pu sauver de l’oubli. Les Zélandais, comme tous
les Océaniens, ([uelles que soient les variations qu’a éprouvées
leur théogonie, reconnaissent une trinité. Ils nomment
Atoua, Akoua, leurs dieux, et pensent (|ue les aines des justes
sont tes bons génies, Eatouas, et que les méchants ne deviennent
point meilleurs dans un autre monde, et que,sous l’attribut
de TU, ils sont investis du pouvoir de pousser l’homme au mal.
Malgré des nuances légères, ne retrouvons-nous ]jas cet ensemble
de faits dans cc que l’on sait du culte des autres peuplades
? Et soit que Faroa, brisant la co([uiile qui le tenait emprisonné,
s’en servit [lour jeter les bases de la grande terre
( fenoa nui),ou file de Taiti, et en composer,avec les parcelles
qui se détachèrent, les autres iles qui rcutourent; soit i|ue Tan-
g-Æfoa (Mariner, t. I I, p. 168) tira le monde (les îles de Tonga)
de la mer, en péchant à la ligne ', partout, chez les Océaniens,
nous voyons établis une identité de croyance frappante, la divinisation
des ames, l’adoration de [ilusieurs sortes d’animaux el
de certaines plantes, la puissance intellectuelle des prêtres, et
les augures, les sacrifices humains, les Marais, les idoles ”, et l’ari-
thropo])hagie, qui na([uit de leurs préjugés religieux , mais (|ui
s est effacée de |)lusieurs iles abondantes en substances alimentaires,
et qui s’est conservée intacte sur celles où la rigueui’ du
climat et la pauvreté du sol ont fait sentir le besoin d’une noui--
riturc substantielle h
■ Les Dayaks adorent D eo u a ta , i’O um e r d u m on d e , et les mânes de leurs ancêtres
: ils Yénèrent aussi certains oiseaux, et pratiquent les augures; ce que font les
Océaniens { v o y e z Mémoire sur les idées religieuses des Taïtiens, par LESSON;
A n n . marit. et coton., partie, p. 2 0 9 , iS - iS ) . I.a religion des Zélandais de la
partie Nord est assez connue, ainsi que leurs diverses cérémonies. 11 n’eu est pas de
même pour ceux de la partie Sud, qui n’ont jamais été visités que très-passagèrement,
et par des marins le plus souvent peu instruits. Voici quelques renseignements que
nous nous procurâmes du capitaine Edwardson. On pourra ju g er comment les mêmes
idées sont plus ou moins travesties par ceux qui les professent on plutôt par ceux
tjui les recueillent.
« Les Nouveaux-Zélandais méridionaux croient qu’un être suprême a créé toutes
« choses, excepté ce qui est l’ouvrage de leur propre industrie. Cet être est clément,
«el se nomme Maaouha. Ils reconnaissent un bon esprit, appelé N o u i-A to u , au-
«quel ils adressent des prières, la nuit et le jour, pour qu’il les préserve de tout ac-
« cident. Roivkoida, l’e sprit, aussi nommé E a to u a , gouverne le monde, pendant le
«jour seulement, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil. L ’esprit nocturne est
« R o ckiola,\ z cause de la mort, des maladies et des accidents qui viennent fondre sur
« les hommes pendant le temps de sa puissance. Enfin, ils ont encore l’histoire fabu-
«leuse d’un homme et d’une femme qui habitaient la lune.» Or, la plupart de ces
idées, nous les retrouvons chez les habitants des îles de la Société.
* Les idoles se ressemblent toutes, quant à la forme générale, depuis l’île de Pâques
jusqu’aux îles Sandwich, Mendoce, et de la Société, etc. Consult. les Voy. de L i-
sianskoi, de Langsdorf, de Ikrusenstern, de la Pérouse, etc.
L ’anthropophagie est d’origine indienne. M ar co-Polo ( p. 186 ) décrit ainsi les