Comme les naturels des iles de la Société, ils les teignent en
rouge très-brillant avec les fruits d’un figuier sauvage [ficus
tinctoria, Forst. ), ou avec l’écorce du morinda citrifolia, et en
jaune fugace avec le curcuma. C’est avec un maillet quadrilatère
et strié sur ses quatre faces que tous ces peuples façonnent
leurs étoffes, en frappant sur les écorces ramollies et invisquées
avec un gluten. Dans toutes les iles que nous avons mentionnées,
on retrouve les mêmes jirocédés de fabrication, ainsi que fa r t
de les enduire d’une sorte de caout-chouc pour les rendre imperméables
à la pluie. Certes, de'tels rapprocliements ne son(
point le résultat du hasard; ils doivent dériver des arts que pratiquait
naguère la souche de ces peuples, que nous verrons,
d’ailleurs, rattachés les uns aux autres par des liens de parenté
encore bien jilns forts.
Les deux sexes du rameau océanien se drapent avec leurs
légers vêtements de la manière la jilus gracieuse, lorsque la
température variable leur en impose l’obligation. Souvent les
femmes jettent sur leurs épaides une large pièce d’étoffe, dont
les [)lis ondulent sur le coi’iis et retracent le costume antitpie.
Les chefs seuls jouissent de la |irérogative de porter le tipouta,
vêtement qui présente l’analogie la plus remarquable avec le
poncho des Araucanos de l’Amérique du Sud. Les Nouveaux-
Zélandais, placés en dehors des tropiques, ont senti le besoin
de vêtements plus appropriés aux rigueurs de leur climat : ils
ont trouvé, dans les fibres soyeuses du phormium, une substance
jiroprc à rem[)lir avantageusement ce but, et leur industrie
s’est tournée vers la confection de nattes fines et serrées,
qu’ils fabriquent avec des ])rocédés très-simples, mais avec une
j em blan cas , de beles m a in e r e s , e biaus : ils suni j d u l e s , e se tiennent pa r
e l z , Vivent de mercandise e d ’ars, e s i v o z d i q u il fu n t dras des sconses d 'a r b
r e s , etc. ( P . tl\q.)
grande habileté. Les manteaux dont ils s’enveloppent sont plus
épais et plus chauds que les nattes, qu’ils roulent simplement
autour du corps, et qui descendent jusqu’à moitié des jambes;
et parfois cet ajustement, chez les chefs, est formé de larges
bandes de peau de chien , cousues ensemble, et dont le poil est
en dehors.
Tous les peuples de l’Océanie ont un goût à peu près égal
pour la parure. Ainsi, les Taitiens, les Sandwichiens, aiment à
se couronner de fleurs et ceux des iles Marquises et Washington
de même que les naturels de Rotouma et des Fidjis,
attachent le plus grand jirix aux dents des cachalots ; et cette
matière, que la superstition rend si précieuse à leurs yeux, est
pour eux ce que sont les diamants pour un Européen. Les Zé-
landais et les habitants de l’ile de Pâques remplacent les fleurs
par des touffes de plumes, qu’ils placent dans leur chevelure,
et jaassent des bâtonnets peints dans les lobes des oi-eilles. Les
Rotoumaiens, comme les insulaires des archipels de la Société
et des Pomotous, quoiqu’un immense espace de mer les sépare,
ont conservé la même coutume de se garantir des
rayons du soleil avec des visières de feuilles de cocotier h Aux
Fidjis, on suit cet usage; et lâ aussi se fabriquent ces nattes
fines qui servent de maros aux Taitiens, et qu’on nomme gnatou
‘ Les fleurs plus particulièreiuent choisies par ces naturels jouissent de leclat
le plus v if, ou laissent exhaler les plus suaves odeurs : ce sont surtout les corolles
de 'ilubiscus rosa sinensis, ou celles du Gardenia f lo r id a , qu’ils choisissent pour
tresser des guirlandes, ou pour placer dans les lobes des oreilles et en recevoir plus
aisément l’arome.
Le groupe des îles Washington fut découvert à la fois par le capitaine français
Marchand, sur le Solid e , e t, en mai 1 7 9 1 , par le capitaine américain Ingraham,
commandant le navire the H o p e , de Boston.
^ Cette coiffure, nommée ischao à Rotouma, niao .à T a i t i, est façonnée à l’instant
même où un naturel veut s’en servir. Elle a quelque chose de gracieux sur la
tête des jeunes gens.