([lie, sur ces mêmes récifs, que recouvre à marée basse trcs-peu
(l’eau, nagent en rampant les nombreuses tribus des miiréno-
[ihis et des ophisures. Mais plus on s’engage dans les canaux
étroits et sans cesse réchauffés par le soleil équatorial, qui sé-
[îarent en tout sens les iles innombrables de la Polynésie, plus
le nombre des poissons augmente ; et là seulement on observe
certains genres ou certaines espèces qui n’existent sur aucun
autre point. Le squale à ailerons noirs ne vit que dans les Mo-
lucjues et sur les côtes de la Nouvelle-Guinée : il en est de même
de quelques aleutères, du diacope macolor, de quelques acan-
thiires, de la lophie histrion, etc., etc. Dans toutes nos relâches,
depuis Oualan et le Port-Praslin jusqu’à Java, nous observâmes
le nason licornet, des scombres, des priacanthes identiques, etc.
La partie intertropicale de l’Océanie est très-pauvre en testacés.
Plus on se rapproche des îles de la l'olyuésie, plus le
nombre des espèces s’accroît d’une manière rapide. On doit donc
supposer que les plages de sables uniformes de ces îles de l’Asie
orientale, et leurs eaux peu profondes, et par conséquent plus
faciles à échauffer, renferment toutes les conditions favorables
pour la multiplication facile des belles espèces qu’on y trouve.
A Taiti, comme à Borabora, on n’observe guère qu’une sorte
d’arche, la vis tigre, la cérithe blanche, l’ovule, les porcelaines,
la mitre épiscojiale, le cadran escalier, etc.; et ces mollusques,
ainsi que l’aronde aux [lerles, la tridacnc bénitier, le murex
chicorée, le ptérocère, la harpe, des rouleaux, etc., etc., se retrouvent,
sans exception, sur toutes les îles océaniennes et polynésiennes,
jusqu’à l’ile Maurice inclusivement, et sont également
observés sur les îles africaines de la mer des Iiidcs. Mais
aux Moluques particulièrement, dont les baies sont paisibles et
(djritées, oii la mer ne brise point avec fureur, où de longues
plages sablonneuses déclives permettent à des testacés fragiles
de vivre sans compromettre leur existence, naissent et se développent
de précieuses co([uillcs, telles que la carinaire vitrée,
ces nautiles papyracés, ce scalata si recherché, etc., etc. Sur
toutes les grèves, nous trouvâmes en abondance et h( volute
éthiopienne et l’argonaute flambé rejeté par les vagues; ce qui
autorise à penser que ce céphalopode, extrêmement commun,
ne vit qu’à une certaine profondeur.Les nautiles, qu'on retrouve
dans plusieurs mers, et notamment dans la Méditerranée, et (|iii
s’y sont propagés sans doute à l’époque oîi cette mer communiquait
avec la mer Rouge et la mer des Indes, alors que n’existait
point l’istlime de Suez, ont une espèce qui les représente, même
dans le Sud de la Nouvelle-Hollande; car c’est dans le détroit
de Bass qu’on observe comiiuinémcut le beau uaulile dit à
grains de riz, dont la patrie a long-temps été ignorée. En dépassant
le Tropi([ue du Capricorne, les mollusques ne sont [dus
les mêmes : leurs espèces sont propres à tel ou tel point, d’où '
elles ne s’écartent guère; et c’est ainsi que l’extrémité australe
de l’Amérique a des espèces très-remarquables, qu’oii ne retrouve
point ailleurs, telles que des moules, des monocéros, le con-
cholepas entre autres, et que la Nouvelle-Zélande, comme la
terre de Diémen, et la Nouvelle-Hollande, ont des genres qui
leur sont propres, et remarquables par leur rareté jilus ou moins
grande dans nos collections. C’est alors que serait rigoureusement
applicable cet aphorisme trop vague de Pérou ‘ : . Qu’il
«n’estpas une seule espèce d’animaux marins bien connue qui,
«véritable cosmopolite, soit indistinctement propre à toutes les
«parties du globe ; et que les animaux originaires des pays froids
« ne sauraient s’avancer impunément jusqu’au milieu des zones
« bridantes. »
D’après l’indication sommaire que nous avons présentée de
Notice sur l’habitation des animaux marins, cliap. x x x ix , tom. IV , pag. 278.
V o j . a u x terres au s trale s , 2° édition.