( , 8 o )
M:uudouU, fortificc, m-n.loe, bastionnée, et d'lmc approche d'autiint
,,Ui.s difficile «lac l'enn.'n.i étoit foiimi .!<• toutes sortes d'armes et <le
numiUcms, que IK.US reeommmes être des nôtres, tant par la portée des
fusils que par les balles qu'il nous envoyoit. Il y avoLl déjà plus de deux
heures que nous attaquions cette maison de tous côtés, sans en trouver
„ n qui ne fftt meurtrier; nous avions perdu soixante homnu-s et nous en
avions ou autant de blessés : la nuit venue, on mit le feu aux maisons adjacentes,
on s'empara d'une mosquée, on sépara l'ennemi du Nil, et on
travailla à rétablir les pieces reprises. De leur côté les assiégés s'oceupoient
à augmenter le nombre de leurs erenea«ix, à faire des batteries basses, et
à pointer des canons qu'ils n'avoient point eneore en.ployés. Des paysans,
qui s'éehuppercnt du feu des assiégeants et de celui des assiégés, ^•^,>•ent
nous dire que le lendemaiu du jour du départ du général Desa.x pour
aller poursuivre Mourat, les Mekkains, nouvellement descendus du desert,
etoient venus attaquer lludie et la flottille qu'elle commandoit; qu'après
u n combat de vingt-quatre heures, eeux qui la „>ontoient engraverent, et,
craignant l'abordage, «voient brûlé la grande barque et monté sur les pelices;
mais qu'un grand vent ayant constamment contrarié leur manoeuvre,
fatigués par le nombre et l'acharnement des assaillants, ces malheureux
avoient tous été tués; que depuis ce temps les Mckkains n'avoient pense
<5u'à rassen.bîer tout ce -lue c.ate délaite leur fournissoit de nioycns d'attaque
et de défense; qu'ils avoient é<houé un de nos bàtnnents, al:n de
forcer tout ce qui navigueroit sur le fleuve à passer sons leur battene,
..t s'étoient ainsi rendus maîtres du Nil; que, malgré louV ee qu'ils avou>nt
perd» de m.mde, ils étoienl encor,. très nombreux et très déler>n>nes.
A la pointe du jour, nous commençâmes k battre la maison en l.recbe:
construite en briques non cuites, chaque boulet ne faisoit que son trou,
et ne causoit aueuu éboulement; l'incendie ne faisoit point de progrès
à cause des cours qui séparoient le corps-de-logis de la dreonvallation.
\ neuf heures du matin, les Mamelouks s'avancerent avec des chanu>aux
comme pour porter des secours à la place; on marcha sur eux, et ils se
retirèrent sans une véritable résistance: le général Belliard, voyant que
les moyens eonservatifs usoient et les hommes et le temps, ordonna un
assaut, qui lut donné et reçu avec une valeur inouie; on ouvrit sous le feu
de l'ennemi la premiere circonvallation, et, a travers les fusillades et la
sonic des assiégés, on introduisit des combustibles qui commencèrent à
rendre leur retraite douloureuse: un de leurs magasins sauta {voyez pi 77.
( 1 8 1 )
« " 2 ) ; dès lors le feu les atteignoit de toutes parts; ils manquoient d'eau,
ils éteignoient le feu avec les pieds, avec les mains, ils l'étouffoient avec
leurs corps. Noirs et nus, on les voyoit courir à ti'avers les flammes; c'étoit
l'image des diables dans l'enfer: j e ne les regardois point sans un sentiment
d'horreur et d'admiration. Il y avoit des moments de silence dans lesquels
une voix se faisoit entendre; on lui répondoit par des hymnes sacrés, par
des cris de combat; ils se jetoient ensuite sur nous de toutes parts malgré
la certitude de la mort.
Vers la tombée du jour on donna un assaut; il fui long et terrible; deux
fois on pénétra dans l'enceinte, deux fois on fut obligé d'en sortir: je
n'étois pas tant effrayé de nos pertes que de la pensée qu'il faudroit recommencer
de nouveaux efforts contre des ennemis toujours plus rassurés;
j e savois d'ailletirs que nous étions réduits à la derniere caisse de cartouches,
Le capitaine Bulliot, officier d'une bravoure distinguée, périt dans la derniere
tentative: cet homme, connu par une insouciante imprudence, ému
d'un sentiment de prédestination, me serra la main eu m'entrainant avec
lui, et me dit un adieu sinistre; l'instant d'après je le vis se traînant suiles
mains, et cherchant à se dérober à k mort.
Quand la nuit fut venue on fit halte: il y avoit deux jours que nous nous
battions.
Au danger succédoient de tristes .soins; nous entendions les cris de
nos blessés, auxquels nouâ n'avions point de remedes à donner, auxquels,
faute d'instruments, on ne pouvoit faire les plus urgentes opérations; nous
avions perdu bien du monde, et nous avions encore bien des ennemis à
vaincre: le besoin d'épargner de braves gens fit l'établir l'incendie à la place
des assauts; on alluma des feux; à toutes les avenues on posa des postes;
on se relayoit pour prendre du repos; le carré reposa en bataille; le
danger commandoit l'exactitude du sei"vice: au milieu de la nuil, un âne,
poursui-s-ant une ânesse, entra au galop dans le quai-tier; chacun se trouva
debout et à son poste avec un silence et un ordre aussi augustes que la
cause en étoit ridicule.
Un malheureux évèque copte, prisonnier dans le château, à la faveur
des téncbres se sauve avec quelques compagnons, et n'arrive jusqu'à nous
qu'à travers le feu de nos postes, couvert de blessures et de contusions:
après avoir pris quelque nourriture, il nous conta les détails des horreurs
auxquelles il venoit d'échapper, Les assiégés n'avoient plus d'eau depuis douze
heures; leurs murailles ardoient; leurs langues épaissies les étouffoient;
,; I 1:.
rj
''M ^^
K