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le. soleil plongeani pci-pcnclioulairomP7it so.is riiorizon, robscnrité suit
imm.-diau-ment ses dcrtiiors rayotu.. T . e s Bedouins infostoiont la campagne;
nous apperccvons quelques points dans la plaine qui otoit immense; Rapp
1ne <lit, nous sommes mal ici, regagnons la colonne, ou franchissons
l ' e s p a c e , el arrivons à BéiK-soiief. Je savois que le parti le plus hardi ctoit
c e l u i que prélëroit mon compagnon: j'accepte le dernier; nous piquons
des deux, et bravons les Bédouins, dont cétoit l'heure de la chasse: la
course étoit longue; nous doublons le uiouvement; mon cheval s'éehauffe,
e t m'emporte; la nuit arrive, clic étoit noire lorsque je me trouve sous
les retranchements de Bénésoucf. Je crois pouvoir tenir la même route
que le matin; mon cheval bronche, je le rcleve d'un coup d'éperon; il
saute un fossé qu'on avoit fait dans la journée, et j e me trouve de l'autre
c ô t é , le nez contre une palissade, sans pouvoir avancer ni reculer. Pendant
ce temps la sentinelle avoit crié, je n'avois pas entendu; elle tu-e,
j a p p e l l c eu fiançais; elle me demande ce que je fais là, me gi-onde, me
r e n v o i e ; et voilà le mal-adroit ou le savant avec un coup de baïonnette,
un coup de fusil, querellé, et remené chez h»i comme un écolier sorli
sans permission de son college.
T . e iç) frimaire, le général Desaix revint du Caire, amenant douze ccnis
hommes de cavalerie, six pieces d'artillerie, six djcrmes armées el bastinguées,
et deux à troi.-i cents hommes d'infanterie; ce qui faisoit .sa division forte de
trois mille hommes d'infanterie, douze cents chevaux, et huit pic
f< d'art i i -
lerie légère: il avoit ainsi tout ce qu'il faUoit pour suivre, attaque
:X battre
Mourat-bey, .s'il vouloi t se laisser approcher: nous étions pleins de courage
e t d'espoir. J'étois peut-être le seul qui dans tout cela n'eût à acquérir ni
g l o i r e ni grade; mais j e ne pou voi s me défendre de m'enorgueiilir de mon
é n e r g i e ; mon amour-propre étoit exalté de marcher avec une armée toute
b r i l l a n t e de victoires, d'avoir repris mon po.ste à l'avant-garde de Texpedit
i o n , d'être sorti le p remier de Toi i lon, et de marcher avec l'espoir d'arriver
h^ p remier à Siene, enfin de voir mes projets se réaliser, et de t.meher au
but de mon voyage: en effet ce u'étoit que de là que commeneoit la partie
importante de mon expédition particulière; j'allois défricher, i)our ainsi
d i r e , un pays neuf; j'allois voir le premier, et voir sans préjugé; j'allois
f o u l e r une terre couverte de tout temps du voile du tnystere, et fermée
depuis deux mille ans à tout Européen. Depuis Hérodote jusqu' à nous, tous
les voyageurs, sur les pas les uns des autres, ont remonté rapidement le
Nil, n'osant perdre de vue leurs haïques, ne s'en éloignant (juelques heures
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(|ue pour aller avec inquiétude à quelque cents toises visiter rapidement
les objets les plus voisins; ils s'en rapportoient à des récits orientaux pour
tout ce (|ui n'est pas sur les bords du fleuve. Eticoura^^é par l'aeeiuùl cpie
me faisoit le général en chef, .secondé par tous les officiers qui partageoieni
mon amour pour les arts, je ne ei'aiguois plus que de manquer de temps,
de crayons, de papier, el de talent: j'élois accoutumé au bivouac, el le
biscuit de munition ne m'éponvanloil pas; je ne craignois de Mourat-bey
que de le voir entrer dans le déserl, et nous promener de Bénésouel au
F a ï o u m , et du Faïoum à Bénésouel'.
E n f i n nous partîmes de celte ville le 26 au soir: le speeiaele du départ
étoit admirable; je regrettai d'être trop occupé pour en pouvoir faire un
d e s s i n : notre colonne avoit «me liexie d'étendue; tout respiroit 1» joie et
l'espérance. A. la tombée du jour, nous fùn^s attristés par la vue d'une
t e r r e en friche, et d'un village abandonné; le silence de la nuit, un sol
i n c u l t e , des maisons dé.sertes, combien de tels objets apportent d'idées m<-
l a n c o l i q n e s ! c'est la tyrannie qui conuacnee cette affreuse dépopulation,
qu'achèvent le désespoir et le crime. Lorsque le maîliT d'un \iliage a exigé
tout ce que le pays peut donner, .p,e la mis.'re .les babilauls ..st encore
troublée par de nouvelles demandes, réduits au d.-sesi)oii-, ils opposent la
force à la force; dês-lors, en éiat de guerre, ou leur court sus; et si, eu se
d é f e n d a n t , ils ont le malheur de tuer .,uclques sal.dliles de leurs tyrans,
il ne leur reste de ressource (pie bi fuit., pour sauve.' leur vie, et le vol
pour l'alimenter; hommes, fennnes, enfants, errants, rayés de la société,
deviennent la terreur de leurs voisins, ne paroissent dans leius foyers ([ue
f u r t i v e m e n t , el, comme des oiseaux de nuit, se servent de leurs murailles
comme repaires de leur brigandage, et n'y rcparoissent j.lus que momentanément
pour épouvanter ceux qui pourr
ainsi .rue ces villages, dcven.is la.syl
o u l o i r leur succèdei-. Cesi
qu.
dcven.is l'a.syle du ci
f r i c h e s , ruines, silence, et désolatioTi.
mes à El-Beranqah à une h.
nous
n'ulfrent i)lus au> ega
ure de nuit; nous en partì
n- à Bébé, village considéra
Nous
dès la pointe du jour; viiunes déje
qui n'a rien de particulier que de po.sséder le poignet de S. George, reli-iue
„-.'"S recoinmaudable pour tout pieux chevalier: ici la chaîne arabiq.u- se
cl.e si forl du Nil .piVlle ne laisse .p.'un ruban verd sur sa rive.
rapp
A Miniel-Guidi, nous fi.mes retardés par des accidents arrivés a . « trains
pa-ssages des canaux; nous api)iîmes là .¡ue les
attendions assis à l'ombre,
d e notre arlillerie dans 1
Mamelouks étoient à 1-ccl -h. Pendant que nous
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