cette splcmdeur <le mo n ume n i s . Philée étoit l'entropol d'an commcroo d'écliaiige
de rKlhiople et de l'Egypte; et voulant donner aux Ethiopiens une
g r a u d e idée de leurs moyens et de leur maguirieence, les Egypt iens avoiont
élevé nombr e de somptueux édifices j i isques aux confins de leur empire, à
l e u r frontiere naturel le, qui étoit Syene et les cataractes. Nous eûmes encore
u n pourparler avec les habitants de l'isle; il fut plus explicatif: ils nous
s i g n i f i è r e n t que deux mois de suite nous viendrions tous les j o u r s sans qu'il
nous fut j ama i s permis d'arriver jusqu' à eux. Il fallut encore pour cette fois
nous le tenir pour dit, car nous n'avions pas de moyens de rien changer à
l e u r décision: mais comme il eût été d'un mauvais exemple qu'une poignée
d e paysans pût être insolente à quatre pas de nos établissements, on remit
a u lendemai n à leur faire des observat ions qui pussent changer quelque chose
à leur détermination. On y retourna effectivement avec deux cents hommes;
ils n e les v i rent pas plutôt qu'ils se mi rent en état de guerre : e l le fut déclarée
à la manière des sauvages, avec des cris répétés par les femmes. Les hab
i t a n t s de l'isle voisine accoururent avec des armes qu'ils faisoient briller
comme des lutteurs; il y en avoit de tout nus, tenant d'une main un
grand .sabre, de l'autre un bouclier, d'autres avec des fusils de rempart à
meche et de longues piques; en un moment tout le rocher de l'csl fut
couvert de groupes d'ennemis planche 71, 3). Nous leur criâmes
encore que nous n'étions pas venus pour leur faire du mal , que nous ne
leur demandions qu'à entrer amicalement dans l'isle; ils répondi rent qu'ils
n e nous en donneroient jamai s les moyens, que leurs barques n e viendroient
p o i n t nous chei-cher, et qu'enfin ils n'étoient pas des Mamelouks pour rec
u l e r devant nous: cette fanfaronnade fut couverte des cris d'unanimi t é qui
r e t e n t i r e n t de toutes parts: ils vouloient batailler; ils s'étoient défendus
c o n t r e les Mamelouks; ils avoient battu leurs voisins; ils vouloient avoir la
g l o i r e de nous résister, et même de nous braver. Aussitôt l'ordre fut donné
à nos sapeurs d'abattre les toits des huttes de terre ferme qui pouvoient
nous fournir du bois pour faire un radeau : cet acte fut la déclaration
de guerre: ils tirèrent sur nous; postés et cachés dans les fentes des
r o c h e r s , ils nous couvroient de balles fort bien ajustées. Dans ce moment
arriva une piece de canon dont la seule vue porta leur rage au dernier
degré ; dès lors il n'y eut plus de communication entre la grande islc et
l'isle de Philée; ceux de la grande emmenerent leurs troupeaux, leur fii'ent
passer le bras du fleuve, et allèrent les perdre dans le désert.
Ou s'apperçut que le bois de palmier étoit trop lourd et prenoit l'eau, il
fallut remet t r e au lendemai n la descente : la troupe resta; on fit venir tout ce
qu'il falloit pour la fabrication d'un radeau de grandeur, à porter quarante
soldats. Ce travai l occupa tout le l endema in; et ce retar d augment a l'insolence
de ces malheureux, qid osereut proposer au général de payer cent piastres
p o u r passer seul et désarmé dans l'isle : mai s la scene changea quand toutà
coup ils virent la grande isle inondée de nos volontaires dont la descente
avoit été protégée par du canon à mitraille; la terreur succéda, comme
de coutume, à l ' insuf f isant e audace; homme s , femmes, enfants, tout se jeta
dans le fleuve pour se sauver à la nage; consei'vant le caractere de la féroc
i t é , on vit des meres noyer les enfant s qu'elles ne pouvoient emporter, et
m u t i l e r les iilles pour les soustraire aux violences des vainqueurs. Lorsque
j ' e n t r a i le lendemain dans l'isle, je trouvai une petite fille de sept à huit
a n s , à laquelle une couture faite avec autant de brutalité i[ue de cruauté
avoit ôté tous les moyens de satisfaire au'plus pres.sant besoin, et lui causoit
des convulsions horribles: ce ne fut qu'avec une contre-opérati«n et
u n bain que j e sauvai la vie à-cctte malheureuse petite créature qui étoit
tout-à-fait jolie. D'autres, d'un iige plus avancé, se montrèrent moins aus
t c r e s , et se choisirent elles-mêmes des vainqueurs. Enfin cette colonic
i n s u l a i r e se trouva en quelques instants dispersée, ayant fait, relativement
à ses moyens, ime perte immense et irréparable.
Ils avoient pillé les barques que les Mamelouks n'avoient pu faire rem
o n t e r , et avoient fait des magasins de ce butin, qui, par comparaison
avec leurs voisins, les rendoient d'une richesse sans exemple, et pouvoient
assurer leur aisance et leur repos pour nombre d'années ; en quelques
h e u r e s ils se trouvèrent privés du présent et de l'avenir, ils passèrent de
l'aisance au besoin, et furent obligés d'aller demander asyle à ceux chez
lesquels ils avoient porté la giierre quelques jours auparavant. L'évacuation
des magasins situés dans la gi'ande isle occupa les soldats tout le reste du
j o u r ; et j 'employai ce temps à faire les dessins des rochers et des antiquités
qui s'y trouvent ( voyez planchc 72, n" i , ci pl. 74, n° 2 ).
Ces ruines consistent en un petit .sanctuaii-e, précédé d'un portique de
q u a t r e colonnes avec des chapiteaux très élégants, auquel on avoit ajouté
p o s t é r i e u r e m e n t un autre portique qui tenoit sans doute à la circonvallati
o n du temple. T.a partie la plus ancienne, travaillée avec plus de «oin,
étoit beaucoup plus décorée; l'usage qu'en a fait la catholicité en a dénat
u r é le caracterc, on ajoutant des arcs aux formes quarrécs des portes.
Dans le sanctuaire, tout auprès des figures d'Isis et d'Osiris, on voit
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