dessin de mon voyage, le premier que j'eusse fait à mon aise, en rendant
grace au hasard de ce que je pouvois y ajouter encore l'intérêt d'un monument
( voyez pltmchc 91, n° 2).
Ici se termine mon journal: mais je ne veux point quitter mon lecteur
sans lui présenter une derniere observation sur la forme et le but de cet
ouvrage.
Lorsque je partis d'Alexandrie les membres de l'institut étoient encore au
Caire - arrivé en France, j'ignorois s'ils «voient pu effectuer dans la haute
Egypte le voyage ordonné par BonaparK- avant son départ; les circonstances
de la -uerre avoient pu arrêter la marche de cette société savante, ou l'empêcher
d'en rapporter en France les précieux résultats: dans ce cas, 3e
me fusse trouvé le seul qui eût été dans le cas d'écrire sur cette contrée,
et sar-toutle seul qui eût réuni un grand nombre de dessins, où j e n'oifrois
pas seulement l'image du pays, mais le plus souvent celle des événements
d'une des plus intéressantes expéditions de cette guerre; je ne pouvo.s
donc sans une espece d'injustice ravir à mes concitoyens ces nombreux
fruits de mes recherches et de mes pénibles travaux; et j e me déterminai
à les publier.
3'avois cru d'abord devoir ajouter à mon journal quelques digressions
. ritiques sur les anliquités, joindre k mes descriptions des discussions sur
les voyageurs qui m'avoicnt précédé ; j'avois consulté des personnes éclairées
pour ajouter quelques notes érudites aux objets curieux dont j e présentois
rimage: mais à peine ai-je été informé que l'institut du Caire avoit effectué
son voyage dans le calme de la paix; que les membres tv'avoient connu
de bornes à leur ardeur, à leur émulation, que l'ordre établi par leur chef
de division; qu'ils revenoient chargés de leur immense butin, que le gouvernement,
après avoir protégé leur voyage, faisoit avec magnificence les
frais de la mise au jour d'une collection si précieuse sous tous les rapports,
je n'ai plus songé à suivre nn plan que d'autres devoient nécessairement
mieux exécuter. Réduit à mes foibles moyens, comment aurois-je voulu
mesurer uu^s travaux aux travaux de toute une société, émettre des liypotheses,
lorsque sans doute on pourra présenter des cerlitudes, enfin marcher,
pour ainsi dire, à tâtons à côté d'un faisceau de lumières! J'ai donc
dépouillé mon journal de ce que j'y avois hasardé de recberche.s; j'ai repris
mon uniforme de soldat éclaireur, et mon poste à l'avant-garde, où je n'ai
conservé que la prétention d'avoir planté quelques jalons sur la route.
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pour avertir ceux qui avoient à me suivre, et, ne fut-ce que par nies
erreurs, servir ainsi les rédacteurs du grand ouvrage.
Heureux pour ma part, si, par mon zele et mon enthousiasme, je suis
parvenu à donner à mes lecteurs l'idée d'un pays si important par luimême
et par les souvenirs qu'il retrace; si j'ai pu lui présenter avec vérité
ses formes, sa couleur, et le caractere qui lui est particulier; si enfin,
comme témoin oculaire, je lui ai fait connoître les détails d'une grande
et singulière campagne, qui faisoit partie principale de la vaste conception
de cette expédition célébré! Si j'ai atteint ce but, j e le devrai sans doute à
l'avantage d'avoir toni dessiné et tout décrit d'après nature.
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