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Ammien-MarcelUn écrivolt au temps de Julien qi.c de toute antiquité les
Egyptiens se regardoient comme dupes lorsqu'ils payoieut ce qu'ils dévoient,
sans y être contraints par la force, ou tout au moins par la pour: heureusement
pour moi les habitants de Benderà étoient de race antique;.
A Kcné je voyois de ma fenêtre les ruines de ïyntira à deux lieues de
l'autre côté du Nil: ees ruines de Tyntira, dont je me souTenois avee tant
d'intérêt, et dont je regrettois particulièrement un zodiaque qui prouvoit
d'une maniere si positive les hautes connoissances des Egypûens en astronomie!
On ne pavoit point le miri à Dendera; on y envoya cent hommes; je
les suivis; il n'y avoit que vingt minutes de chemin do Dendera atix ruines
de Tyntira, qui s'appellent maintenant Berbe, qui est le nom que les Arabes
donnent k tous les monument s antiques. Nous av.ixàmes le soir au village;
le lendemain, avec trente hommes, j e me rendis aux ruines, que j e possédai
cette ibis dans toute la plénitude du repos et de la qui.itude: ma premiere
jouissance fut de me convaincre que mon enthousiasme pour le grand
te.nple n'avoLt point été une illusion de la nouveauté, puisqu'aprcs avoir
vu tous les autres moniiments de l'Egypte, celui-ci me paroissoit encore le
plus parfait d'exécution, et construit à l'époque la plus heureuse des sciences
et des arts; tout en est soigné, tout en est intéressant, imporlanl même:
il faudroit y dessiner tout pour avoir tout ce qu'on doit désirer d'en rapporter;
rien n'y a été fait sans objet: mon temps ne pouvoit être que très
limité; je commençai donc par ce qui étoit en quelque sorte l'objet de mon
voyage, le planisphere céleste, qui occupe une partie du plafond du petit
appartement bâti sur le comble de la nef du grand temple. Le plancher très
bas, l'obscurité de la chambre qui ne me laissoit travailler que quelques
heures dans la journée, la multipiicité des détails, la difiiculté de ne pas les
confondre en les regardant d'une maniere si incommode, rien ne m'arrêta;
la pensée d'apporter aux savants de mon pays l'image d'un bas-i-elief égyptien
d'une telle importance me fit un devoir de souffrir pat iemment le torticolis
qu'il me falloit prendre pour le dessiner {voyez pi anch' i3o, et
rea-plicadon dea planches, en songeant toutefois que je ne donne cette
explication que comme une hypothcse). Je dessinai le reste du plafond,
qui est partagé en deux parties égales par une grande figure, que je crois
celle d'Isis; elle a les pieds appuyés sur la terre, les bras étendus vers le
ciel, et semble occuper tout l'espace qui les sépare {7H\rez pi. ir8, if 5 ).
Dans l'autre partie dn plafond est une autre grande figure, que je crois
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ou le ciel, ou l'année, touchant des-pieds et des mains à la même base,
et couvrant de la courbure de son corps quatorze globes posés sur quatorze
bateaux, distribués sur sept bandes ou zones, séparés par des hiéroglyphes
sans nombre, et trop couverts de stalactites enfumées pour pouvoir être
copiés; j'ai pris aussi une esquisse de cette partie du plafond, pour donner
une idée de la forme de ce tableau {voyezpl. 129, «"4, et le plan général
de ce petit appartement,/;/. i3o, i, où sont représentes les objets comme
ils sont situés sur les plafonds).
Derriere cette premiere chambre il y en a une seconde qui ne reçoit
de jour que par la porte; elle est de même couverte de tableaux hiéroglyphiques
les plus intéressants et les mieux exécutés. Malgré l'obscurité,
la difficulté de faire éclairer tout à la fois le bas-relief et luon papier, je
dessinai cependant presque tout ce que contenoicnt le plafond et les murailles
de cette seconde piece ( voyez pl. 129, n" 6, cCpL j a(5, «"y, 10, f\ et
et leur cjplication ). 11 est bien difficile d'arrêter une pensée sur ce que pouvoit
être ce petit édifice si bien soigné dans ses détails, orné de tableaux si
évidemment scientifiques; il paroît que ceux des plafonds sont relatifs au
mouvement du ciel, et ceux dos murailles à celui de la terre, aux influences
de l'air, et à celles de l'eau. J.a terre est représentée par-tout par la figure
d'Isis; e'étoit la divinité de tous les temples de Teutyra, car on en trouve
l'emblème de toutes parts; sa tête sert de chapiteau aux colonnes du por.
liquc et de la premiere chambre du grand temple: elle est au centre de
l'astragale: elle est gigantesquenient sculptée au mur extérieur du fond:
elle est l'objet des ornements de la frise et de la corniche: elle est dans
tous les tableaux avec ses attributs: c'est elle à qui l'on fail toutes les
offrandes, lorsque ce n'est pas elle qui les fait elle-même à Osiris son
époux: elle est aux portes qui servoient d'entrée à l'enceinte: c'est à elle
que sont dédiés les petits tem2>les qui y sont inscrits; dans celui qui est
à droite en entrant, elle est triomphante des deux mauvais génies; dans
celui qui est derriere le grand, elle y est à tout moment représentée
tenant llorus dans ses bras, le défendant contre tout attentat, ne le confiant
qu'à des figures de vaches, l'allaitant à tous les ages, depuis l'enfance
jusqu'à la puberté, le tenant dans ses bras comme l'enfant qui vient de
naître, d'autres fois lui présentant le sein, qu'il reçoit debout étant déjà
presque de la taille de .sa mere.
Je consacrois tous les moments où je manquois de lumiere pour travailler
au planisphere, à mesurer les chapiteaux, les coloimes, à lever les
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