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d'iiicroglyplics gravés avec plus ou moins de soin: plus loin, i-n s'avançant
vers le nord, ou trouve doux portions de parapet, qui laissent entre elles
une ouverture pour descendre au fleuve: sur le flanc intérieur de droite
est un bas-relieien mari>re, représentant la ligure du Nil, de quatre pieds
de proportion, dans l'attitude d'un colosse qui est à Rome, et qui représente
ce même fleuve. Cette-copie de la même idée prouve tout à la t'ois que
Tédiflce est romain, qu'il est postérieur aa temps où ce elief-d'oeuvre grec
a été apporté à Rome, et que les Romains dans leur établisseinent à Syene,
ayant pu ajouter les orneuients de luxe et de superflu aux constructions
de premiere nécessité, y avoicnt eu plus qu'une station militaire, mais
une colonie piùssante: les l.ains et ustensiles précieux en Lronze que l'on
y trouve encore journellement viennent à l'appui de cette opinion sur la
rieliessc et la durée de cette colonie.
T . ' i s l e d'Klépbantine, défendue au sud par des brisants, s'est sans doute
fort augmentée au nord par des alluvions; ces alluvions deviennent journellement
des tciTCS labourées et des jardins assez agréables, qui, arrosés
perpétucllemcnl par des roues à cbapelel, y produisent quatre ou cinq
récoltes par an; aussi les babilants en sont-ils nombreux, aisés, et très
aecorts, Je les appelois de ¡'autre bord; ils venoi<'nt me cliereber avce leurs
barques; jetoi s bientôt accompagné de tims les enfants, qui m'apportoient
et me vendoicnt des fragments d'antitpiité, et des cornalines brutes: avec
qiudques écus, je faisois nombre de petits heureux, et leurs parents devenoient
mes amis; ils m' invi toient, lue préparoient à déjeùner dans les temples
où je devois venir dessiner; enlin j'étois comme le propriétaire bénévole d'un
j a r d i n , oii tout ce que l'on clierche ailleurs à imi ter étoit là en réalité, islots,
rochers, désert, champs, prés, jardins, bocage, hameaux, bois sombre,
plantes extraordinaires et variées, fleuve, canaux et moulins, ruines sublimes:
lieu d'autant plus enchanté que, comme les jardins d'Armide, il étoit
environné des horreurs de la nalure, de celles de la Thé^aïde enfin, dont le
contraste faisoit sentir le bonheur. Les sens, l'imagination égaleuient en
activité, je n'ai jamais passé d'heures plus délicienseinent oecu|)ces (|ue
celles que j'ai données à lues promenades solitaires dans Kléphantine : cette
Lsle vaut à elle seule tout le territoire de terre ferme (|ui avoisine la ville.
La popidàtion de Syenc est noiubreuse; le commerce se l éduit ccpi-ndant
au séné et aux dattes, ces deux arlicles'payoicnt tous les autres besoins
des habitants, l'entretien d'un kiachef, d'un gouverneur, et d'une garnison
turque; le séné c(ui croît aux environs de Syene est médiocre; on ne le
vend qu'en le mêlant frauduleusement avec celui du désert qu'apportent
les Barabra, et qu'ils vendent à-peu-près la centieme partie de ce que nous le
payons en Europe; il est vrai qu'il est imposé à nombr e de droits avant d'y
arriver, et que c'est un des articles les plus importants de la douane du Caire
et d'Alexandrie. Le second article de l'exportation est celui des dattes ; elles
sont seches et petites, mais si abondantes, qu'outre qu'elles font la nourr
i t u r e principale des habitants, il en descend tous les jours des bateaux
chargés dans la basse Egypte.
Nous apprenions par nos espions que les Mamelouks remontoient le
moins qu'il leur étoit possible au-delà des cataractes, qu'ils ravageoient les
deux rives du Nil qui leur fournissoicnt encore quelques fourrages. Ils
avoient fait veni r de Deir et de Bribes des provisions en farine et en dattes;
mais l'aga qui y réside leur signiûoit que ce secours alloit tarir. Tls occupoient
dix lieues d'espace sur l'une et l'autre rive; leur arriere-garde n'étoit
qu'à quatre lieues de nous, d'où ils savoient tout ce que nous faisions,
comme nous étions instruits de tous leurs mouvements par les mêmes
moyens, et peut-être par les mêmes émissaires, qui fidèlement servoient
les deux partis avec la même exactitude.
Le général Daoust avoit rencontré Assan-bey sur la rive droite, visà-vis
d'Edfu, au moment où il s'approchoit du Nil pour faire de l'eau; le danger
eminent de perdre ses équipages le lit charger avec fureur; l'empressement
des nôtres de s'en emparer, et un peu de mépris qu'ils avoient pris à la
bataille de Samanhout, les firent attaquer avec trop de négligence. Ce
combat de deux cents cavaliers contre deux cents cavaliers fut plutôt une
mêlée qu'une bataille; les deux partis firent preuve d'une valeur vnouie.
T,a charge dura une demi-heure: le champ de bataille resta aux Français;
mais Assan-bey obtint ce qu'il avoit voulu, c'étoit de sauver ses équipages:
il resta trente à quarante morts de notre côté et autant de blessés; il y
eut douze Mamelouks de tués et beaucoup de blessés; Assan le fut à la
jambe; de sorte que personne n'eut à s'applaudir de cette rencontre.
Nous allâmes à la l'ccherche des barques que les Mamelouks avoient
essayé de remonter: notre projet étoit en même temps de voir les cataractes;
nous rencontrâmes à travers les rochers de granit les carrier(!S
d'où l'on détaehoit les blocs qui servoient à faire ces statues colossales qui
ont été l'objet de l'admiration de tant de siecles, et dont les ruines nous
frappent encore d'étonnement ; il semble que l'on ait voulu illustrer les
masses qui les ont produites en laissant sur la place des inscriptions