d . ircfles, qui tapissent de velours v.rd les gerçures du sol à mesure
,jue l'iaondalion sc redre; lorsque, dans les mois de notre hiver, on a som
les veux ce brillant tableau des rieliesses du printemps qui annonce deja
1-aboadance de Tété; il iaui bien dire avec ce voyageur que l'Egypte est
le pays que la nature a le plus miraculeusement organisé, et qu'd ne lu,
manque que des collines ombragées d'où couleroient des ruisseaux, un
gouvernement qui rendroit sa population industrieuse, et lëloignement
des Bédouins, pour en taire le plus beau et le meilleur de tous les pays.
En traversant la riehc contrée que je viens de décrire, ou loetl découvre
vingt villages à la ibis, nous arrivâmes à Dindyra, où nous nous
arrêtâmes pour coucher. La pyramide d'Ililahoun , située à Icntree du
Faïoum, semble de là une forteresse élevée pour la commander. Sero.t-ce
la pyramide de Mendes? Le canal de Bathen, qui y about.t, nest-il pas
le Moeris creusé de mains d'hommes, ainsi que le croient Hérodote et
Diodore? car le lac de Birket-él-K.crun, qui est le Moeris de Strabon
et de Ptolomée, ne peut jamais être regardé que comme louvrage de la
nature. Quelque accoutumés que nous soyons aux travaux gigantesques
des Egvptiens, nous ne pourrions nous persuader qu'ils eussent creuse
un lac "comme celui de Geneve. Tout ee que les historiens et les geo-
.raphes anciens ont dit du lac de Moeris est équivoque et obscur: on vo.t
oidemment que ce qu'ils en ont écrit leur a été dicté par ces colleges de
prêtres, «oujours jaloux de tout ce qui rcgardoit leur pays, et qui auront
jeté d'autant plus lacilement an voile mystérieux sur cette provmce qa el e
etoit écartée de la route ordinaire; et de la sont venus ee lac creuse de
trois cents pieds de profondeur, cette pyramide élevée au md.eu, ce
lameux labyrinthe, ce palai.s des cent chambres, ce palais pour nourrudes
eroeodiies, enlin tout ce qu'il y a de plus fabuleux dans l'histoire des
hommes, et tout ce qui nous reste d'incroyable dans celle de 1 Egypte.
Mais, à l'aspect de ee qui existe, on trouve <iu'effective m e n t .1 y a un
canal qui est celui de Bathen, et qui étoit encore sous Veau de inondation
lorsqu'à plusieurs reprises nbus nous en sommes approches; que
la pvramide d'IIilal.oun peut être celle de Mendes, qui auro.t ete bat.e a
IVxtremhé de ce canal, q«i seroit le Moer.s; que le lac Birket^el-l^erun n est
qu'un dépôt d'eau .,ui a du to,yours exister, et dont le bassin aura ete donne
par le mouvement du sol, entretenu el renouvelé chaque annee de 1 excédent
du débordement qui arrose le Faioum; les eaux en seront devenues
sau.uàtres a l'epoque OÙ le Nil aura cessé de couler par la vallée du aeuve
sans eau, Les preuves de ee système .sont les formes locales, l'existence
du lit d'un fleuve prolongé jusqu'à la mer, ses dépositions el ses incrustations,
la profondciu- du lac, son extension, sa masse appuyée au nord
à une chaîne escarpée, qui court de l'est à l'ouest, el dérive au nord-ouest
pour suivre en s'abaissant jusqu'à la vallée du fleuve sans eau; enfui les
lacs de natron, et, plus que tout cela, la chaîne au nord de la pyramide
qui ferme l'entrée de la vallée, coupée à pie, comme presque toutes les
montagnes dont le courant du Nil s'approche encore aujourd'hui, offrant
aux yeux l'aspect d'un fleuve à sec et de ses destructions {voyez pl. 26,
n" I, tcscarpcmcnt de cette mdie est à dndle de la pyramide ).
Les ruines que l'on trouve près de la ville de Faioum sont sans doute
celles d'Arsinoé: je ne les ai pas vues, non plus que celles qui sont à la
pointe occidentale du lac, près du village de Kasr.Kerun; mais on m'en a
fait voir le plan, et il n'offre que quelques chambres, avec un portiqu<"
décoré de quelques hiéroglyphes.
La pyramide d'IIilahoun, la plus délabrée de toutes les pyramides que
j'aie vues, est aussi celle qui avoit été bâtie avec le moin.s de magnificence;
sa construction est composée de masses de pierres calcaires, (|ui servent
de noyau à un monceau de briques non cuites: cette frêle construction,
plus ancienne peut-être que les pyramides de Memphis, existe cependant
encore {même planche 26, i), tant le climat de l'Egypte est favorable
aux monuments; ce qui seroit dévoré par quelques uns de nos hivers résiste
victorieusement ici au poids destructeur d'une masse de sieeles.
Il est des heures malencontreuses où tous les mouvements que l'on fail
sont suivis d'un danger ou d'un accident. Comme je rcvenois de cette tournée
pour rentrer à Bénésouef, le général me charge d'aller porter un ordre à
la tète de la colonne: je me mets au galop; un soldat qui marchoit hors
des rangs m'entend venir, se tourne à gauche comme je passois à sa droite,
et par ce mouvement me présente sa baïonnette que je n'ai plus le temps
d'éviter, et dont le coup me soulève de ma selle, et le contre-coup jette
le soldat par terre: voilà un savani de moins, dit-il en tombant; car pour
nos soldats en Egypte tout ce qui n'étoit point militaire étoit savant: quel-
,iues piastres que j'avois dans la petite poche de la douhhnr de mon
habit m'avoient senù de bouclier; j'en fus quitte pour un habit décbn-e.
Arrivé à la tête de la colonne, j'y trouve l'aide-de-camp Rapp: nous euons
bien montés, le pas de nos chevaux avoit devancé l'i.iiànterie; c'étoU a la
tombée du j o u r ; j.lus on approche du tropique et moins il y a de crepuscule.
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