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qtic tout ce que les Grecs ont employé d'orncmrnl s cians leur ar chi tec ture,
tous les méandres , les enroulement s , et ce qu'on appelle vulgai rement les
grecques , est ici exécuté avec un goût , une délicatesse exquise. Si une telle
excavation est une seule et même opérat ion, comme la régularité de son
plan sembleroit l' indiquer , c'étoit une grande ent repr ise que la f'abric.ition
d'un tombeau; mais il est à croire qu'il servoit à perpétuité à toute une
famille, à une race ent iere; <[u"on y venoit rendre quelques cultes au mor t s :
car , si l'on n'exit jamai s pensé à rent rer dans ces monument s , à quoi eussent
servi ces décorations si r echer chées , ces inscr ipt ions qu'on n'auroit jamai s
lues, ce faste rxiinenx, secret , et perdu? A diverses époques ou fêtes de
l 'année, chaque fois qu'on y ajoutoit quelques nouvelles sépul tures, il s'y
célébroi t sans doute quelques fonctions funèbres oti la magni f icence des
cérémonies éloit joint e à la splendeur du l ieu; ce tpii est d'autanl plus
probable que les richesses des décorations de l ' intér ieur sont d'un contraste
frappant avec la simplicité de r ext é i i i 'ur , qui est la roche toute
brute, ainsi qu'on peut le remarquer dans la vue que j ' en ai faite. J'en
riouvai une avec un simple salon, qui servoit à une innombrable quant i té
de sépultitres prises en ordre dans les roches ; elle avoic été toute fouillée
pour en ravir de.s momies : j 'y en trouvai encore ijuclques f ragments, comme
du l inge, des mains , des t c t c s , des os épars. Outre ces principales grottes,
il y en a une telle quant i té de petites, que La mcnitagne ent iere est devenue
un corps caverneux et sonore. Plus loin, au sud, on trouve les restes de
grandes car r ieres , dont les cavités sont soutenues par des pilastres; une
partie de ces carrieres a été habi tée par de pieux solitaires; à travers les
rocher s , dans ces vastes retraites, ils joignoi ent à l'austère aspect du désert
celui d'un fleuve qui dans son cours majestueux répandoit l'abondancR
sur ses rives. C'étoit l 'emblème de leur vie; avant leur ret rai te, t roubles ,
richesses, agitat ions; et depuis, calme et joui s sances contemplat ives : la nature
muet te imi toi t le silence auquel ils s'étoient condamnés ; la splendeur
constante et auguste du ciel d'Egypte commande avec sévérité une éternel le
admi rat ion; le réveil du j our n'est point réjoui par les cris de j o i e , les bondissements
des animaux; le chant d'aucxin oiseau ne célébré le retour du
solei l ; l'alouette, ([ui égaie, aniiue nos guéret s , dans ces climats brûlants,
c r i c , appel le, mais ne chante jamai s ni ses amours ni .son bonheur ; la
nature grave et superbe semble n' inspi rer que le sent iment profond d'une
humble reconnoissance ; enfin la grotte du cénobi te semble avoir clé placée
ici par l'ordre et le choix de Dieu même ; tout ce qui devroit animer la
nature partage avec lui sa triste et stupéfaite méditation sur cette Provi
denc e , distr ibutr ice éternelle d'éternels bienfaits.
De petites ni che s , des revètisseme«t.s en stuc, et quelques peintures en
rouge, représentant des c roix, des inscriptions, que j e crus être en langue
c opht e , sont les témoignages et les seuls restes de l'habitation de ces
austères cénobites dans ces austeres cellules. Dans la saison où nous les
vimes, rien n'étoit comparable à la verdure de toutes les teintes qui tapi.ssou
nt les rives du Nil aussi loin que la vue pouvoit s'étendre; entraîné par
la cur iosi té, j'avois tant fait de chemin que j e ne pouvois plus me rend.'c
au quar t ier .
La sorlie d'une grande ville est toujours embarrassante pour une armée.
Le lendemain nous nous mîmes en marche avant le j our : tous nos guides
s'étoient attachés à la même division; e t , laissant errer la nôt re <à l'aventure,
nous passâmes une partie de la mat inée à nous cherel icr avec inquiétude,
et à nous rassembler avec peine. Nous suivions toutes les sinuosités
du canal d'Abou-Assi, <fui est le dernier de la haute Eg%-pte, et aussi considérable
que pourroil l'être un bras du Nil; il partage avec ce fleuve le
diamètre de la vallée, qui dans cette journé e ne me parut pas avoir plus
d'une l ieue, mais cultivée avec plus de soin et d'intelligence que Umt ce
que nous avions vu jusqu'alor s : on y a ti-aeé des chemins qui nous firent
voir qu'avec très peu de frais on en feroit d'excellents et d'éte.nels dans
un climat où il ne pleut ni ne gele. A toutes les demi-lieues nous trouvions
des ci ternes, avec un petit monument hospitalier pour donner à boire au
passant et à son cheval ; j e dessinai un des plus considérables de ces petits
établissements phi lanthropiques , aussi agréables qu'utiles, qui caractérisent
la char ité arabe (voyez hs plnnclu; a ; <-i '5.',, ,f i ) . Vers le milieu de la
journé e , nous nous rapprochâmes du désert, où j e trouvai trois objets nouveaux:
le palmi c i -doun. , qui ressemble par la feuille au palmier -raquette,
que nous connoi s sons , et qui n'a pas , comme le dattier , une seule tige,
mais de huit jusqu'à ( | uinie; son fruit ligneux est attaché par groupe à
l 'ext rémi té des branches pr incipales, d'où par tent les touffes qui forment
le feuillage de l 'arbre; il est de forme triangulaire et de la grosseur d'un
oeuf ; sa premiere enveloppe est spongieuse, el se mange comme le caroidie;
sa saveur est uiielleuse, et approche du goût du pain-d'épice; sous cette enveloppe
est une éeor ce dure, et filandreuse coiume celle du coco, à qui il
re.ssemble plus qu'à tout autre fruit; mais il manque absolument de cette
partie ligneuse et line; sa par t ie gélatineuse est sans saveur: elle devient