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et les vues Vctendue et I'ordonn^ace de cet édifice, sou état aetuel, et son
effet pittores.iue ( . cy. . /es mis planches 38, 3y, 4«, contenant une earte
t o p o g r a p h u j u c , «"9- 4o ; une vue générale, ¡A. 38, i ; d eux vues
p i t t o r e s q u e s , même planche, rf k et 5; un aspect géométral du pomque,
39 „"a; une porte intérieure, même planehe i; des plans et des details
a r c h i i e c t u r a l s , pl. 4o. ) Ces trois planches peuvent donner une idée générale
de la situation de la ville ant ique, de remplaecment qu'elle occupo. t , et de
la situation respective des édifiees„dc leur état actuel, et de la richesse
de leurs détails. Ces monument s étoient situés sur le bor d du désert, sur le
d e r n i e r plateau de k chaîne libyque au pied duquel arrive l 'inondation du
fleuve, à une lieue de son lit.
Rien de plus simple et de mieux calculé que le peu de lignes qui eomposent
cette architecture. Les Egyptiens n'ayant rien emprunté des autres,
ils n'ont ajouté aucun ornement étranger, aucune superiluité à ce qui etoit
dieté par la nécessité : ordonnance et simplicité ont été leurs pnnc.pes;
e t ils ont élevé ces principes jusqu' à la sublimité: pa.-venus a ce point , ils
ont mis une telle importance à ne pas l'altérer, qae, bien qu'ils aient surc
h a r g é leurs édifices de bas-reliefs, d ' inscr ipt ions , de tableaux historiques et
scientifiques, aucune de ces richesses ne coupe une seule ligne; elles sont
respectées; elles semblent sacrées; tout ce qui est o r n eme n t , richesse, somptuosité
de prés, disparoît de loin pour ne laisser voir que le pr incipe, qui est
t o u j o u r s grand et toujours dicté par une raison puissante. Il ne pleul pas
dans ce cl imat ; il n'a donc fallu que des plates-bandes pour couvrir et pour
d o n n e r de l'ombre; dès-lors plus de toits, dcs-lors plus de frontons: le
talus est le principe de la solidité; ils l'ont adopté pour tout ce qui porte,
e s t i m a n t sans doute que la confiance est le premier sentiment que doit
i n s p i r e r l'architecture, et que c'en est une beauté constituante. Chez eux
l'idée de immor tal i t é de Dieu est présentée par l'éternité de son temple;
l e u r s ornements, toujours raisonnés, toujours d'accord, toujours significatifs,
prouvent également des principes surs, un goût fondé sur le vrai,
u n e suite profonde de raisonnements; et quand nous n'aurions pas acquis
la conviction du degré eminent oii ils étoient parvenus dans les sciences
a b s t r a i t e s , leur seule architecture, dans l'état où nous l'avons trouvée, nous
a u r o i t donné Tidéc de l'ancienneté de ce peuple, de sa culture, de son
c a r a c t e r e , de sa gravité.
J e n'aurois point d'expression, comme je l'ai dit, pour rendre tout ce
que j'éprouvai lorscfUe j e fus sous le portique de Tintyra; je crus être,
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j ' é t o i s réellement dans le sanctuaire des arts et des sciences. Que d'époques
se présentèrent à m o n imagination, à la vue d'un tel édifice! que de siecles
il a fallu pour amener une nation créatrice à de pareils résiillats, à ce
degré de perfection et de sublimité dans les arts! combien d'antres siecles
p o u r produire l'oubli de tant de choses, et ramener l'homme sur le même
soi à l'état de nature où nous l'avons trouvé! jamais tant d'espace dans un
seul point; jamais les pas du temps plus prononcés et mieux suivis. Quelle
c o n s t a n t e puissance, quelle richesse, quelle abondance, quelle superfiuité
de moyens dans le gouvernement qui peut faire élever un tel édifice, et
qui trouve dans la nation des hommes capables de le concevoir, de l'exéc
u t e r , de le décorer, de l'enrichir de tout ce qui parle aux yeux et à l'esprit!
j a m a i s d'une maniéré plus rapprochée le travail des hommes ne me les
avoit présentés si anciens et si grands : dans les ruines de Tintyra les
E g y p t i e n s me parurent des géants.
J ' a u r o i s voulu tout dessiner, et je n'osois mettre la main à l'oeuvre; je
sentois que, n e pouvant m'élever à la hauteur de ce que j 'admirois, j'allois
r a p e t i s s e r ce que je voudrois imiter; nulle part je n'avois été environné
d e tant d'objets propres à exalter mou imagination. Ces monuments, qui
i m p r i m o i e n t le respect dû au sanctuaire de la Divinité, étoient les livres
ouverts où la science étoit développée, où la morale étoit dictée, où les
a r t s utiles étoient professés; tout parloit, tout étoit animé, et toujours dans
le même esprit. L'embrasure des portes, les angles, le retour le plus secret,
p r é s c n t o i e n t encore une leçon, un précepte, et tout cela dans une harm
o n i e admirable ; l'ornement le plus léger sur le membre d'architecture
le plus grave déployoit d'une manicie ^•ivante ce que l'astronomie avoit
d e plus abstrait à exprimer. La peinture ajoutoit encore un charme à
la sculpture et à l'architecture, et produisoit tout à la fois une richesse
a g r é a b l e , qui ne nuisoit ni à la simplicité ni à la gravité de l'ensemble. La
p e i n t u r e en Egvpte n'ctoit encore qu'un ornement de plus; suivant toute
a p p a r e n c e , elle u'étoit point un art particulier: la sculpture étoit emblém
a t i q u e , et, pour ainsi dire, architecturale. L'architecture étoit donc l'art
par excellence, dicté par l'utilité; elle pourroit donc à elle seule lever le
d o u t e , sinon sur la primogeniture, au moins sur la supérioté de l'archit
e c t u r e des Egypt iens comparés à celles des Indiens, puisque ne participant
e n rien de celle de ces derniers, elle est devenue le principe de tout ce que
nous avons adiuiré depuis, de tout ce que nous avons cru être exclusivement
de l 'archi tecture, les trois ordres grecs, le dor ique, l'ionique, et le coriutliien.
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