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d'El-Biiramous, de Saim-Ephrem, et de Sainl-Macaire ; cet exact et judicieux
observateur y a (iécrit les besoins de ces moines, leur état de guerre continuelle
avec les Arabes, les malheurs de leur existence, les causes morales
<ini les leur l'ont supporter et perpétuent ces établissements.
Pendant qu'on laisoit halte, je fis, aussi rapidement qu'il me fut possible,
les deux vues n° I et planche et. le plan n'/t, planche T,a TUC n" I
est dessinée du couvent Rouge au couvent Blane, ipii indique l'espace qu'il
y a entre eux, et la situation de ces deux monastères appuyés contre le
désert, et ayant la vue d'une riche campagne arrosée par le canal d'Abon-
Assi; le n" 2 donne l'idée de l'architecture de ces édiiices du qnatriemo
sieele, par conséquent postérieurs de %ingt siècles aux grands monuments
égyptiens, et dont la gravité du style, la corniche et les portes rappellent
absolument le genre de cette premiere architecture; le plan Fait voir de
belles lignes, excepté dans la partie du choeur, on l'on reconnoît la décadence
du bon goût. Nous allâmes bivouacquer à Bonnasse-Boura.
Le 7, nous revînmes sur le Nil, et nous traversàme.s le champ de bataille
où, dans la cierniere guerre des Turcs avec les .Mamelouks, Assan-pacha fut
b a t t u par Mourat-bey, et où ce dernier, avec cinq mille Mamelouks, renversa
et mit en fuite dix-huit mille Turcs et trois mille Mamelouks. Malem-Jacob,
le Cophie, qui nous aceompagnoi t comme intendant des finances, spectateur
et acteur de cette bataille, nous en expliqua les détails; il nous démontroit
avec quelle supériorité de talent Mourat avoit pris ses avantages et en avoit
p r o f i t é : ce même Mourat-bey devoit rugir de colère d'être obligé de repasser
sur le même sol fuyant devant quinze cents hommes d'infanterie. Comme
nous raisonnions sur les vicissitudes de la for tune, entraîn<'s par i'iutérét de
la conversation, nous avions très imprudemment, comme il nous arrivoit
tous les jours, devancé l'année d'une denii-lieue. Je disois en plaisantant
à Desaix qu'il seroit très ridicule de trouver dans l'histoire qu'on lui eût
coupé le cou dans une rencontre de cinq k six Mamelouks, et que pour
mon compte je serois désolé de laisser nia tète derriere quelques buissons,
oil elle seroit oubliée: en ce moment nous dépassions 'Vlinehie; l'adjudant
Clément vint dire au général qu'il y avoit des Mamelouks dans le village:
en effet il en parut deux, puis six, puis dix, puis quatre autres, puis
deux autres, puis des équipages; ils allèrent se mettre à une portée de
fusil, et nous observoient: rét.'ograder eut été se faire enlever; le pays étoil
couvert: Desaix prit le parti de faire bonne contenance, de paroî ire prendre
des dispositions; il avoit quatre fusiliers, qu'il plaçoit allernativement sur
tous les points, a.in de les multiplier par leurs mouvements: nous mimes
quelques fosses entre les Mamelouks et nous; nous gagnâmes du temps;
n o t r e avant-garde parut enfin, et ils se retirèrent. On vint nous dire que
Mourat nous attendoit devant Girgé; nous entendîmes de grands cris, nous
vîmes selever des nuages de poussiere; Desaix crut avoir obtenu la bataille
après laquelle nous courions depuis quator^e jours: je fus envoyé
pour faire avancer la colonne d'infanterie; j 'appercus, en passant au galop,
u n revel.ssement antique sur le bord du Nil, et des rampes à gradins desrendant
dans deux bassins: étoient-ce les ruines de Ptolémaïs.^.. On tira un
coup de canon pour faire rejoindre la cavalerie qui avoit cottché à une
i.eue de nous; après une dcmi-heure, nous nous trouvâmes en état de
defense ou d'attaque: nous marchâmes en bataille .sur le rassemblement,
qu. se dissipa; les Mamelouks eux-mêmes disparurent, et nous arrivâmes
à Girge sans avoir joint les ennemis.
Assis près de son bureau, la carte devant lui, l'impitoyable lecteur dit
au pauvre voyageur, harassé, poursuivi, affamé, en buUe à toutes les miseres
de la guerre, Il me faut ici Aphroditopolis, Crocodilopolis, PtoIcmaiV
qu'avez-vous fait de ces villes.^ qu'êtcs-vous allé faire là, si vous ne pouvez
men rendre compte? n'aviez-vous pas un cheval pour vous porter, une
armée pour vous protéger, un interprete pour questionner? n'avez-vous
pas pensé que je vous honorerois de ma confiance? = A la bonne heure;
mais veuillez bien, Icctenr, songer que nous soiumes entourés d'Arabes!
de Mamelouks, et que très probablement ils m'auroiem enlevé, pillé, tué
si je m'étois avisé d'aller à cent pas de la colonne vous chercher quelque!
briques d'Ap h r ( KI ¡ t op ol i s.
Ce quai revêtu, que j'ai vu en passant au galop à Minchie, c'étoit Ptolémaïs;
il n'en reste rien autre chose.
Encore un peu de patience, et nous irons en.scmble fouler un sol tout
neuf pour les recherches, voir ce qu'Hérodote même n'a décrit que sur
des récits mensongers, ce que les voyageurs modernes n'ont pu dessiner
et mesurer qu'avec toute sorte d'anxiété, sans oser perdre le Nil et leur
barque de vue: en effet ces malheureux voyageurs, rançonnés tour-à-tour et
sous toute sorte de prétextes par les reís, par leur interprete, pa.' tous les
cheikhs, kiachefs et pachas, abandonnés des leurs, volés des autres, suspects
comme sorciers, tourmentés pour les trésors qu'ils devoient avoir trouvés
ou pour ceux qu'ils alloient chercher, obligés en dessinant d'avoir un oeil
sur tous ceux qui les environnoient, et qui étoient toujours près de se