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T o u i o . r s curieux d'observer les n^oyeas les honn. e s emploiem pour
commander à lopiniou, J'avois regretté de ne m'être pas trouve a Rosea
la procession de la f.te d'IbrAhym, où les convuls.ons des psy les son
pour le peuple la partie la plus intéressante de cette fonct.on rehg.euse.
,our me délommager ie m'adressai au chef de la secte, et.n conc.e^e
L roU-l ou auherge des Francs; je le flattai : il me prom,t de me r .
spectateur de l'exaltation d'un psylle annuel il anro.
L express.ons. H crut dans ma cnriosité reconnoitre un proseyte, et
. . proposa de m'miùer: J'acceptai; mais ayant appris que dans la ce.-e-
. o m e I réception le .r.nd-mai tre crachoit dans la h o u c ^ du ^ o ^ ^
cette-circoostance refroidit ma vocation, et je sent,s ,u<-lle ne rcs.stc o.t
r ; cette épreuve; je donnai de l'argent au concierge et le . rar^d-^. .
L e promu de me taire voir un inspiré. Effectivement le momcn, ar.na
•.e chef de la secte me v.nt trouver avec tout le sér.eux de sa suprcmaU ,
, etoit vétu d'une longue robe, dont la magnificence éto.t re evee ^.r
dépenaillement des trois Initiés qui l'aceompa^^noient, et qu. n avo.ent que
cTuelques haillons sur le coqiS.
Ils avoien, apporté des serpents; .Is les sortirent d'un grand sac d cun
ou ils les tenoiei t , et les firent se dresser et siffler en les
arguai que la lumrerc étoit principalement ce qui canso.t ^ - r n-rr a on
• car dés qu'<m les remettoit dans le sac leur colere cessoU, et ds ne chuchoient
plus à mordre; ils avoient cela de particulier <,u'au-dessous de
1 téte dans la longueur de si . pouces, la colere d.latoit leur peau de
l a r g e u ; de la main ( yW»- , )• Je vis par^rtement qu
n e eraignois pas plus la u.orsure des serpents qne les psylles; car ayant
r e m a V / c o m m e n t en les attaquant d'une ma.n, ils les sa,s.so.en
. l e l'autre tout auprès de la tète, j'en fis, à leur grand scandale, tout
u nt qu'eux, et sans danger. On passa de ce jeu au grand myste. . un
L psvl es prit un des serpents à qui il avoit d'avance ron.pn la machone
: ériJure, et don. il ratissa encore les gencives jusqu'à l'amputauon to aie
p a l . s ; cela fait, U l 'empoigna avec IVfectation de ^^^^^^^^^
p r o L a du chef, qui, avec celle de la gravité, h a accorda le souffle, c st
ire qu'après quelques paroles mystérieuses i. lui souffla dans a bouebe;
L n/l'aut'e, saisi d'une sa.n.e convulsion, les bras et les jambes
n s p e s , les yeux hors de la tête, se mit à déchirer Vannua avec les
den s; t ses deux aeolythes, touchés de ce qu'il paroissort souffnr, le re
I n avec peine, lur arracherent de la main le serpent, qud ne voulo,,
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pas leur abandonner; dés qu'il en fut séparé il resta comme stupide: le
chef s'approcha de lui, marmotta quelques mots, reprit l'espril par aspir
a t i o n , et il redevint dans son état naturel; mais celui qui s'étoit saisi
du serpent, tourmenté de l'ardeur de consommer le mystère, vint aussi
demander le souffle, et comme il ctoit plus vigoureux que le premier,
ses cris et ses convulsions furent encore plus forts et plus ridicules. Je
me crus assez initié; et cette grossiere jonglerie finit,
Cette secte des psylles remonte dans ces contrées à la phis haute antiquité;
elle existoit particulièrement dans la Cyrénaïque; le dieu Knuphis,
ou l'architecte de l'univers, scion Strabon et Eusebe, étoit adoré à Eléphantine
sons la figyre d'un serpent. Depuis le serpent d'Eden jusqu'à
celui d'Acbmin, dont nous parle Savary, ce reptile jouit d'une célébrité
n o n interrompue; après avoir été la tentation de notre premiere mere, on
lui fît lâcher la pomme, se mordre la queue, et il fut l'emblème de l'étern
i t é ; on le fil monter le long d'un bâton, et il devint le dieu de la santé;
les Egyptiens en attacheront deux autour d'un globe, pour représenter peutêtre
l'équilibre du système du monde; les Indiens le mirent à la main de
toutes leurs divinités: nous en avons fait la justice, nous en iivons fait la
prudence: le serpent d'airain chez les Hébreux; celui d'EIerme et le serpent
Python chez les Grecs; et tout récemment le dévirgineur Karridi chez les
Mu-sulmans, etc.: et cependant tant d'illustrations n'ont rien changé au
principe de modestie de ce sage animal; il continue de chercher l'obscnr
i t é , il fuit l'éclat, et il n'éleve sa tête qu'à la moitié de sa grandeur. Pourquoi
donc cette célébrité? pourquoi ce culte imanimement accordé à ce
reptile.' Il a suivi le précepte de l'Ecriture, Humilic-toi, et tu seras élevé;
il a rampé, et il est parvenu. On peut voir {planche iio, n" i , et pi. loi,
n" 5 ) l'espece de serpent dont on se sert pour toutes les jongleries dont
je viens de parler; voyez aussi l'explication des planches au uiéme num('ro.
Les chameaux sont les charrettes du Caire; ils y apportent toutes les
provisions, et en reuiportent les ordures: les chevaux de selle y tiennent
lieu de voitures, et les ânes de fiacres; on en trouve dans toutes les rues
de tout bridés, et toujours prêts à partir, Cet animal, sérieux en Europe,
toujours plus triste à mesure qu'il s'approche du nord, est en Egypte dans
le climat qui lui est propre; aussi semble-t-il y jouir de la plénitude de
son existence: sain, agih- et gai, c'est la plus douce et la plus sûre monture
qu'on puisse avoir; il va tout naturellement l'amble ou le galop, et, sans
fatiguer son cavalier, hii fait traverser rapidement les longs espaces qu'il