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 a n . i q u c ;  le  reste  des  cuHodtés  est  gravé  dans  la  description  da  cabinet  de  
 Malle,  ou  dans  celle  que  j 'en  ai  donnée  dans  le  Voyage  pittoresque  d'Italie.  
 On  avoit  lrot.W  dt-p^«  q^'^l'l^^«  sé p u l t u r e  près  la  c.tc,  dans  
 u n  lieu  appelé  Earbaceo  (  >'orcz  même  planche,  5  )•  
 Le  quatrième  jour,  le  général  nous  donna  «n  souper  0«  furent  admis  
 les  membres  des  autorités  nouvellement  consUtuées.  Ils  virent  avec  autant  
 d e  surprise  que  d'admiration  l'éléganee  martiale  de  nos  généraux,  cette  
 assemblée  d'officiers  rayonnant s  de  santé,  de  vio,  de  gloire,  et  d'esperance;  
 ils  furent  frappés  de  la  physionomie  imposante  du  général  en  chef,  dont  
 l ' e x p r e s s i o n  agrandissoit  la  stature.  •  .  .  r  
 Le  mouvement  qui  avoit  régné  dans  la  ville  à  not r e  arrivée  avo.t  fait  fermer  
 les  cafés  et  autres  lieux  publies  :  les  bourgeois,  encore  étonnés  des  e.  en 
 e m e n t s ,  se  tenoiont  clos  dans  leurs  maisons;  nos  soldats,  la  tête  echauttee  
 par  le  soleil  et  par  le  vin,  avoient  épouvanté  les  babilanls,  qui  avoicnt  
 f e r m é  leurs  boutiques  et  eaebé  leurs  femmes.  Cette  belle  ville,  où  nous  ne  
 vovions  que  nous,  nous  parut  triste;  ces  forts,  ees  châteaux,  ees  bastions,  
 ce¡  formidables  fortifications,  qui  sembloient  dire  à  l'armée  que  nen  ne  
 nouvoit  plus  l'arrêter  et  qu'elle  n'avoit  plus  qu'à  marcher  à  la  victoire,  la  
 f i r e n t  retourner  avec  plaisir  à  bord.  I-e  vent  s'opposoit  cependant  à  notre  
 s o r l i e ;  j'en  profitai  pour  faire  les  trois  vues  de  l'intérieur  du  port,  
 pUmchc,  n"  4 ,  5  et  6).  
 La  journée  du  3o  se  passa  à  courir  des  bordées  devant  le  port.  
 T.e  matin-du  i"  messidor  le  général  sortit,  laissant  dans  l'isle  quatre  
 m i l l e  bommes  de  t roupe s ,  commandés  par  le  général  Vaubois,  deux  officiers  
 d e  géni e  ef  d'artillerie,  un  commissaire  civil,  et  enfin  tous  ceux  qm,  pousses  
 pnr  une  inquiete  curiosité,  s'étoient  embarqués  sans  trop  de  réllex.on,  
 .,ui  par  une  suite  de  leur  inconstance  ou  de  leur  inconséquence,  s'etoient  
 dégoûtés  sur  la  route,  et  qui,  fatigués  des  inconvénients  inséparables  des  
 vovages,  les  eomptoient  au  nombre  des  injustices,  qu'à  les  en  croire,  on  
 l e u r  faisoit  éprouver.  J'en  ai  vu  qui,  peu  touchés  des  beautés  de  Malte,  
 de  la  commodité  de  ses  ports,  de  l'avantage  de  sa  situation,  trouvoient  
 r i d i c u l e  qu'un  rocher  sous  le  climat  de  l'Afrique  ne  fût  pas  aussi  verd  que  
 l a  vallée  de  Montmorency:  comme  si  chaque  contrée  n'avoit  pas  reçu  .les  
 dons  particuliers  de  la  nature!  Voyager  n'esl-ce  pas  en  jouir?  et  ne  les  
 d é t r n i t - o n  pas  en  cherchant  à  les  comparer?  
 Si  l'aspect  de  Malte  est  aride,  peut-on  voir  sans  admiration  que  la  plus  
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 p e t i t e  colline  qui  recele  quelque  peu  de  terre  soit  toujours  un  jardin  
 aussi  délicieux  qu'abondant,  où  l'on  pourroit  acclimater  toutes  les  plantes  
 d e  l'Asie  et  de  l'Afrique?  Celte  espece  de  premiere  serre-eliaude  pourroit  
 servir  à  en  alimenter  une  autre  à  Toulon,  et,  par  degré,  en  amener  
 les  productions  jusqu'à  Pai'is,  sans  leur  avoir  fait  éprouver  les  secousses  
 t r o p  vives  qu'occasionne  l'extrême  différence  des  climats  ;  peut-être  y  nai 
 n r a l i s e r o i t - o n  une  grande  partie  des  plantes  exotiques  que  nous  faisons  
 venir  à  grands  frais  chaque  année  dans  nos  serres,  qui  y  languisseni  la  
 seconde  année,  et  y  périssent  la  troisième.  Les  expériences  déjà  faites  
 sur  les  animaux  me  semblent  venir  à  l'appui  de  ce  système  de  graduat 
 i o n .  
 T o u t e  la  journée  du  i''  messidor  fut  employée  à  rassembler  l'armée,  
 l'escadre  légère,  et  les  convois.  Vers  les  six  heures  on  signala  de  se  mettre  
 e n  ordre  de  marche:  le  nioiivement  fut  général  dans  tous  les  sens,  et  produisit  
 la  confusion,  
 Obligés  de  céder  le  passage  à  XAmiral,  nous  nous  apperçùmes  un  peu  
 t a r d  que  la  frégate  la  Léobcn  venoil  sur  nous  :  l'ofiicier  de  quart  2>rét 
 e n d o i t  (|ue  la  ¡.éobcn  avoit  tort,  et  s'en  tint  strictement  à  la  tactique;  le  
 c a p i t a i n e ,  plus  occupé  de  sauver  la  frégate  contre  la  regie  que  de  donner  
 u n  tor t  ¿1 la  Léobcn,  ordonna  une  maiioeiivre;  rofiieier  en  ordonna  une  aulrc:  
 il  y  eut  un  moment  d'inertie;  il  ne  fut  plus  temps  d'opérer.  Je  conçus  
 n o t r e  danger  à  la  contraction  de  toute  la  personne  de  notre  capitaine;  
 Nous  aborderons!  nous  allons  aborder!  nous  abordons!  furent  les  trois  
 mots  prononcés  consécutivement;  et  le  temps  de  les  prononcer  celui  qu'il  
 f a l l o i t  pour  décider  de  notre  sort.  Les  bâtiments  s'approchent,  les  agrès  
 s ' e n g a g e n t ,  se  déchirent;  une  demi-manoeuvre  de  la  Léubea  nous  fait  prés 
 e n t e r  son  flanc,  et  le  choc  est  amorti  par  des  roues  de  trains  d'artillerie  
 a t t a c h é e s  contre  son  bordage;  elles  sont  fracassées:  les  cris  de  quatre  cents  
 p e r s o n n e s ,  les  bras  étendus  vers  le  ciel,  me  font  croire  un  instant  que  la  
 Jjcobcn  est  la  victime  de  ce  premier  choc;  nous  voulons  faire  un  mouvement  
 pour  éviter  ou  diminuer  le  second,  nous  trouvons  à  tribord  XArténiisc.  
 qui  nous  arrivoit  dans  le  sens  contraire,  et,  en  avant,  la  proue  d'un  vaisseau  
 de  72,  que  nous  n'eûmes  pas  le  temps  de  reconnoitre.  L'effroi  fut  à  
 son  comble;  nous  étions  devenus  un  point  où  tous  les  dangers  se  conc 
 e n t r o i e n t  à  la  fois.  Le  second  mouvement  de  la  Léoben  nous  présentoit  la  
 p a r t i e  de  l'avant;  sa  vergue  de  misene  entra  sur  notre  pont.  Cet  incident,