rivos de la Saône, les piüoivsque.s bords dn Ilhóm'. ([uc, sans jouir de ce
•in'ils posscdeiU, les Iionniies vont clierchor bien loin des aliments ît lenr
insatiable ctiriosité. J'avois \u la Neva, j'avois MI le Tibre, j'allois chercher
le Nil; et eependanl je navois pas tronvé en Ilnlie de plus belles antiquités
(lu'à Nîmes, Orange, Beanoairc, S.-Rcmi, et Aix. Je cite cette dcrniere ville,
purce<jue nons y restâmes in>e h eur e , et que j e m'y baignai dans une chambre
et dans «ne baigmiire oi), depui s le proconsul Sexlas,on n'avoit rien changé
i|uc le robinet.
Nous perdîmes un jour à Marseille : nous en partîmes le a4 floréal an 6,
pour 'l'ouloa; cl, le a5, j'étois en mer sur la frégate />i Junan, destinée avec
deux autres frégales à éelaircr la rcmte, cl former lavant-garde.
Le vent étoit eonlniire; la sortie i'iU difficile: nous abordâmes deux
autres bâtiments; pronostic fâcheux: nu Romain seroit rentre; mais ce
Romain auroit eu tort, car le hasard, qui nous sert presque toujours mieux
que nons ne nous servons nous-uièmes, en ne me laissant rien taire comme
j e voulois, en me condnisant aveuglénient à tout ce que je voulois faire,
me mît ilés ce moment aux avant-postes, que je ne devois pas quitter de
toute rex2)édition.
Le 26, nous tic fímes que des bordées.
Le 27, vers le soir, nons découvrîmes quatre voiles; elles manoeuvroicnL
sous notre vent en ordre de bataille: on ordonna le branlebas;
le brantrbasl mot terrible dont on ne ))eut se l'aire idée, quand on n'a
pas été en mer: silence, terrcui-, appareil de carnage, appareil de ses
suites, plus funestes que le carnage même, tout est là sons les yeux réuni
sur nu même point ; la manoeuvre et les caiions sont les seuls objets de
la sollicitude, et les hommes ne sont plus qu'accessoires. I.a nuit vint, et
Qon pas la tran(piilHté ; nous la passâmes à notre poste. Au jour, nous
n'avions rien perdu de l'avantage des vents : nons ne pouvions juger si
c'étoient des vaisseaux-ou des frégates; ils étoicnt quatre, et nous trois;
tous nos bas-agrès étoient euibarrassés de trains d'artillerie: dans l'aprèsmidi
ta commandante mnis ordonna de la suivre en ordre de bataille,
et assura son pavillon d'un coup de canon : les bâtiments inconnus arborèrent
pavillon espagnol, l.a nuit arrÎAoit, on nous laissa coucher: à
trois heures du matin on nous éveilla avec l'onh-e de se préparer au
combat.
J e netois pas fâché de commencer une expédition ])ar qneh(ue chose
de brillant ; mais j'avois bien quelque peur d'échanger le ¡Nil contre la
Tamise. Nous n'étions plus qu'à une portée de canon, lorsque la commandante
envoya un canot, qui, après une heure, nous rapporta que nous
avions également inquiété quatre frégates espagnoles, qui ne venoient pas
plus qïie nons chercher l'ennemi.
Le 3o, à la pointe du jour, le vent passa au nord-ouest: la flotte et le
convoi se mirent en mouvement, et à midi la mer en fut couverte. Quel
spectacle imposant ! jamais pompe nationale ne peut donner une plus
grande idée de la splendeur de la France, de sa force, de ses moyens; et
petit-on sans la plus vive admiration songer à la facilité, à la promptitude
avec laquelle fut préparée cette grande et mémorable expédition! On vit
accourir avec enthousiasme dans les ports des milliers d'individus de toutes
les classes de la société. Presque tous ignoroient quelle étoit leur destination
: ils quittoient femmes, enfants, amis, fortune, pour suivre Bonaparte,
et par cela seul que Bonaparte devoit les conduire.
Le i" prairial, YOricnc sortit enfin du port, et nous connnençâmes à
marcher par un bon vent; chaque bâtiment prit ses positions en ordre
de marche. Nous nous mîmes en avant; ensuite venoît le général avec ses
avisos et les vaisseaux de ligne; le convoi suivoit la còte entre les isles
d'Hieres et du Levant: le soir, le vent fraîchit; le Franck!in fut diimâté de
son hunier d'artimon; deux frégates de notre division furent envoyées
pour avertir le convoi de Gènes qui devoit nous joindre; et, le 3 prairial
au matin, nous nous trouvâmes par le travers de la Corse à la hauteur
de S.-Florent, voyant cette partie de l'isle comme elle est représentée
figure premiere, planche premiere de l'Atlas,
Nous dirigions sur le cap Corse, qui termine cette premiere figure,
marchant à l'est, abandonnant à notre gauche Gènes et le rivage ligurien.
Notre ligne militaire avoit une lieue d'étendue, et le demi-cercle que
formoit le convoi en avoit tout au moins six. Je comptai cent soixante
bâtiments, sans pouvoir tout compter.
Le 4; matin, nous avions dépassé le cap Corse; le convoi flloit en
bon ordre; nos vaisseaux étoicnt par le travers du cap Corse et de l'isle
Capraya. J'en dessinai le détroit ( figure 2 ).
Le convoi qui étoit resté sous le vent du cap ne put le doubler de la
j o u r n é e , et nous restâmes à l'attendre sur le cap même, à une lieue de
la terre. Je fis un dessin du cap («" 3).
Le 5, au matin, la division légere se trouva par le travers de la còte
orientale de la Corse, vis-à-vis de Bastia, dont je distinguai fort bien la