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liioroglyphifiucs qui en font pciU-ètro mcmoire. T-'opi'-ralion par laquelle
oil drtaolioit ci's blors flovoit étro ia menje que <-<-llc que l'on emploie
d e nos jours, c'est-à-dire que l'on préparoit une fonte, et que l'on faisoit
é c l a t e r la masse par iine sjiite de coins frapi>és tons à la fois, l.cs arrêtes
do ces preiniores opérations sont conservées si vives dans cette matière inalt
é r a b l e , qu'il st-uil)lo encore que les travaux n'en ont été suspendus que
d ' h i e r . J'en fis u n d<-s.sin (n" 08, p/. a). La qualité de ce granit est si dure
e t si compacte, que les rochers qui se trouvent dans le courant, au lieu
d e .se défirader en se décomposant, ont acquis du lustre par le frottement
d e l'eau. I>o plus beau granit, le plus abondant , est le granit rose; le gris est
souvent trop micacé: entre ces blocs on trouve des reines do quartz très
l i r i l l a n t , des couches d'une pierre rouge qui tient de la nature et de la
d u r e t é des porjjliyres, et d'autres lits de cette ])ieri'c noire et dure, que
nous avons prise long-temps pour du basalte, et que les Egyptiens ont
souvent employée pour leurs statues de moyenne giandeur.
A une lieue et demie au-delà des carrieres les rochers se Tnultiplient, et
f o r m e n t une barre, où nous trouvâmes les barques des Mamelouks fixées
e n t r e les rochers jusqu'à la prenuero crue du fleuve; les paysans des environs
en avoieni pris les agrès et les provisions. Nous quittâmes là le
petit bateau dans lequel nous étions venus, et, remontant à pied un quartd
' b e u r e , nous vîmes ce qu'on est convenu d'appeler la c<Hnrnct<'. Ce n'est
q u ' u n brisant du fleuve qui s'écoule à travers les roches, ên formant dans
quelques endroits des cascades de quelques pouces de hauteur; elles sont
si peu sensibles qu'on pourroit à peine les exprimer dans un dessin: j'en
fis seulemenl deux de la barre où finit la navigat ion, afin de détruire l'idée,
q u ' o n s'est faite de la chiite de ces fameu-ses cataractes ( jwj c : p L fxj, n" i 3);
a u reste, elles feroient un beau ta])Ieau en les peignant avec la couleur
qui les caractérise. Ces montagnes, toutes héris.sées d'aspérités noires et
aiguës, sont réfléchies d'une maniéré .sombre dans le miroir des eaux du
fleuve, contraint et rétréci par nombre de pointes de granit qui le part
a g e n t en déchirant sa surface, et le sillonnent de longues traces blanches;
ces formes et ces coideurs austeres sont contrastées par le verd tendre dos
groupes de palmiers jetés çà et là à travers les rochers et la voûte azurée
d u plus beau ciel du monde: ce tableau bien fait auroit le singulier avantage
d'offrir tout à la fois l'imago <l'ime natur e vraie et tout-ù-fait nouvelle.
Lorsque l'on a passé les cataractes, les rochers s'élevent, et à leurs soumu-ts
s'amoncelent des blocs de granit, qui semblent pyrnmider et s'é([uilibrei-
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pour produire des effets pittoresques. C'est à travers cette nature âpre et
austere que l'on découvre tout-à-coup les superbes monuments de l'isle
de Philée, qui forment un brillant contraste et une des plus merveilleuses
surprises qu'un voyageur puisse éprouver. Le Nil fait un détour
comme pour venir chercher et enceindrc cette isle enchantée, où les
m o n u m e n t s ne sont séparés que par quelques bouquets de palmiers, ou
des rochers, qui ne semblent conservés que pour grouper les riches.ses de
la nature avec les magniflcenccs de l'art, et faire un faisceau de tout ce
qu'elles peuvent rassembler de plus pittoresque et de plus imposant. L'enthousiasme
qu'éprouve à tout moment le voyageur à la vue des monuments
de la haute Egj'pte peut paroître au lecteur une perpétuelle emphase,
u n e monotone exagération, et n'est cependant que la naïve expression
d u sentiment qu'impose la sublimité de leur caractere; c'est la défiance
q u e j'ai de l'insuffisance de mes dessins pour donner l'idée de ce grand
c a r a c t e r e , qui fait que je cherche, par mes expressions, à rendre à ces
édifices le degré de surprise qu'ils inspirent, et celui d'admiration qui leur
est du.
Il n' y avoit point d'habitants sur la terre forme, ils avoient même quitté
P h i l é e , et .s'étoient retirés sur une seconde isle p lus grande, où ils faisoicnt
des cris de sauvage, que l'on nous assura être des cris de frayeur; nous fimcs
ce que nous pûmes pour leur persuader de nous envoyer une barque qui
étoit aprouée à leur bord; nous ne pûmes rien en obtenir. Au reste,
comme cette branche du Nil est étroite, cela ne m'empêcha pas de faire
des vues de l'isle sous les trois aspects qu'elle pouvoit nous offrir {voyez
planche 71, i, 2, 3 ; yV. 72, h" 2; pl. 63,
Nous revînmes fort contents de notre journée; mais cet appercu ne me
paroissoit pas suffisant pour des objets d'antiquité aussi importants, pour
des monuments aussi considérables, aussi conservés, et dont les détails
dévoient être si intéressants.
Quelques jour s après nous apprîmes que les Mamelouks de la rive droite
venoient fourrager jusqu' à deux lieues de nous; nous nous mimes en devoir
de les repousser; nous partîmes avec quatre cents hommes, et nous avançâmes
sur PhUéc par la route de terre à travers le désert: ce que cette
r o u t e a de particulier, c'est qu'on voit qu'elle a été tracée, relevée en
chaussée, et très pratiquée autrefois; cet espace étoit le seul eu Egypte
où un grand ebcmin fût d'une absolue nécessité; le Nil cessant d'être praticable
à cause des catai-aetes, toutes les marchandises du commerce de