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rade et le port : jVn fis le dessin («"6). La ville .ne parut jolie, et le territoire
d'un aspect moins sauvage que le reste de l'islc : j'en fis un dessin
( h ' 4 ) . I/isle d'Elbe est »m rocher de fer, dont les mines cristallisées offrent
toutes les couleurs du prisme. Ce rocher est partagé en trois souverainetés :
la seigneurie et les mines sont au prince de Piombino; à gauclic, Porto-
Ferraio appartient au firand-duc de Toscane ; à droite, Porto-Lougone est au
roi de Naples (i).
Je fis aussi le dessin de la partie sud-ouest de Capraya {n" 5), qui n'est
de ce côté qu'un rocher escarpé inabordable. Il appartient aux Génois,
qui y ont un château et un mouillage à la partie orientale.
A 5 heures, nous avions à l'est l'isle Pianose, qui n'est qu'un plateau
d'une lieue d'étendue; elle ne s'élève qu'à quelques pieds au-dessus de la
surface de la mer; ce qui en fait un écueil très dangereux de nnit pour
tout pilote qui ne connoît pas ces parages; elle est entre l'Elbe et Monte-
Christo, rocher inculte, abandonné aux chevres sauvages ( uorez n" 7 ) .
K l'ouest de cette isle, le vent nous manquoit, et notre pesant convoi ne
cbetuinoit plus.
Quand le calme s'établit, l'oisiveté développe toutes les passions des habitants
d'un vaisseau, fait naître tous les besoins superflus, et les querelles
pour se les procurer. Les soldats vouloient manger le double, et se plaignoient;
les plus avides vendoient leurs effets ou en laisoient des loteries;
d'autres, encore plus pressés de jouir, jouoient, et perdoient plus en un
quart-d'heure qu'ils ne pouvoient payer en toute leur vie : après l'argent
venoient les montres; j'en ai vu six ou huit sur un coup de dés. Lorsque
la nuit faisoit treve à ces jouissances violentes, un mauvais violon, un phis
mauvais chanteur, charmoient sur le pont un nombreux auditoire : un peu
plus loin, un conteur énergique attachoit l'attention d'un grouppe de soldais,
toujours prêts à s'emporter contre celui qui auroit troublé le récit
des prodiges de valeur et des aventures merveilleuses de Tranche-Montagne;
car le héros étoit toujours un soldat; ce qui rendoït toutes les aventures
aussi probables qu'intéressantes pour les auditeurs.
Cependant nos provisions diminuoient, et nous restions toujours sur les
mêmes parages.
Le 6, nous étions encore par le travers du Monte-Christo, et de la rive
( I ) Daprè'^ le dernier traité de paix avec Naples, la possession de l'îsle est assurée à la
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orientale de la Corse. Je fis la vue de cette dernicre (/("S). Cette partie
de l'isle me parut la plus riante et la mieux cultivée.
Le 7 , au point du jour, nous nous trouvâmes devant les bouches de
Bonifacio (^voyez n° 9). Notre convoi étant rassemblé, nous eussions fait
bonne route, si on n'avoit pas été obligé de mettre en panne pour attendre
les divisions d'Ajaccio et de Givi ta-Vecchia. T- a Dinne et un aviso leur avoient
été dépéchés; nous avions reçu l'ordre de croiser en avant, de questionner
et de reconnoitre les bâtiments.
Le 8 , au matin, nous avions perdu toute terre de vue. T. a journée du 9
se passa dans tme parfaite stagnation. Le calme d'une croisiere en mer ressemble
au sommeil que procure l'opium dans l'ardeur de la fievre; le mal
a été suspendu, mais on n'a rien gagné sur la maladie.
1 ; C 1 0 , on nous laissa marcher. Le convoi d'Ajaccio nous avoit joints, et
l'on n'attcndoit plus celui de Civita-Vecchia; nous avions [)crdu de vue la
Corse, et nous nous trouvions vis-à-vis de l'isle de Talara ( voyez pl. 2 , n° i ) .
La Sardaigne n'est pas aussi élevée que la Corse : ces deux isles l'une
au bout de l'autre paroisscnt une prolongation de la chaîne des Alpes
qui aboutit au golfe de Gcucs, ainsi que la chaîne de l'Apennin, celle des
Vosges, et toutes les autres chaînes secondaires, qui ne sont que des diramations
divergentes du même noyau. A midi, on nous signala un ordre
par écrit : nous avions tellement besoin d'événements que ce fut une féte
bord; cet ordre étoit de marcher sur Cagliari, et de revenir à Porto-
Vecchio; si l'ennemi supérieur en forces nous y avoit prévenus.
Le II et le 12, nous ne pinnes profiter du veni, la flotte n'ayant fait
que des bordées: le soir, la Badine nous rejoignit, nous apportant l'espoir
presque certain de trouver la mer libre ii la pointe de Cagliari. Le soir,
je dessinai cette pointe.
Jusqu'au 1 6 il n'y eut rien de nouveau. Nos provisions s'achevoient; notre
eau fétide ne pouvoit plus être chauffée; les animaux utiles disparoissoient,
et ceux <[ui nous mangeoient cciituploient.
IA- i", nous reçûmes l'ordre d'une nouvelle formation; ce qui nous fit
penser ([ue décidément nous nous mettions en marche, et <pie nous allions
faire canal. T.a Diane marchoit en avant : nous passions ses signaux à
VJ¡veste, (jui les transmettoit au Spartiate, de là à WiquHon, et enfin à
\Amimi. Vers les 8 heures nous lions trouvâmes dans l'ordre <|ue je viens
de décrire. En cas que la Diane eha.ssât un vaisseau ennemi, les cinq
bâtiments de la flotte légere devoient forcer de voiles pour les rejoindre.