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les révère p«hli<,u.nK.nt. H y «voit un «rbro de g.nre à Chcndaouych,
et o'étoit le danger quil avoit couru qui avoit excW la ninicur: j'allai le
voir et je fus frappé de sa décrépitude; il n'y avoit plus qu'une de ses
branehcs qui portât des feuilles, toutes les autres, desséchées et rompues,
étoient scrupuleusement conservées à l'endi-oit où en se détachaai du tronc
elles étoient tombées sur le sol: j'examinai cet arbre avec attention; j'y
trouvai des cheveux attachés avec des clous, des dents, de petits sacs de
cuir, de petits étendards, et tout près des tombeaux, des pierres isolées,
un siege en forme de selle, sous lequel étoit une grosse lampe. Les cheveux
avoient été cloués par des femmes pour fixer l'inconstance de leurs maris:
les dents appartenoient à des adultes, qui les consacrent pour implorer le
retour des secondes; et de tous les miracles c'est le plus ordinaire, car ,1s
possèdent les plus belles et les u.eilleures dents: les pierres sont votives,
afin que la maison que l'on va fabriquer soit toujours habitée par celui
qui va la bâtir; le siege est le lieu où se met celui qui adresse son voeu
de nuit, après avoir allumé la lampe qui est dessous; cérémonie à laquelle
j'aurois voulu assister pour en faire une vue avec l'effet mystérieux de la
nuit. Voyez cet arbre tel <iuc je l'ai 25, on peut voir aussi
(pianr/w 101, 7 ) une figure de ces santons, et deux autres de ceux qui
sont nus (/;/• ^o, on peut voir aussi, à l'article des tètes {pl. 107,
les figures particulières de ces êtres, parmi lesquels il y en a qui
sont du plus grand raractere, qui tiennent plutôt à l'élévati«m de l'histoire
qu'aux formes triviales et avilies qui accompagnent d'ordinaire la misere
et l'habitude de la mendicité.
A Chendaoïiyéh, nous bivouaequâiues dans un bois de palmiers, où pour
la premiere fois je trouvai du gazon en Egypte, A peine nous étions enveloppés
dans nos manteaux, une fusillade nous remit debout; nous pa.ssâmes
la nuit à faire la ronde des postes, et à chercher vainement ce .jui nous
avoit donné cette alerte: je iis un dessin de ce bivouac pittoresque ( wy vi
pl. 28, O- T'i' lendemain, nous arrivâmes à Bénésouef.
Desaix avoit été chargé de poursuivre Mourat^bey, et de faire la cot^quête
de la haute Egvpte, où ce dernier s'étoit réfugié après la bataille des pyramides;
le même, jour la division Desaix étoi. allée prendre position en
avant du Caire; et lui n'étoit venu dans cette ville que pour prendre les
ordres du général en chef, et concerter ses mouvements avec les siens:
il en étoit parti le 8 fructidor avec une flottille qui devoil cortvoyer sa'
marche.
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Informé qu'une partie des provisions et munitions des Mamelouks étoit
sur des bateaux à Rechuésé, Desaix avoit, malgré l'inondation, marché pour
les enlever; et la vingt-unieme légère, ayant traversé huit canaux et le lac
Bathen avec de l'eau jusque sous les bras, avoit atteint le convoi à Bénéseh,
chassé les Mamelouks qui devoient le défendre, et s'en étoit emparée.
Mourat avoit fui dans le Faïoum; Desaix avoit rejoint sa division à Abougirgé,
avoit marché sur Tarout-él-Clierif, où il avoit pris position à l'entrée du
canal Jusef, pour assurer ses communications avec le Calire. Arrivé à Siouth,
où les Mamelouks n'avoient osé l'attendre, il avoit essayé de les joindre à
Bénéadi, où ils s'étoient retirés avec leurs femmes et leurs équipages ; les
ayant enfin tous rassemblés dans le Faïoum, il étoit reparti de Siouth pour
descendre à Tarout-èl-Cherif; il y avoit embarqué son armée, lui avoit fait
remonter le canal de Jusef, malgré les obstacles inouis qu'offroient les sinuosités
de ce canal, malgré les attaques des Mamelouks, et les oppositions
des habitants, étonnés de se voir obligés de servir au succès d'opérations
qu'ils avoient regardées d'abord comme impossibles. Desaix arriva cependant
à la hauteur de Manzoura, sur le bord du désert, où il joignit enfin Mourat;
ne pouvant effectuer son débarquement sous le feu de l'ennemi, il fit virer
de bord pour revenir à Minkia; les Mamelouks, encouragés par cette contremarche,
harcellent les barques; des compagnies de grenadiers les chassent
et les dispersent: le débarquement s'effectue, les troupes se forment en
bataillons quavrés; on reprend le chemin du désert, accompagné des barques,
jus.pie vis-à-vis de Maivzoura. Mourat-bey étoit à deux lieues; tandis
que son arriere-garde nous harcelle, il gagne les hauteurs, où on le voit
se déployer avec toute la magnificence orientale. Avec des lunettes on put
distinguer sa personne toute resplendissante d'or et de pierreries; il étoit
entouré de tous les 'beys et kiachefs qu'il coinmandoit. On marche droit
à lui; et cette brillante cavalerie, toujours incertaine dans ses opérations,
canonnée par deux de nos pieces, les seules qui eussent pu suivre, s'arrête,
se replie, et se laisse chasser jusqu'à Elbelamon. En la suivant, on
s'étoit éloigné des barques; nous manquions de vivres, il fallut rétrograder
pour venir chercher du biscuit: l'ennemi croit que nous fuyons; il nous
attaque avec des cris qui ressemblent à des Imilements: nos canons en
éloignent la masse; mais les plus déterminés viennent avec leurs sabres
braver notre mousqueterie, et enlever deux hommes jusque sous nos baïonnettes;
la nuit seule nous délivre de leur obstination. On regagne les
barques, on se charge de biscuit, et après avoir pris quelque repos on se
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