arrachements de ses substructions, et par ce qui reste du mur qui enecint
les deux pieces (jui restent debout, ipi'il y avoit une galerie extérieure
tout à l'entour du temple. Des fouilles faites récemment par Assan-bey
ont mis à découvert des substructions qui font voir que cet édifice se
prolongeoit en avant du porliquc; sa ruine consiste en huit colonnes à
chapiteaux évasés, tous variés dans l'ornement qui les décore, tels que
la vigne, le lierre, la feuille de palmier et son régime. Des briques énormes
et parfaitement faites .annoncent que les édifices qui environnoient ce temple
avoient été soignes. Etoit-ce Aphrodilopolis, que Strabon place à-peu-près
ici, ce qui me paroîtroit trop près de T.atopolis, qui est Esnè.^ d'ailleurs, les
décombres qui restent ont si peu d'extension, qu'on peut croire que tout
ce qui avoit été bâti autour de ce monument en dépendoit. Aucune eminence,
un sol dur, mi, désert, balayé par le vent, ne laissent même pas
soupçonner qu'il ait existé d'autre édifice; rien d'am.si facile cependant
que de reconnoitre les emplacements qui ont clé occupés par une population
plus ou moins nombreuse: on poun'oit donc croire qu'il y .avoit en
Egypte des couvents, des sanctuaires, des especes de chapelles isolées près
des villes; comme clicz nous, les madones, les saints, les grottes miraculeuses,
où le zele religieux étoit r.avivé par le silence et le mystère. I.c
petit temple près Chnubis, celui que l'on trouve encore .à la rive droite
vis-à-vis d'Estiè, sont d'autres exemples de l'existence de ces especes de
temples; les hiéroglyphes qui couvrent ce qui reste des murs extéiicurs et
l'intérieur du portique de celui-ci sont d'un style mes([uin et d'une exécution
molle; il y a quelques ligures astronomiques dans le plafond du portique,
assez grossièrement exécutées, m.ais qui attestent que les parties exlérieures
de ces temples étoieiit cons.acrées à l'astronomie, à l'histoire du ciel et
des temps, et à celle des époques données par le mouvement des astres.
On nous avoit dit qu'à l'ouest d'Esnè un couvent copthe renfei'moit des
choses men-eilleuses; j'y courus: un sol arrosé du sang de nombre de martyrs
est devenu un sanctuaire révéré de toute la catholicité éi>yptienne,
dont le zele infatigable répare chaque jour à grands fi-ais les dévastations
faites par les Mamelouks chaque fois qu'ils ont à j)unii- les clii'étiens des
retards du paiement de letirs impositions. Toute cette immense fabrique
se ressent des diverses époques de ces dévastations, et de l'im péri tie de ceux
qui les réparent. An moment où j'y allai, on achcvoit des restaurations
immenses occasionnées par la rage des bevs au luoment où ils avoieni
été obligés de quitter Esnè; l'argent nécessaire à cette opération cmpb)yé
à cet usage dans le temps de crise où nous étions encore fut ce qui me
parut le plus merveilleux, et ce qui peut donner une idée de l'enthousiasme
et des ressources de cette secte qui affecte un extérieur si humble et si
pauvre.
J'allai prendre congé du portique d'Esnè, du fragment le plus pur de
l'arcbitectui-e égyptienne, et, j'ose le dire, d'un des monuments les plus
parfaits de l'antiquité {vojcz planche 54, « "3) ; je dcssin.ii les variétés
de ses cliapite.aux {voyez pl. SQ), et une partie des signes de son plafond
{voyez pl. ii4, I jusqu'il i3); j e cherchai avec soin, et fus surpris de n'y
trouver aucune représentation du poisson latus, dont la ville poi toit le nom.
Nous partîmes le 20 k la pointe du jour; nous passâmes devant Asfun, à
deux lieues et demie d'Esnè: ce village est élevé sur de vastes décombres; il
paroit plus naturel d'y chercher les ruines d'Aphrodilopolis, Asphinis ou Asphunisj
qnedcles trouver dans celles du temple que je viens de décrire. Ce que
Strabon dit de cette ville convient davantage à l 'éloignement de Latopol is, et
l'afiinité du nom d'Asfun a Asphunis, affinité dont il y a nombre d'exem2>les
Egypte, me feroit encore pencher pour cette opinion; au reste Sofinis,
à une demi-licue plus loin, a au.ssi ses éminenccs, mais moins considérables:
ces deux villages sont dépourvus de monuments. Quelques fouilles
découvriront peut-être un jour auquel des deux appartient l'honneur
d'avoir été la ville de Vénus. Après avoir marche tout le jour au soleil,
nous ariivâmes rôtis .à llermontis; la chaleur de l'aii- étoit devenue moins
étouffante, mais les rayons du soleil n'étoient pas moins brûlants: on
peut dire cepend.ant que l'époque de la croissance du Nil, où soufflent
les vents du nord, est celle où la chaleur de l'été en Egypte cesse d'être
insupport.able : il suffit de se garder des rayons du soleil pendant six heures,
c'est-à-dire depuis neuf heures jusqu'à trois; le reste du jour l'air est léger,
et les nuits sont transparentes et fraîches; m.ais l'objet de notre voyage
avoit été une recoinioissance des can.aux et l'établissement de l'organisation
des tr.avaux de la campagne, par conséquent nous étions obligés de voyager
aux heures les plus brillantes du jour pour y trouver les travailleurs. Plusieurs
des nôtres moururent de chaud dans cette traversée : rien n'est
affreux comme celte mort; on est surpris tout-à-coup d'un mal de coeur,
et aucuns secours ne peuvent prévenir des défaillances qui se succedent, et
dans lesquelles expirent les malheureux qtii en sont atteints: des chevaux
même éprouvèrent le même sort,
Nous vimcs avec quelque satisfaction que l'espoii' de joui r des friiits de