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f a i s i o . . hake oa vint nous dire q . c k s Mamelouk, en étoient aux mains
avec nos avant-gardes: ou fait des nouvelle, à Paris d'un quavt.er a lautre,
o u en fait aussi dans une division de l'avant-garde au grand eorps; ma»s
comme a l'armée il nest jan.ais permis de les rejeter quand elles sont
possibles, celle-ci pressa notre marel.e : nous ne trouvâmes pomt enn
e m i , et vînmes eoucher prés du village de Benachie, dans un joh bois
d e palmiers.
Le à la pointe du jour , nous nous mîmes en route avec le constant
espoir de joindr e l'ennemi; nous apprîmes qui l avoit marché toute la nuU:
r a r t i l l e r i e appesantissoit notre marche, y mct toi t à chaque instant de pet.ts
obstacles; les Mamelouks n'en n'avoicnt point, et ils avoicnt encore pour
e u x le désert, au milieu duquel ils délioient notre ardeur: nous tentâmes
d e nous y enfoncer; bientôt nos chevaux de traits furent sur les dents;
nous arrivâmes par eettc route à ISenesech, oi. h eur eus ement pour moi on
l'ut obligé de l'aire halte.
Benesech fut bâti sur les ruines de l'antique Oxyrinchus, eap.tale du
t r e n t e - t r o i s i e m e nome ou province de l'Egypte; ¡1 n e reste de son anc.enne
existence que quelques tronçons de colonnes en pierre, des colonnes en
m a r b r e dans les mosquées, et enfi n une colonne debout, avec son ehap.teau
e t une partie de son entablement, qui annoncent q-ie ce fragment la.so.t
1-an.le d'un portique d'ordre composite. U désir de dessiner, sur-tout depuis
que j 'en trouvois rarement l'occasion, m'avoit fait prendr e les devant s :
ce n'étoit pas sans quelque danger que j'étois arrivé seul une demi-heure
avant la division; mais rester après eût été plus périlleux encore: je n'eus
d o n c que le temps de parcouri r à cheval et de faire une vue de ce tns t c pays,
e t de dessiner la seule.colonne debout qui soit restée de son ancienne splend
e u r f pi 3i, I ^e ce point on apperçoit un monument sortir
des mains de la nature et du temps, qui, au lieu d'exciter l'admiration
e t la reeonnoissancc, porte dans Tame un scnliment mélancolique; Oxyrinchus,
autrefois capitale, entourée d'une plaine fertile, éloignée de deux
lieues de la chaîne libvque, a disparu sous le sable; l'ancien Benesech,
au-delà d'Oxyrinehus, a disparu aussi sous le sable; la nouvelle vdle.est
obligée de fuir ce fléau en lui abandonnant chaque jour quelques habit
a t i o n s , et finira par aller se retranche, au-delà <lu canal Juseph, au bord
d u q u e l il vient encore la menacer. Ce beau canal semble vous offrir ses
rives fleuries pour consoler vos yeux des horreurs du désert; du deserl.
n om terrible ù qui l'a vu une fois, horizon sans bornçs, dont l'espace vous
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oppresse, dont la surface ne vous présente si elle est unie qu'une tâche
p é n i b l e à parcourir , où la colline ne vous cache ou ne vous découvre (|ue
la décrépitude et la décomposi t ion, où le silence de la non-existenee regne
seul sur l'immensité. C'est pour cela sans doute que les Turcs vont y placer
l e u r s tombeaux; des tombeaux dans le désert, c'est la mort et le néant.
Fatigué de dessiner, j e aie livrois, me croyant seid, à toute la mélancolie
que m'inspiroit ce tableau, lorsque j 'apperçus Desiùx dans la luéme attitude
que moi, pénétré des mêmes sensations:
Mou ami, me dit-il, ceci n'est-il point une erreur de la nature? rien n'y
reçoit la vie; tout semble être là pour attrister ou épouvanter; il .seml)lc
que la Providence, après avoir pourvu abondamment les trois autres parties
d u monde, a manqué tout-à-coup d'un élément lor.squ'elle voulut fabriquer
celle-ci, et que, ne sachant plus comment faire, elle l'abandonna sans l'achever,
= ^'est-ce pas bien plutôt, lui dis-je, la décrépitude de la partie du
m o n d e la plus anciennement habitée? ne seroit-ee pas l'abus qu'en auroienl
f a i t les hommes qui l'a réduit en cet ctaiP Dans ce désert il y a des vallées,
des bois pétrifiés; il y a donc eu des rivieres, des forêts; ces deruieres
a u r o n t été détruites; dès-lors plus de rosée, plus de broiiillai'ds, plus de
| ) l u i e , plus de riviere, plus de vie, plus rien.
Nous trouvâmes dans les mosquées de Benesech une quantii«' de
colonnes de différents marbres, qui sont sans doute les dépouilles de
l ' a n t i q u e Oxyrtnehus, mais qui n'avoient point appartenu au temps des
Egyptiens.
Nous nous remîmes en chemin eu suivant le canal, qui dans cette partie
ressemble à la Marne: après une lieue, nous \imes une explosion considér
a b l e dont nous n'entendîmes pas le bruit; nous pensâmes que c'étoit im
s i g n a l ; ce ne fut ((ue le surlendemain que nous sûmes que c'étoit une
p a r t i e de la poudre des Mamelouks qui avoit pris feu; un quart-d'heure
après, nous nous saisîmes d'un convoi de huit cents moutons, que je crois
bien qu'on fit semblant de croire h'ur appartenir; enfin il consola notre
t r o u p e des fatigues de cette grande journée, Nous arrivâmes à Klsack trop
t a rd pour pouvoir sauver ce village du pillage; en un quart-d'heure il ne
r e s t a rien dans les maisons, rien dans l'exactitude du mot; les habitants
arabes s'étoient sauvés dans les champs; on leur dit de revenir; ils répond
i r e n t froidement : Qu' i r ions-nous chercher chez nous ; ces champs déserts ne
sont-ils pas pour nous comme nos maisons? Nous n'avions rien à répondre
à cette phrase laconique.
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