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plans, quelques élévations, à dessiner les portes; il ue reste aucun gond
ni battants de ces portes qui renfermoient des mystères dont les prêtres
ctoient si jaloux, qui renfermoient peut-être aussi les trésors de l'état, cachés
avec le même soin, car ces sanctuaires ressembloient à des cofires-forts
par leur double enceinte précédée de tant de portes, ces chambres consacrées
à une nuit éternelle, ce mystere répandu sur le culte, aussi obscur
que les temples; ces initiations, si difficiles à obtenir, auxquelles jamais
un étranger ne pouvoit être admis, dont on u'avoit de notions que sur des
rapports mystiques: ce gouTeraemcnt et cette religion qui perdit toute sa
force et tout son empire dès que Can.byse en eut violé les sanctuaires,
renversé les divinités, et enlevé les trésors; tout annonce que ces temples
contenoient, pour ainsi dire, l'esscncc de tout, que tout en émanoit.
Mes recherches, mes observations, et mes travaux, furent arrêtés par
l'empressement du eheikb du village à débarrasser le pays de notre présence;
dès le premier jour, il étoit allé porter sa contribution: le général
rappela les traupes; et mon expédition fut terminée.
Je pris encore, en m'en allant, une vue générale du site de Tentyra, du
groupe de monuments qui dominent les ruines de la v i l l e , et des montagnes
qui s'élèvent derrière ( voyez pl. 38, i )• J'avois pris aussi copie
d'une inscription sculptée en beaux et grands caracteres grecs, placée, ainsi
que celle de Kous, sur les listels de droite et de gauche du couromiement
d'une des portes de circonvallation, au sud du grand temple: voici l'inscription,
sauf quelques erreurs produites par des lettres dégradées:
TnEPATTOKlATOPSKAIÏAP0S®EOTriOTiIOÎEAEr„. : : : PASPOTEPUIOnAIOTOKTAlOTHrEMONOÏKAl
MAPKOTKAialOTnOÏTOMOTEnVÏTPATHrOrm-inKOïïTPATHrOTfJTOÏOIAnOTHÏMHtPOnOAEnï
: ; ^xNC>MOTIonPOnTA0NIIueEAIMErCTHlKA!TOI2STNNOISP9tO12IETOTÏ»AKAI2APOIOnT®ïE»AÎTHI
Voici la même inscription avec les mots séparés, et les lettres restituées
par les personnes que j'ai consultées, et la traduct ion qu'ils en ont faite;
j e donnerai les éclaircissements qu'elles m'ont fournis à l'explication des
jilanches, article A[>ollimpolis Parva, planche 80:
THEP ATTOKPATOPOÎ KAISAPOÎ ©EOT TIOT AIOÏ EAETeEPlOT SQTHMAÏ K)T Etll nOHAIOT OKTAOTIÛT HrEMONOI KAI
MAPKOT KAflilOT nonOTMOT EnlïTPATlirOT TPT+nNOÏ ÏTPATHrOTNTOÏ 01 AHO THÏ MHTPOnOAEOÏ
lEPnSANEKNOMOTTOnPOnTAONIIIilOEAIMEnîTHIKAITOISÏTNtJAOIîeEOISETOTÏ AA KAIIAPOÏ ©«Te SEBAÏTHI
POUR lA cnSSEnVATtON DE LEMPF.IÍEÜR CRSAR, DIEU, Kir,S DK a'PlTER AUTECR DK NOTRE LIBERTÉi
LORSQUE PUBLIUS OCTAVIUS ETAST COUVERiECR, MARCUS CLAUDIUS POSTilUMUS, COMMANDANT (lESKRAL
ET TRYPHON COMMANDANT P.VHTICULIER DES TROUPfcS, LES ESVOÏliS UE LA METR.)P0LE CüXSACtlUlEMT,
RN VERTU DUNE LOI, I.E PROPYLEE AISIS, TStS RRASUE DLESSE, ET AUX DIEtX HONORES DANSCEMtME fEMl'r.E:
ES L'AN XXXI DE CÉ5AK, LE COLLEGE DES PRtlRE.« A I.TMPERAl RICE.
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Il y a une autre inscription sur le listel de la corniche du grand temple,
mais je n'ai jamais pu en distinguer assez bien les caractères pour pouvoir
les copier; ce peu de caractères grecs au milieu de ces innombrables inscriptions
(-gyptiennes paroit extraordinaire et contrastant.
Quelqiies jours après mon retour de Tynt i ra on envoya la cavalerie
au-de%ant d'un payeur qui rapportoit sa caisse d'Esné à Kéné; j'en profitai
pour aller visiter Keft ou Copthos, devant lequel j'avois passe trois fois
sans qu'il m'eût été possible de le traverser ni mcnie d'en approcher.
J'ignorois si cette ville, celebre par ses malheiu-s au temps des persécutions
de Dioclétien, possédoit quelques vestiges d'une existence plus antique.
Je fus frappé, en y entrant, de la conservation de ses divers monuments; la
partie antique est encore dans l'état où l'a laissée l'embrasement qui termina
le long siege qui la détruisit dans le troisième siede; à cette antique
enceinte, qui a été abandonnée, a succédé une ville arabe, avec une circonvallation
en b r ique non cuite, au-delà de laquel le, tirant toujours à
l'ouest, on a bati Keft, village existant encore. Copthos étoit-il Io nom
antique de cette ville:' <-t les Copthes ont-ils pris leur nom de Copthos où
leur zele les avoit rassemblés, et leur avoit fait soutenir un siege si opiniâtre
et si désastreux lors de la persécution de Dioclétien? Au reste on distingue
évidemment les différentes ruines de deux temples de la haute antiquité,
et ceux d'une église catholique, où le goût et l'art se faisoient sans doute
moins remarquer que la magnificence et la richesse des matériaux employés
à la construire : les fragments de colonnes et de pilastres en porphyre
et en granit répandus sur un emplacement immense attestent l'opulence
et le luxe de ces premiers croyants; mais les sculptures des frises doriques,
dont on voit encore quelques restes, prouvent que l'art à cette époque ne
faisoit qu'appauvrir la somptuosi té des matières les plus précieuses; tous
ces monuments, réduits à quelques a.ssises au-dessus du sol, restent .sans
forme, et ne purent nie fournir un dessin.
J'avois souvent ouï i)arler du kamsin, que l'on peut nommer l'ouragan
de l'Egypte et du désert; il est aussi terrible par le spectacle qu'il présente
(jue par ses résultats. Nous étions déjà à-pcu-près à la moitié de la saison
où il se manifeste, lorsque, le 28 Roréal au soir, j e me sentis comme anéanti
par une chaleur étouffante; la fluctuation de l'air me paroissoit suspendue.
Au moment où j'allois me baigner pour remédier à cette sensation pénible,
je fus frappé, à mon arrivée sur le bord du Nil, du spectacle d'une nature
nouvelle: c'étoient une lumiere et des couleurs que je n'avois point encore