q u e l q u e s parties assez avantageusement disposées; le pacha y étoil logé,
o u plutôt ouformé; la seule piece remarquable de son quartier est la salle
d u divan on s'rtssembloient les beys, et qui a été souvent le lieu des scenes
s a n g l . i n t e s de ce gouvernement orageux. On y voit aussi le pui t s de Joseph,
t a i l l é dans le roc à deux cents soixante-neuf pieds de profondeur: Norden
e n a donné tous les détails. Le palais de Joseph, dont je viens de faire
m e n t i o n , est d'une belle concept ion dans son plan: j e n'ai p u voir sans une
espeee d'admiration l'emploi que les architectes arabes ont su faire des
f r a g m e n t s antiques qu'ils ont fait entrer dans leur construction, et avec
q u e l l e adresse ils y ont mêlé quelquefois des ornements de leur goût.
A présent que les Ti ires ne trouvent plus sous leurs mains de colonnes de
l ' a n c i e n n e Egypt e , qu'ils c o n t i n u e n t d'élever des mosqué e s sans d émol i r celles
qui s'écroulent, ils chargent les Francs de leur faire veni r des colonnes à la
d o u z a i n e : ceux-ci les achetcnt de toute g randeur à Carare; arrivées, les archit
e c t e s musulmans les garni.ssent de cercles de fer à leur astragale, et leur
font porter les arcs des por t iques des mosqiiées. Les o rnement s sarrasins qui
c o m m e n c e n t au départ de ces colonnes d'un style grec mesquin en composent
u n mélange d'archi tecture du goût le p lus détestable qu'on puisse imat
j i n e r : leur s minarets et leur s tombeaux sont les seules fabriques où ils aient
c o n s e r v é le style arabe dans toute son intégrité; si l'on n'y retrouve pas ce
(|ui doit être la beaut<' de l'architecture, la rassurante solidité, du moins on
V voi t avec plaisir des o rnement s qui font r ichesse, sans offrir de pesanteur,
et une elegance si bien combinée, qu'elle n e rappelle jamai s l'idée de la séc
h e r e s s e et de la maigreur. Le cimetiere des Mamelouks en est im exemple:
en sortant des masures du Caire, on est tout étonné de voir une autre ville
t o u t e de marbre blanc, où des édifices, élevés sur des colonnes couronnées
d e dômes, ou de palanquins peints, sculptés et dores, forment un ensemble
g r a c i e u x et riant; il ne manque que des arbres à celte retraite funèbr e pour
e n faire un lieu de délices: entin il semble que les Turcs qui bannissent
la gaieté de par-tout veuillent encore l'enterrer avec eux {l'oycz pl. aS,
n° 2 ).
J ' é t o i s au moment d'achever le dessin de ce sanctuaire de la mor t , si ridic
u l e m e n t festonné, lorsque j'entendis des cris; je crus d'abord «pu: c'étoil
u n enterreiuent qui, scion l'usage, étoit suivi par des pleureuses à gages;
mais j e vis bientôt (|u'au lieu de se lamenter ces femmes fuyoicnt, et me
f a i s o i e n t .signe de les suivre: l'idée du iléau du pays me vint à l'e.spril:
mais découvrant un grand espace, et ne voyant point d'Ai-abes ni rien
qui pût y ressembler, je me remis à dessiner. A peine assis, je vis fuir
les hommes aussi; et me trouvant isolé assei loin de nos postes, je pensai
qu'il étoit plus prudent de m'en rapprocher: je trouvai quelque agitation
dans les rues, de la surprise dans les regards de ceux qui me lîxoieut,
Arrivé à la maison, j'apprends qu'il y a du bruit dans la ville, que le comm
a n d a n t vient d'être assassiné; des fu.sillades se font entendre: le palais
d e l'institut, attenant à la campagne, situé au milieu de grands jardins
o ù l'on jouissoit d'une tranquillité délicieuse en temps de paix, dans
les cire o n stai ice s fâcheuses devenoit un quartier abandonné, et le premier
a t t a q u é par les Arabes, s'ils étoient appelés par les gens du pays, ou s'ils
v e u o i e n t pour leur compte; du côté de la ville, il étoit voisin de la partie
d u peuple la plus pauvre, et conséquemment la plus à craindre. Nous
a p p r î m e s (pie la maison du général Caffarelli venoit d'être pillée, (jue plusieurs
personnes de la commission des arts y avoient péri: nous fîmes la
revue de ceux qui m a n q u o i e n t i)armi nous; quatre étoient absents; une
h e u r e après nous sûmes par nos gens qu'ils avoient été massacrés. Nous
71'avions point de nouvelles de Bonaparte; la nuit arrivoil; les fusillades
é t o i e n t partielles; les cris s'entendoient de toutes parts; tout annonçoit un
soulèvement général. Le général Dumas, revenant de poursuivre les Arabes,
avoit fait un grand carnage des rebelles en rentrant dans la ville; il avoit
coupé la téte d'un chef des séditieux pendant qu'il haranguoit le peuple;
mais toute une moitié de la ville et la plus populeuse s'étoit barricadée;
p l u s de quatre mille habitants étoient retranchés dans une mosquée; deux
compagnies de grenadiers avoient été repoussées, et le canon n'avoit pu
p é n é t r e r dans les rues étroites et tortueuses; les pierres, les lances trouv
o i e n t leur victime sans ([u'on vil d'ennemis : le général nous envoya un
d é t a c h e m e n t qu'il fut obligé de nous retirer à minui t ; ce qui exagéra pour
l ' i n s t i t u t le danger de sa situation. T.a nuit fut assez calme, car les Turcs
n ' a i m e n t point à se battre quand il fail noir, et se font un cas de conscience
de tuer leurs emiemis dès que le soleil est couché: par un autre
p r i n c i p e , moi, ayant toujours pensé que, dans les cas périlleux, dès ([ue
la prévoyance est inutile elle n'est plus qu'ime vaine inquiétude, et me
liant sur la terreur des autres pour cire éveillé en cas d'alerte, j'allai
me coucher. Le lendemain la guen-e recommença avec les premiers rayons
d u jour: on nous envoya des fusils; tous les savants se mirent .sous les
a r m e s : on nomma des chefs; chacun avoit son plan, mais personne ne
croYoit devoir obéir. Dolomieu, Cordier, Belisle, Saint-Simon, cl moi , nous