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près l'enibouchurc d'un grand canal; aucune autre ruine n'accompagne
ce fragment : deux escaliers qui viennent <1 l a rencontre l'iiii de l'autre
a n n o n c e n t cependant (lue cc n'est pas simplement pour résister au fleuve
qu'avoit été construit ce quai; les escaliers qui servoient à y descendre
é t o i e n t d'un usage journal ier qui suppose la présence antique d'une ville,
o u tout un moins d'habitations dont on a perdu le nom et la mémoire:
j ' e n fis le dessin {VOJTZ pl. 62, N'A). Nous repassâmes sur les ruines
d ' I l i é r a c o p o l l s , dont j'ai déjà parlé (voj-ezpl. 54 bis, i f - i ) , et nous vînmes
coucher à quatre lieues d'Etfu: nous nous remimes en route à une heure
d u matin, et arrivâmes à Esnc le a3 germinal, rendus de fatigue. Je me
b e r r o i s de l'espoir d'obtenir quelques jours de repos; mais nous apprîmes
à n o t r e arrivée que le reste des Mekkains unis à <iuel(iues Mame l o u k s avoient
marché sur Girgé; que, prévenus et battus <à B a r d i s , ils n'en avoient tenu
c o m p t e , et étoient venus à Girgé pour piller le hazard, où une partie avoit
é t é cernée et battue de nouveau, et que cependant le peu de eeux qui restoient
é toient encore à c raindre, parcequ' i l s ameutoient des fanat iques : nous
uous remîmes donc en route pour retourner occuper les bouches du désert.
îious employâmes toute une nuit à passer le fleuve : l o r s q u e nous nous
• mîmes en route, le soleil étoit élevé et déjà brûlant ; nous fîmes halte sous
l ' a r d e u r de ses rayons, et vînmes ensuite coucher à Salamié. Le lendemain,
après quelques heures de marche, j'apperçus pour la quatrième fois les
restes de Thebes : j 'en ils une vue dans une situation d'où l'on pouvoit
découvrir à la fois toutes les ruines de l'un et de l'autre côté du fleuve,
depuis K-arnak jusqu'à Medinet-a-Bou, c'est-à-dire l'espace de six milles
( voyez planche 48, if i ). H reste cependant encore hors de cette vue
u n e ruine au nord-est, au village de Guedime, ii trois quarts de lieue
e n arriéré, ce qui donne a Thcbes plus de deux lieues et demie de traversée
, occupées par des monuments : nous nous arrêtâmes cette fois à
K a r n a k ; ce <|ui fut une premiere bonne fortiine pour moi. Ne pouvant à
moi seul lever le plan ni faire de grandes vues de celte masse de ruines,
qui au premier aspect ressemble à un chantier de eariieres, ou plutôt à
des montagnes entassées, mon projet fut d'employer les deux heures tjue
nous devions y passer a dessiner les bas-reliefs historiques, prendre et
d o n n e r une idée de cette sculpture primitive, du style et de la composition
des tableaux de ce temps, et de l'état de cet art, à une époque si reculée,
qu'il est possible que c'en soient là les plus anciennes productions.
J e dessinai les fragments les plus conservés ( voyez plarcchc ),
uii Pharaon, Menmon, Ossimaiidue, peut-être Sésostris combat tant seul sur
u n char; il poursuit des nations lointaines portani bai-bc et de loiigucs
tunitj^ues; il les culbute dans un marais; i! les oblige à se réfugier dans
une forteresse. Dans le fragment //" r , il renverSe le chef, déjà atteint d'une
fleche: il r amene les capt i fs: il les présent e enchaînés aïix trois divin
i t é s de la protection desquelles il tient sans doute la victoire; car il est à
r e m a r q u e r (pie, dans toutes les actions ci-dessus, ses armes ont toujours été
accompagnées et protégées par un ou deux éperviers emblématiques. Les
divinités auxquelles il fait ses offrandes sont celles de l'aboudance, sous la
figure d 'un Priape, tenant de sa ma i n droite u n fléau; e 'étoi t à ce dieu qu'étoit
consacré le templ e de Ka rnak, le plus grand de Thobes, un des plus anciens
e t des plus grands qui aient jamais été construits, A prendre depuis le
s a n c t u a i r e jusqu'aux murs de circonvallation, ce dieu est présenté de la
maniéré la moins équivoque par le trait qui le caractérise, J'aurois voulu
aussi dessiner le bas-relief, représentant un navire condui t par des nautonn
i e r s ; mais il est trop rainé, et manque de tout ce qui pourroit éclaircir
le sens qu'il renferme, La joui'uée s'avançoit, et iu)us n'avions encore l ien
mangé : : les voyageurs ne sont pas comme les héros de romans, ils sentent
quelquefois le besoin de se restaurer: le soleil nous gagna; il fut ré.solu
que nous coucherions à Karnak. Je me remis bien vite à l'ouvrage, je
p a r c o u r u s les ruines; j e me convainquis qu'il fandroit hui t jours ])our lever
u n plan un peu satisfaisant de ces groupes d'édifices enceint s dans la même
c i r c o n v a l l a t i o n . Je m'en tins donc encore à la petite image sans mesure
que j'en avois faite à l'autre voyage, pensant qu'à l'aide de (pielques lignes
j e ferois encore mieux concevoir quelle est la forme de cet édifice, qu'en
e n donnant une longue description ( ?w)V3 pi gS, n° 2).
Je n'ai pu mesurer à la toise quelle poiivoit être la surface de ce groupe
d'édifiees, 7iiais, a plusieurs reprises, en suivant à cheval les traces de son
e n c e i n t e , j'ai toujours mis vingt-cinq minutes, allant au trot, pour en
f a i r e le tour. Cette circonvallation étoit ouverte par six portes qui existent
e n c o r e , dont trois étoient précédées d'avenues de sphinxs; elle contenoit
n o n seulement le grand temple, mais trois autres absolument distincts,
ayant tous leurs portes, leurs portiques, leurs cours, leurs avenues, et leur
c n c e h i t c partieidiere. Etoient-ce des temples? étoient-ee des palais? les
souverains logeoient-ils sous les portiques des temples? ou leurs palais
étoieut-ils semlilables à ces édiliees? ou enfin n'oceupoicnt-i ls que des maisons
d ' u n e construction qui n'a pu résister au temps? ce qu'il y a de certain