• l i ,
( 2 8 )
des grands rie la ville et des membres de l'ancien gouvernement; il en
recevoit le serment de fidélité: il dit au sehérif Koraim : Je vous ai pris
les armes à la main, je poiirrois vous traiter en prisonnier; mais vous avez
montré du courage; et, comme je le crois inséparable de l'honneur, je
vous rends vos armes, et pense c,ue vous serez aussi lidele à la republique
que vous l'avez été à un mauvais gouvernement. Je remarquai dans la
physionomie de cet homme spirituel une dissimulation ébranlée et non
yaiiieue par la généreuse loyauté du général en chef: il n e connoissoit pas
encore nos moyens, et ne savoit pas assez si tout ce qui s'étoit passé n'étoit
pas un eoup de main; mais quand il vit 3o mille hommes et des trains d'artillerie
à terre, il s'attacha à capter Bonaparte, il ne quitta plus le quartierg
é n é r a l , Bonaparte éloit couché qu'il étoit encore dans son anti-chambre;
chose bien remarquable dans u n mnsuhn^u(_vojezson portmit,p/. io5, i).
Le premier dessin que je fis fut le port neuf, depuis le petit Farillon
j u s q u ' a u quartier des Francs, qui étoit, au temps de Cléopatre, le quartier
délicieux où son palais étoit bâti, et oh étoit le théâtre (wyr'z/;/• 8,
f.e 16, au matin, j'accompagnai le général dans une reconnoissance : il
visita lous les forts, c'est-à-dire des ruines, de mauvaises constructions, où
de mauvais canons gisoient sur quelques pierres qui leur servoient daffùt.
Les ordres <lu général furent d'abattre tout ce qui étoit inutile, de ne raccommoder
que ce qui pouvoit ser^-ir à empé< her l'approche des Bédouins; il
p o r t a toute son attention sur les batteries qui dévoient défendre les ports.
Nous passâmes près de la colonne de Pompée. T1 e n est de ce monument
comme de presque toutes les réputations, qui perdent toujours dès qu'on
s'approche de ce qui en est l'objet. Elle a été nommée eolonne de Pompée
dans le quinzième siecle, où les connoissanees conimençoient à se réveiller
de leur assoupissement: les savants, plutôt que les observateurs, se bàterent
à cette époque d'assigner un nom à tous les monuments; et ces noms
passèrent sans contradiction de siecle en siecle; la tradition les consacra.
On avoit élevé à Alexandrie un inonument à Pompée; il ne se Irouvoit
p l u s , on crut le retrouver dans cette eolonne. On en a fait depuis un
t r o p h é e à Septime Sévere; cependant elle est élevée sur des décombres de
l'ancienne ville, et au temps de Septime Sévere la ville des Ptolomées n'étoit
p o i n t encore en ruine. Pour faire à cette colonne une fondation solide on
a piloté un obélisque, sur le culot duquel on a posé un vilain piédestal,
qui porte un bean fut, surmonté d'un chapiteau corinthien lourdement
ébauché (vojez pl. 9, 11° i )•
( 2 9 )
Si le fùl de cette colonne en le séparant du piédestal et du chapiteau
a fait partie d'iui édifice antique, il en atteste la magnilieence cl la pureté
de l'exécution; il faut donc dire que c'est une belle colonne, et non
u n beau monument; qu'une eolonne n'est point un monument; (jue la
colonne de S"'-Marie-Majeure, bien qu'elle soit uiu; des plus belles qui
existent, n'a point le caractere d'un monument, que ce n'est qu'un fragm
e n t ; et que si les colonnes trajane et antonine sortent de cette catégorie,
c'est qu'elles deviennent des cylindres colossales, sur lesqxiels c.st
fastueusement déroidée l'histoire des expéditions glorieuses de ces deux
empereurs, et que, réduites à leurs simples traits et à leur seule dimensiou,
elles ne seroient plus que de lourds et tristes monuments.
Les fondations de la colonne de Pompée étant venues à se déchausser,
on a cru ajouter à leur solidité en adaptant à la premiere fondation deiix
fragments d'obélisque en marbre bhinc, le seul monument de cette matière
<[ue j'aie vu en Egypte.
Des fouilles faites à l'entour de la eolonne donneroient sans doute des
lumieres sur son origine ; le mouvement du terrain et les formes qu'il
laisse voir encore attestent d'avance que les recherches ne sei'oient pas
vaines: elles découvriroient peut-être la substruction et i'iiù/um du portique
auquel a appartenu cette colonne, qui a été l'objet de dissertations faites
par des savants qui n'en ont vu que des dessins, ou n'en ont eu que des
descriptions de voyageurs; et ces voyageurs ne leur ont pas dit qu'on irouvoit
près de là des fragments de colonne de même matiere et de même
diametre; que le mouvement du sol indique la ruine et l'enfouisscmeni
de grands édifices, dont les formes se distinguent à la surface, tels qu'un
carré d'une grande proport ion, et un grand cirque, dont on pourroit, quoiqu'il
soit recouvert de sable et de débris, mesurer encore les principales
dimensions.
Après avoir observé que la colonne dite de Pompée est d'ini style et d'une
exécution très pure, que le piédestal et le chapiteau ne sont pas de même
granit que le fût, que le travail en est lourd et ne semble être qu'une
ébauche, que la fondation, faite de débris, annonce une construction mod
e r n e ; on peut conclure que ce monument n'est point antique, et que
son érection peut appartenir également au temps des empereurs grecs, ou
à celui des califcs, puisque, si le piédestal et le chapiteau sont assez bien
travaillés pour appartenir à la premiere de ces époques, ils n'ont pas assez
de perfection pour que l'art dans la seconde n'ait pu atteindre jusque-là.