silblimes e m b e l lisse m e n Ls ont été postérieurement ajoutés à ces colossales
m o n u m e n t s . On ne peut nier que le plan du tempfe de Karnak. ne soit
n o b l e et g rand; mais l'art des beaux plans a toujour s devancé en architecture
celui de la belle exécution des détails, et lui a toujours survécu plusieurs
sieeles après sa corruption, comme l'attestent à la fois les monuments de
Thebes compares à ceux d'Esné et de Tintyra, et les édifices du regne de
Dioclétien comparés à ceux du temps d'Auguste.
Il faut ajouter aux descriptions connues de ce grand édifice de Karnak
que ce n e toi t encore qu'un temple, et que ce n e pouvoit être autre chose;
que tout ce qui y existe est relatif à un très petit sanctuaire, et avoit été
ainsi disposé pour inspirer la vénération dont il étoit l'objet, et en faire
u n e espece de tabernacle. A la vue de l 'ensembl e de tout e cette ruine l'imag
i n a t i o n est fatiguée de la seule pensée de le décrire: étant dans l'imposs
i b i l i t é d'en faire u n plan, j 'en traçai seulement une image pour m'assurcr
u a jour que ce que j'avois vu existoit; il faut que le lecteur jette les yeux
s u r cette esquisse {pl. gS, ), et qu'il se dise que des cent colonnes du
seul portique de ce temple les plus petites ont sept pieds de diametre, et
les plus grandes en ont onze; que l'enceinte de sa cireonvallatiou contenoit
des lacs et des montagnes; que des avenues de sphinxs amenoient aux portes
de cette circonvallation; enfin que, pour prendre une idée vraie de tant de
magnificence, il faut croire rêver en lisant, parcequc l'on croit rdver en
voyaut; mais en même temps il faut se dire relativement à l'état présent de
cet édifice que sa destruction défigure une grande partie de son ensemb
l e ; tous les sphinxs sont tronqués méchamment: fatiguée de détruire,-
la l)arbarie en a cependant négligé quelques uns; ce qui a pu faire voir
qu'il y en avoit qui étoient à tète de femme, d'autres k tète de lion, de
holier, et de taureau: l'avenue qui se dirigeoit de Karnak à Luxer étoit de
c e t t e derniere espece; cet espace, qui est d'à-peu.-près une demi-lieue,
olïre une suite continuelle de ces figures parsemées à droite et à gauche,
d ' a r r a c h e m e n t s de murs en pierre, de petites colonnes, et de fragments de
statues. Ce point étant le centre de la ville, 4e quartier le plus avantageusement
situé, on doit croire que c'étoit là qu'étoit le palais des grands ou
des rois; mais si quelques vestiges peuvent le faire présumer, aucune magnificence
ne le prouve.
L u x o r , le plus beau village des environs, est aussi bâti sur l'emplacen
a k , mais plus conser\é, le temps n'ayant point écrasé les masses de
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l e u r propre poids. Ce qu'il y a do plus colossal ce sont quatom- ooloiuios
de dix pieds do diametre, et, à sa premiere porte, deux figures ou granit
e n t e r r é e s jusqu'à la moitié des bras, devant lesquelles sont les deux plus
grands obélisques connus et les mieux conservés, il est sans doute glorieux
p o u r les fastes de Thebes que la plus grande et la plus ricbe des répiiblitiues
n e se soit pas cru assez de superflu, non pour faire tailler, mais soulem<!Ut
p o u r tenter de transporter ces deux monuments, ipii ne sont qu'un fragment
d'un seul des nombreux édifices de celte étonannte %illc.
Une particularité du temple de Luxor, c'est (|u'nn quai, revêtu avec un
è p a u l e m e n t , garantissoit la partie orientale qui avoisinoit le fleuve, de.s
dégradations ([u'auroient. pu y causer les déhordemenis: cet èpaulement,
r é p a r é et augmenté en briques dans u n tcunps postérieur, proine <}ue le lit
d u fleuve n'a jamais changé, et la conservation de cet édifice, tjue le Nil
n ' a jamai s été bordé d'autres quais, puisque dans toutes les autres parlies de
la ville on ne trouve pas d'autres vestiges de cette espece de construetiou.
roypz les jjldiichcs 48, 4<) et JO, que j'ai dessinées d<q)nis.
J e fis, malgré l'ardeur excessive d'un soleil du midi, un dessin do la
p o r t e du temple, qui est devenue celle du village do Luxor; rien de plus
g r a n d et do plus simple que lo peu d'objets qui composent celle entrée;
a u c u n e ville connue n'e.st annoncée aussi faslueusement ([ue ce miséj'able
village, composé de deux à trois mille habilanls, nichés sur les combles
o u lapis sous les plate-formes de ce lemple, sans eependanl que cela ha
donne l'air d'être habité ( imycz pl 5o, n° i )•
P e n d a n t que je dessinois, notre cavalerie étoit aux prises avec quelques
Mamelouks égarés, dont ils tuereut deux, et prirent les armes et les chevaux
de ceux (pii trouvèrent leur salut en gagnant l'autre rive à la nage.
Nous partîmes à deux houros, et arrivâmes ¿1 S a l ami é h après ti<-ize heures
de roule, comme .si ce nombre d'heures dr uiaicl.o eût été un règlement
p o u r loulos les joui 'uées où nous avions Thebes à traverser. Le lendemain
nous rentrâmes dans le désert, et arrivâmes d'assez bonne heure devant
Esnè. Le jour d'après, en nous mettant en route, nous trouvâmes un
p e t i t temple très fruste, mais cependant très pittoresque, et remarquable
par son plan, et par quelques uns de ses détails ( vojvz/ j l . i'i, «"2):
il est composé d'un portique de quatre colonnes de face, de deux pilastres,
e t de deux colonnes de profondeur; le sanctuaire au milieu, et deux pieces
. l è r a l e s , dont celle de droite est détruite; dans le portique il y a une
p o r t e prise dans l'épaisseur du mur latéral de droi te, dont l'usage ne pouvoit