m o r c e a u x les plus soignés et les plus couservc-s, et par conscquenl que j'ai
. ' p r o u v é pour les copier les difficultés les plus cont rar iantes. On est toujours
é t o n n é de cette égalité de soin dans toutes les parties d'un si grand tout,
d e cette exécution minutieuse, de ce fini, fruit de ropiiiiàtreté, de cette
constance tenace, qui tient a l'esprit monastique, dont le zele ne meurt ni
n e se refroidit, dont l'orgueil est celui de tout un corps, et non celui d'un
seul individu : peut -êt r e les artistes mcni e faisoient-ils par t i e const i tuant e de
ces colleges de prêtres; en effet ils n'ont pas dû souffrir que les arts, qui
élèvent l'esprit humain, fussent confiés à une autre caste que la leur.
Le Nil commença à croître le 7 messidor : il s'éleva d'un pouce chacun
des jours 7, 8 et 9; ensuite il s'éleva de deux pouces, puis de trois; l'eau
commença a se renotiveler, et, sans devenir trouble, elle cessa d'être verte.
Il fut cjuestion de faire une tournée pour reconnoi tre les canaux, les amel
i o r a t i o n s à faire, pour arrêter le plan de toutes sortes d'opérations d'utilité
e t de bienfaisance qui prouvent un soin paternel, et annoncent enfin un
gouvernement. Le.s chalem-s étoicnt insupportables; le vent d'ouest nous
o p p r e s s o i t , nous causoit des saignement s de nez, n o u s donnoi t des éhullitions
douloureuses qui couvroient alternativement toutes les parties du corps,
s é r h o i e n t et durcissoient la peau, et rcndoient la transpiration difficile; les
rayons d u solei l ,principal e ou plutôt unique cause de tous ces m a u x , faisoient
.•prouver dans tous les pores des piquures à-peu-près semblables à celles
que produit la petite vérole, et qui dcvenoient insupportables lorsque, pour
se coucher, il falloil appuyer sur tous ces points douloureux. J'êtois aussi
t o u r m e n t é que les autres: mais j e regrettois les tombeaux des rois à Thebes;
j e bravai encore l'inflammation, que je redoutois, et je me mis en route
avec le détachement.
Le 4 me.ssidor, la chaleur étoit extrême; le soleil, au solstice, aîlumoit
n o t r e sang: deux soldats s'évanouirent en sortant de Kéné; le lendemain,
rô autres furent hors d'état de suivre: jo .suis assuré que si nous n'eus.sions
pas déjà été un peu acclimatés aucun de nous n'eût pu résister. Il fallut
faire des journées plus courtes, et marcher le malin. Cependant la camp
a g n e étoit ravivée; toute la population, présidée par les cheikhs, étoit
occupée à net toyer les canaux, a eu ouvrir les embouchures aux approches
d u Nil. La conliance avoit ramené les troupeaux des gorges du désert, cl
les campagnes, désertes quatre mois auparavant, se trouvoient couvertes
alors d'animaux qui paissoient irauquilleuient.
Nous séjournâmes un jour à K.ous ; le troisième jour , nous arrivâmes au
soleil levé à Karnak, dont je fis les honneurs aux nouveaux arrivés: je
vérifiai en même temps l'exactitude de mes premieres opérations. Parmi
les nouvelles découvertes que je fis à travers les décombres du temple, je,
citerai une figure que j'apperçus sur les murs extérieurs des petits édilices
qui sont à coté du sanctuaire; c'étoit celle d 'un personnage faisant l'offrande
de deux obélisques ; j e remarquai au.ssi la représentation d'une porte de
t e m p l e , laquelle avoit deux bat tants, et se fermoit avec la môme .serrure en
bois dont on se sert encore actuel lement ( /V. i3g, i3, 14, i5, ri 16);
l'excessive chaleur ne me permi t pas de m'ar rêtcr un seul instant aux endroits
o ù étoicnt .situés ces deux bas-reliefs, et par conséquent de les dessiner : mais
o n peut inférer de ces .sculpture.s que les monuments du genre des obélisques
étoient votifs, et offerts par les princes ou autres grands personn
a g e s ; que les choses moins capitales, comme les poi-tes, étoient aussi des
o f f r a n d e s pieuses; enfin que les invent ions simples et d'une utilité générale
se t ransmet tent par une tradi t ion qui traverse toutes les révolutions des nations.
T.'image que j e donne de la ser rur e moderne peut absolument suppléer
a u de,isin de celle antique, ptiisque j e n'y ai remarqué aucune différence.
J ' a j o u t e r a i aux diverses descriptions que j'ai déjà faites de ce gigantesque
m o n u m e n t qu'à la partie sud de la premiere cour il y a nn édifice partic
u l i e r , compris dans la circonvalla ti o n générale, compose d'un mur d'enc
e i n t e , d'une porte donnant l'entrée à une cour entourée d'une galerie en
pilastres, devant le.squels étoient des figures les bras croisés, et tenant d'une
main un fléau, de l'autre une espece de crochet ; deux secondes galeries latérales,
cinq anti-chambres dans la part i e du fond, et cinq chambres derriere;
le tout terminé-par une autre galerie avec des couloirs aboutis.sanl aux cours
l a t é r a l e s du grand temple. Etoit-ce là enfin l e palais des rois, ou plutôt leur
n o b l e prison? ce qui pourroi t le faire croire, ce sont le.s figures sculptées sur
les parties latérales de la por te, repré.sentant des héros tenant par les cheveux
des figures subjuguées; des divinités lenr montrent de nouvelles armes,
comme pour leur promet t r e de nouvel les victoires tant qu'ils auront recours
à elles pour les obtenir. N'y ain-oit-il point en ceci quelque analogie avec ce
q u ' H é r o d o t e nous transmet du régime des rois, de l'obligation où ils étoient
d ' ê t r e s e n is, conseillés, et toujours accompagnés par des prêtres, contraints
c h a q u e matin d'écouter la lecture qu'ils leur faisoient de leurs devoirs,
d ' a l l e r ensuite au temple faire hommage de leur autorité à la divinité, et
r e c o n n o i t r e qu'ils ne la tenoicnt que d'elle, et ne pouvoicnt la conserver
que par elle? de telles obligations pourroient amener à croire que, pour