r R É F A C E.
L E principal objet d'un auteur, lorsqu'il se décide à faire une préface,
esl de donner une idée de son ouvrage. Je remplirai cette espece de
devoir en insérant ici le discours que je me proposois de lire à l'institut
d u Caire, à mon retour de la haut e l'igypte.
«Vous m'avez dit, citoyens, que l'institut attendoii de moi que je lui
rendisse compte de mon voyage dans la haute Égypte, en lui faisant
lecture, dans différentes séances, du journal qui doit accompagner les
dessins que j'ai rapportés. L'envie de répondre au voeu de l'institut
hâtera la rédaction d'ime foule de notes que j'ai prises, sans autre prétention
que de ne rien oublier de tout ce que chaque jour offroit à
ma curiosité. Je parcourois im pays que l'Europe ne connoit guere que
de nom; tout y devenoit donc important à décrire; et je j>révoyois
bien qu'à mon retour chacun ni'interrogeroit sur ce qui, en raison
de ses études habituelles ou de son caractere, exciteroit davantage sa
curiosité. J'ai dessiné des objets de tons les genres ; et si je crains
ici de fatiguer ceux à qui je montre mes nombreuses productions,
parcequ'elles ne leur retracent que ce qu'ils ont sous les yeux, arrivé
en France, je me reprocherai peut-être de ne les avoir pas multipliées
encore davantage, ou, pour mieux dire, je gémirai de ce que les circonstances
ne m'en ont laissé ni le temps ni les facilités. Si mon zele
a mis en oeuvre tout ce que j'ai de moyens, ils ont été puissamment
secondés par le général en chef, en qui les plus vastes conceptions ne
font oublier aucun détail. Connue il savoit que le bu( de mon voyage
étoit de visiter les monument s de la haut e Egypte, il me fit partir avec
la division qui devoit en faire la conquèle. J'ai trouvé dans le général
Desaix un savant, un curieux, un ami des arts; j'en ai obtenu toutes
les complaisances que pouvoicnt lui permettre les circonstances. Dans
le général Beliard, j'ai trouvé égalité de caractere, de l'amitié, des soins
inaltérables; de l'anu^nité dans les officiers; une cordiale obligeance
dans tous les soldats de la vingl-unieme demi-brigade; enfin je m'étois