semble encore tellement par sa composition et par l’arrangement de
ses pièces à celui du même Tapir, qu’aucun des naturalistes, habitué
aux analogies , si constantes dans tous les êtres organisés, ne pourroit
s’empêcher de s’écrier sur-le-champ, que ce pied est fait pour cette
tête, et cette tête pour ce pied.
A la vérité , le pied de devant tridactyle diffère assez de
celui du Tapir , mais c’est pour se rapprocher de celui du Rhinocéros;
et le Palæotherium qui ressemble au Tapir par le nombre
de ses dents et par la forme de ses incisives et de ses canines,
ressemble davantage au Rhinocéros par les formes de ses dents molaires.
Ainsi les rapports qui l’unissent à ces deux genres pour ses
dents, se reproduisent dans les pieds dont il est. question, en sorte que
cette différence même de ces pieds de devant, confirme ce que la
ressemblance des pieds de derrière avoit annoncé.
Alors les pieds didactyles resteroient pour les Anoplotheriums, et
rien dans les affinités zoologiques ne s’y oppose,
Ces pieds ressemblent en effet en partie à ceux des Pachydermes,
en partie à ceux des Chameaux.
Rs ont des Chameaux la division en deux doigts seulement, les
formes des os du tarse ;.ils ont des Pachydermes la séparation des os
du métatarse; et les Chameaux ont de leur côté, en commun avec
les Anoplotheriums et d’autres Pachydermes, la petitesse et la forme
symétrique des dernières -phalanges.
Les dents des Chameaux s’éloignent au reste beaucoup moins de
celles des Pachydermes, que les dents des autres animaux. Non-
seulement les Chameaux ont des canines, ils ont aussi des incisives
à la mâchoire supérieure ; elles y sont au nombre de deux.
Nos Anoplotheriums ont ces incisives supérieures en pins grand
nombre ; mais leurs canines coupées obliquement, et qui ne dépassent
pas les autres dents, affoiblissent leur organe de la mastication, et
leur donnent ainsi un rapport quoique éloigné avec les Ruminans et
notamment avec les Chameaux, dont les canines sont coupées obliquement
et courtes à peu près comme les molaires antérieures de nos
Anoplotheriums.
On peut remarquer même, qu’au fond, les canines des Chameaux
ne sont que des molaires, antérieures séparées des autres, et plus tranchantes
ou plus pointues , car ils ont une molaire de moins que les
autres Ruminans. i ....
Je soupçonnerais donc que l’estomac dé nos Anoplotheriums aura
encore plus ressemblé par ses divisions à un estomac de Ruminant,
que ne font ceux du Tapir, du Pécari et de l’Hippopotame, trois
genres de Pachydermes qui ont aussi l’estomac très-divisé, et l’on sait;
du -reste que l’estomac des Chameaux, bien qùe véritable estomac
de ruminant , s’écarte en plusieurs points de ceux du reste de cette
famille.
J’avois posé ces principes avant d’avoir trouvé ensemble des têtes
et des pieds; et les grandeurs respectives m’av.oient conduit promptement
de cette répartition générique, à une répartition spécifique
presque complète.
Ainsi l’Anoplotherium commune avoit pris les gros pieds didactyles
si communs ; ils s’arrangeoient fort bien à la grosseur de sa
tête.
- Le Dichobune ou Anoplotherium leporinum, dont la tête n’est
pas beaucoup plus grande que celle d'un lièvre, et dont les dents ont
des caractères particuliers, prenoit les pieds à 4 doigts qui sont aussi
à peu près de la taille de ceux du Lièvre,
La tête du Palæotherium, magnum, prenoit les très-grands pieds
tridactyles, et celle du Palæotherium minus, les pieds tridactyles
petits et grêles., etc.
Ces résultats ne tardèrent pas à être confirmés par d’heureux
hasards qui me procurèrent des pieds ou des portions de pieds joints
encore à des-portions caractérisées de têtes.
Ainsi les squelettes à!Anoplotherium commune des pi; X X X V et
X X X V I, a voient encore, l’un des parties d’un pied de derrière,
l’autre d’un pied de devant didactyles ; et c’étoit un fait décisif pour
toute la répartition.
Un squelette de Palæotherium magnum réunissoit à la demi-mâchoire,
p LX LV II Ijjig . i , une partie du pied de derrière et tout celtii