Notre animal n’ayant point de pareils os intermaxillaires, n’a pu
avoir une trompe composée comme celle de l’éléphant : c’est donc
dans les trois autres genres qu’il faut lui chercher quelque analogue.
Le nerf maxillaire supérieur qui animoit son museau, ne devoit
pas être fort grand, car le trou sous-orbitaire t , pl. IV ,f ig . i , par
où il passoit, est petit et placé comme dans 1e tapir ; tandis qu’il est
énorme dans l’éléphant. C ’est une nouvelle preuve que la trompe de
notre animal n’avoit ni le volume, ni l’énergie de mouvement de
celle de l’éléphant.
Pour juger si le museau ressembloit davantage att tapir ou au
cheval, il faudroit connoître la vraie longueur des os du nez.
Dans les morceaux dont nous avons parlé jusqu’ici ils paroissent
aussi courts que dans le tapir, et l’on devroit croire qu’ils supportoient
une espèce de trompe; mais dans une tête, que je crois à la vérité
d’une espèce un peu différente, et qui a été trouvée entière,
pl. L U I e tL IV , ils s’allongent en pointe comme dans le cheval. Des
diversités semblables se sont montrées dans les grandes et les petites
espèces,.en sorte qu’il peut bien y avoir eu quelques différence entre
elles par rapport au prolongement et à la mobilité de leur museau.
Le profil de la pl. IV nous montre aussi que l’orbite est placé au-
dessus de la cinquième molaire, qu’il est plus abaissé, plus éloigné
du nez que dans le tapir; ce qui devoit donner à la physionomie
quelque chose de plus ignoble. On y voit la saillie u, qui sépare l’orbite
de la fosse temporale et qui est plus marquée que dans le tapir.
Bien que l’arcade zygomatique y soit en partie enlevée, on voit
qu elle se releve en arrière, et que sa courbure devoit être convexe
vers le haut. On juge que sou apophyse postorbitaire ne s’unissoit
point a celle du frontal, comme cela a lieu dans les solipèdeset les
ruminans. L’orbite étant petit, l’oeil devoit l’être également, et tout
porte a croire que notre animal ressembloit au cochon par un regard
stupide. Enfin ce morceau nous apprend que la fosse temporale étoit
vaste et profonde.
Il est à regretter que ce profil ne soit pas plus entier, et qu’il n’ait
point appartenu à un animal plus âgé ; mais les caractères génériques
qui lui manquent nous seront fournis dans la suite par des
morceaux d’autres espèces.
Je rapporte cependant à celle-ci la coupe horizontale du crâne,
pl. X L I I I , fig. a , qui va m’aider à compléter les idées que l’on
doit se faire de cette tête. Je l’ai due à l’amitié de M. le vicomte Hé-
ricart-Ferrand, et c’est le morceau même qui fut trouvé en 1800,
aux environs de Meaux, et que Lamétherie annonça dans le Journal
de Physique.
La plus grande partie des dents molaires étoient restées dans la
pierre opposée, de manière qu’on a pu les rattacher sur celle-ci.
La première répondoit alors au point b , et la septième au point a;
en c , se voyoit encore la partie un peu concave où devoit répondre la
canine inférieure quand les mâchoires étoient fermées. Le bord antérieur
de l ’orbite répond au point d , mais il n’a pu être exprimé
dans le dessin.
Cette coupe nous apprend combien le museau de ce Paloeothe-
riurn se rétrécissoit en avant, sous la base de la trompe, et combien
les arcades zygomatiques s'écartaient en dehors. Sa tête surpasse,
à ces deux égards, celle du tapir, la seule, cependant, qui ait quelque
ressemblance avec elle.
L ’on y distingue en e une face condyloïdienne plus concave
que celle du tapir, ce qui répond parfaitement à l’observation faite
ci-dessus, relativement au condyle de la mâchoire inférieure.
Les deux rochers , ƒ ƒ , se présentent avec une figure irrégulièrement
arrondie. On distingue encore, à l’un, la fenêtre ronde et la
fenêtre ovale g et h; l’autre, qui est en partie cassé, nous montre
une partie du vestibule i , un canal semi-circulaire k , et une partie de
la caisse L Celle-ci, dont on voit aussi une partie de l’autre côté en 1',
avec la moitié supérieure de l’ouverture extérieure ni, paroît avoir été'
moins considérable que nous ne la trou verons dans XAnoplotheriurn.
La moelle allongée n est représentée par la forme que le gypse a
prise dans la cavité qui la eontenoit, et l’on voit, par les restes o de'
l’occiput, que cette partie faisait une saillie considérable en arrière,,
et quelle s’y élargissoit comme dans le tapir et le cochon.