lieue de la rivière. M. Lourtau, jeune docteur en médecine J de ce
pays, m’a communiqué les objets intéressans trouvés en ce lieu, et
qui consistent en trois molaires entières, en deux fragmens de molaires
, et en plusieurs tronçons de défenses grosses et petites.
Les deux premières mâchelières ont quatre paires de pointes lobées,
comme à l’ordinaire, et un petit talon. Les deux pointes de la paire
antérieure sont déjà usées, et offrent des trèfles irréguliers. L’une de
celles de la deuxième paire l’est aussi un peu ; les autres sont entières.
Ces dents ont la couronne longue de o,i/j. ; et large en avant de 0,075.
L ’émail est absolument comme dans les dents de Simore, d’un
blanc bleuâtre, nuancé en divers endroits de roussâtre.
La troisième est attachée à un tronçon d’un ivoire altéré et incrusté
d’une sorte de croûte stalactitique, long de 0,27.11 est pointu et
comprimé ; sa coupe a 0,7 de grand diamètre et o,5 de petit Ç mais il
se joint à d’autres tronçons avec lesquels il forme une défense longue
au moins de 0,86 , et dont le diamètre vers la base est de 0,13.
D’autres fragmens se laissent aussi rejoindre ensemble, et forment alors
une seconde défense de plus d’un mètre de longueur sur o, 13 à sa base.
Deux derniers morceaux se réunissent en un tronçon de 0,52 de long
et de même grosseur que les autres. Ces 3 portions de défenses paraissent
avoir été à peu près droites. L’ivoire en est fort altéré :
1 enveloppe qui s’est formée dessus, et qui a même pénétré dans les
interstices de ses lames est d’un gris-verdâtre et entremêlée dé plusieurs
lames dures et tranchantes.
Mais le fragment le plus important est un tronçon un peu arqué ,
long d’environ o, 14, et cassé aux deux bouts, sans diminuer notablement
de grosseur. Il doit avoir fait partie d’une longue défense
qui ne pouvoit manquer de sortir de la bouche , et cependant il est
enveloppé d un véritable émail très-dur , et non pas tendre, comme la
croûte des defenses d’Éléphant -, son épaisseur est d’environ un millimètre
et demi ; il est un peu cannelé et légèrement grenu à sa face
externe.
La coupe de ce fragment de défense est un ovale très-régulier, dont
le grand diamètre est de o,o65 , et le petit de o,o5.
La décomposition en a divisé sensiblement les couches-par des anneaux
concentriques, comme on les observe dans l’ivoire fossile, mais
les fissures ont été remplies après coup par une cristallisation ferrugineuse
ou spathique. Je n’ai pu apercevoir ces lignes disposées en
lozange qui caractériseüt si distinctement l’ivoire de l’Eléphant.
Malgré le rapport que l’émail donne à cette défense avec celles de
l’Hippopotame , sa coupe n’est pas la même ; néanmoins on voit que
le Mastodonte à dents étroites se rapprochoit de cet animal par cette
circonstance, comme par la division en trèfles des collines de ses
mâchelières.
On vient de trouver encore en Toscane de nouveaux débris de cet
animal.
M. le chevalier Fossombroni, ministre de S. A. I. le grand-duc,
et savant aussi profond qu’administrateur éclairé et vertueux, abien
voulu m’envoyer un dessin représentant une portion considérable de
mâchoire, avec une dent à huit pointes, très-reconnaissable. Ce morceau
a été découvert par des paysans à Bettolli, près du sommet
d’un petit coteau qui s’élève au milieu du val de Chiana, de cette
contrée où le nom de M. Fossombroni sera immortel. Il étoit à deux
pieds de profondeur dans une couche d’un tuf que l’on a jugé marin,
et qui étoit parseme de coquilles fort adhérentes. L ’émail de la dent
est gris et très-dur.
On remarquera que Bettolli est fort près de Monte-Follonico,
où Baldassari avoit trouvé la mâchoire qu’il décrivit en 1767, dans
les mémoires de l’académie de Sienne.
Entre ces deux endroits est Asina-Lunsa, où, en 1815 , le docteur
Giuli trouva deux mâchoires de la même espèce, dont il a fait aussi
hommage à l’académie de Sienne.
Ainsi nous ne pouvons douter que cet animal n’ait été fort nombreux
dans le val de Chiana, à l’époque où les terres qui forment aujourd’hui
la Toscane étaient peuplées des hippopotames, des Rhinocéros
et des Éléphans de l’ancien monde.
Il serait bien à désirer que des fouilles faites avec intelligence
pussent faire sortir du sol les autres os d’une espèce si remarquable,