C’est un os frontal, d’une petite dimension. Je le représente en
dessus, fig. 7, et en dessous, fig. 8, pl. LX X v I.
J’ai parcouru toute la série des squelettes de reptiles (et j’en possède
maintenant plusieurs espèces de chacun des sous-genres établis
par ceux qui les ont le plus multipliés); je n’en ai trouvé aucun qui
ressemblât à l’os fossile, si ce n’est, comme je viens de le dire, le
frontal des crocodiles. La comparaison avec celui-ci est au contraire
rigoureusement exacte, quant à tous les caractères qui peuvent passer
joour génériques.
Il est d’abord simple et sans suture mitoyenne; il est écbancré
de deux arcs de cercles à bords verticaux et relevés, pour les orbites
; en dessous il est creusé d’un demi-canal qui sert a conduire
les nerfs olfactifs vers le nez; en arrière on voit des restes des sutures
qui l’articuloient avec le pariétal unique, et avec les deux os qui représentent
dans le Crocodile, les apophyses postorbitaires du frontal;
en avant, son apophyse aiguë qui devoit s’avancer entre les lacrymaux
est rompue, mais on voit encore des traces des sutures
qui l’unissoient à ces deux os; enfin sa surface est creusée de petites
fossettes irrégulières, comme il y en a plus ou moins dans tous
lès Crocodiles, et comme on n’en retrouve sur la tête dans aucun
autre reptile, pas même dans les Trionyx dont la carapace seule en
a de semblables. Tels sont les caractères communs à ce frontal et à
ceux des autres Crocodiles.
Ses caractères particuliers sont, que les rebords des orbites sont
moins saillans, plus rapprochés en avant, et que la courbure longitudinale
de sa face supérieure est plus convexe que dans les dix ou
douze espèces de ce genre que j ’ai déterminées par l’ostéologie de
leur tête.
Depuis lors il ne m’est arrivé qu’un autre os de ce genre. C est
la partie supérieure de l’humérus gauche d’un individu beaucoup plus
grand, que nous représentons pl. L X X V I I ,f ig ■ 3, 4 et 5.
Cet humérus est précisément de la grandeur de celui d un squelette
de Caïman, à museau de brochet, de grandeur médiocre que
nous possédons, et dont la longueur totale depuis le bout du museau
jusqu’à l’extrémité de la queue est de 0,7.
N’en doutons donc point, il y avoit à Montmartre des Crocodiles
, dans le même temps où il y avoit des Sarigues, des Trionyx,
et tant d’autres animaux et végétaux dont les congeneres ne se retrouvent
plus que si loin de nous. Mais les Crocodiles dévoient y
être rares, puisque ce frontal et cet bumerus sont les seuls vestiges
qui m’en soient parvenus.
Je n’ai pas besoin de rappeler que les Crocodiles sont tous des animaux
d’eau douce.
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