S E C T IO N P R EM IÈ R E .
D e s o s s e m e n s d e M a m m i f è r e s .
A r t i c l e p r e m i e r .
Ossemens de Pachydermes.
J ’a i dit depuis long-temps que la famille des Pachydermes moins
riche en genres, et dont les genres sont moins liés entre eux que
dans aucune autre, semble avoir fait des pertes, auxquelles seroient
dus ces sortes de hiatus ou de vidés qui interrompent sa série. C’est
en effet à la famille des Pachydermes que l’étude des os fossiles a
fourni le plus de formes nouvelles et singulières : les divers' Mastodontes,
le Rhinocéros à cloison osseuse, les Palæotheriums2 et les
Anoplotheriums, les Lophiodons’ , offrent déjà un nombre d’espèces
perdues plus considérable que celui des espèces vivantes connues dés
naturalistes, et cependant ils n’épuisent pas, à beaucoup près, celles
que nos couches recèlent encore. On en verra d’un genre très-remarquable
à la fin de ce volume ; et dès à présent nous allons en présenter
deux, trouvées dans nos gypses, et qui ne ressemblent assurément
à rien de ce qui a été vu jusqu’à ce jour.
§ I. D ’un nouveau genre de Pachydermes connu seulement par
quelques dents et quelques parties de la tête, et que j ’appellerai
provisoirement Chæropotame (t).
Je n’en ai eu d’abord que le seul morceau représenté, pl. L I ,
fig. 3, A , B et C , et qui me fut donné dans le temps parM. Vaysse
(1) Nom d’un Pachyderme imaginaire, employé par Prosper Alpin. Voyez notre 1" . volume
, pag. É p i
de Villiers, auteur d’un itinéraire de France, qui l’avoit eu dans les
platrières de Villejuif. Il m’a suffi pour me démontrer l’existence d’un
genre de Pachydermes different des Palteothenums et des An0—
plotheriums.
Les incisives, s’il y en avoit, sont perdues. La canine inferieure a
est pointue et de grandeur médiocre; entre elle et la première molaire
h est un espace vide. Cette première molaire est conique, pointue,
légèrement comprimée, mais nullement tranchante, et portée
sur deux grosses racines qui s’enfoncent en s écartant.
La seconde, c , est un peu plus comprimée, portée aussi sur deux
racines ; et en arrière de sa pointe, qui est mousse, se trouvent d autres
pointes beaucoup plus basses et à peine saillantes, formant
comme un second lobe.
A la suite de cette seconde molaire venoient deux dents, dont la
place est constatée par l ’empreinte qu elles ont laissée sur la pierre ;
ce sont les dents tuberculeuses, représentéesJig. 3 , B et C. Sur leur
couronne à peu près rectangulaire, et que je crois avoir été moins
larges que longues, sont quatre tubercules principaux, au milieu
desquels en sont deux plus petits; et l’on remarque encore quelques
inégalités autour de leurs bases. Elles ressemblent assez aux troisième
et quatrième molaires du Babiroussa ; et en général tout cet appareil
annonce un animal de la famille des Cochons; mais aucun Cochon
connu n’a la première molaire de cette forme conique, et il n y a que
le Pécari où la canine soit si petite; or le Pécari est en outre d’une
taille moindre que l’individu auquel cette mâchoire a appartenu.
Dimensions de ce morceau.
Longueur de l’espace occupé par la canine et les deux premières molaires 0,074
Espace compris entre la canine et la première molaire.....................................»>°27
Longueur de la canine.''à* .. • . ....................................................... 0,0
Sa largeur................................................................................... a
Hauteur de la première molaire. ...................................................... ... • .°>°
,, , I V .......................... Sa largeur a sa base................ .... . . ..................................... ... . 0,016
Hauteur de la seconde molaire.. . ...................................... ... .......................... 0l °1
Sa largeur à sa base. ....................... .................................. ... 0,014