A r t i c l e I I .
Des Palæotheriums des environs d’Orléans.
Nous avons parlé dans le volume précédent, pag. 212 et suivantes,
des carrières de calcaire d'eau douce de Montabusard, près d’Orléans,
où M. Defay a découvert une si grande quantité d'ossemens
fossiles, et entre autres les os de Lophiodon, que nous avons décrits
à l’endroit cité (1). Ces carrières renferment aussi des os de Palæothe-
rium, mais d’une ou même de deux espèces différentes de celles
de nos plàtrières.
On peut voir, pl. L X V 1I , fig. 2 à 12, les figures de plusieurs
morceaux qui me furent communiqués dans le temps par M. Defay,
Il ne fut pas difficile de reconnoître dans les pièces des fig. 2 ,3 ,
4, 5 , 6, 7 et 10, les doubles croissans des mâchelières inférieures
des Palæotheriums, leurs formes cylindriques, et même le bourrelet
saillant de leur base ; la fig. 3 montroit de plus la petite molaire
tranchante placée en avant de toutes les autres ; la fig. 5 , à en
juger par son troisième lobe, devoit être celle d’une dernière molaire;
dans les^g. 8 et 9 , on retrouva la forme carrée des mâchelières
supérieures du même genre, la ligne en double W de leur
bord externe, les collines qui viennent se terminer au côté interne,
enfin le bourrelet saillant de la base de ce même côté.
Ces caractères si particuliers me permirent de conclure l’identité
du genre, bien que les canines et les incisives me manquassent.
Je les trouvai confirmés par la suite, dans une portion de mâchoire
, qui me fut communiquée par M. Bigot de Morogue, savant
minéralogiste d’Orléans, et dont on voit la figure pl. L V I I ,
fig. i 3. Sa partie montante, son angle postérieur ont cette largeur 1
(1) M. Defay a parlé de ces os dans son ouvrage intitulé : La Nature considérée dans
plusieurs de ses opérations , Paris , 1783 , p. 56.
P A L Æ O T H E R I U M S É T R A N G E R S ,
et cette forme arrondie caractéristiques des Palæotheriums. On y voit
d’un côté, par leur face interne, les cinq dernières molaires en place,
dont la dernière a son troisième petit lobe comme dans les Palæotheriums
; les deux dernières de ces dents sont vues par leur couronne,
fig. 14 ; un seul fragment resté du côté opposé, /?^. i 3;
a, b, montre par leur face externe la première et la seconde molaire
, et la première est sensiblement identique avec celle de la
figure 3.
Toutes ces mâchelières sont donc de la même espèce, et tout
semble prouver que cette espèce est du genre Palæotherium.
Néanmoins c’est un Palæotherium qui a ses caractères propres,
qui le distinguent de tous ceux que nous avons dans nos plàtrières.
Celui des mâchelières inférieures consiste eu ce que la rencontre
des deux arcs ou des deux croissans de la couronne forme une double
pointe au milieu de la face interne, tandis que cette pointe est toujours
simple dans les Palæotheriums des environs de Paris.
On peut remarquer aussi , soit dans la fig. i 3 , soit dans la
fig. 5 , que la dernière molaire a son troisième lobe en forme de
cône simple plutôt qu’en croissant.
Pour les molaires supérieures, le caractère distinctif consiste en ce
que les collines qui partent du bord externe , à leur arrivée vers le
bord interne ne se recourbent pas , et en ce qu’il y a au bord postérieur
une petite colline isolée en forme de chevron. Il est aise de
prendre une idée nette de cette structure , par la fig. 11 , ou 1 on a
représenté une de ces couronnes non encore entamée. Celle de la
fig. la , qui est à moitié usée, montre que ces caractères se conservent
long-temps encore très-visibles.
Je pense que c’est une de ces molaires supérieures qu’a representee
Guettard, (Mémoires sur les arts et les sciences, tome Y ; mém. X ,
pl. V I I , f i g . i < ^, v ; s ■ ; t i ■ ;; ^ !î? ^*2 ■
Cet animal devoit être un peu plus petit que notre Palæotherium
crassum , et à plus forte raison que le medium ; les cinq mâchelières
de la fig. i l occupent une longueur de o,t : dans le Paloeo