D E U X IÈM E SE C T IO N .
RE ST ITUT ION DES PIEDS DE DERRIÈRE,
A r t ic l e p r em ie r ,
Indication de deux genres , d’apres les pieds de derrière dont
les os sont les plus communs dans ces carrières,
Après avoir déterminé d’après les dents, la classe, 1 ordre, la
famille, les genres et les espèces de nos animaux, après avoir rétabli
la forme et la composition de leurs tê te s, il était naturel de songer à
leurs extrémités ; pour cet effet il falloit en rassembler les o s , les
rapprocher, juger de la composition générale des pieds dont ces os
faisaient p a rtie , restituer ainsi ces pieds dans leur entier, et les rap-
porter ensuite chacun à la tête à laquelle il correspondoit, en s’aidant
à la fois de l’analogie et des morceaux où le hasard aurait encore
laissé réunies des pièces appartenantes au même individu.
P o u r commencer cette grande opération, je m’attachai dab o rd
aux pieds de d e rriè re , dont les os ont en général des formes
plus prononcées, plus caractéristiques, et surtout plus faciles à
saisir; et je m’aperçus promptement que parmi ceux de ces os, qui
sont le plus répandus dans nos plâtrières, il y en a aussi de deux
formes principales qui indiquent deux genres, comme les deux sériés
de dents.
Les astragales à eux seuls me l’auraient annonce ; les uns ont la
face tarsienne en forme de poulie divisée en deux gorges par une
arête saillante, comme dans les Cochons et les Hippopotames, en un
mot les pachydermes à doigts pairs, et comme dans les rnminans;les
autres ont cette face tarsienne presque plane, avec une facette cuboi-
dienne étroite, comme dans les Tapirs, les Rhinocéros et les Chevaux,
en un mot les pachydermes à doigts impairs ; et lorsque j eus
rapproché ces astragales de leurs scaphoïdes , de leurs calcanéum s et
des autres os qui dévoient s’y attacher, il ne me fut pas difficile de
voir que les premiers portoient en effet deux doigts développés,
tandis que les autres en portoient trois. C’est d’après cette première-
distinction que je dirigeai toutes mes recherches sur ce sujet ; mais
je m’aperçus bientôt que les pieds à deux grands doigts, se subdivi-
soient eux-mêmes en deux formes secondaires, les uns ayant les
doigts latéraux réduits, ou à de légers vestiges, ou to u t -a - fa it a
rien, tandis que les autres avoient les doigts assez développés pour
qu’il en parût quelque chose au dehors.
On retrouvoit donc dans les pieds deux genres principaux, et lun
de ces genres s’y subdivisoit en deux sous-genres très-marqués, absolument
comme dans les têtes; ce qui pouvoit déjà suggérer sur la
correspondance des têtes avec les pieds, des conjectures qui ne cessèrent
d’obtenir par la suite de plus grandes confirmations comme
on le verra bientôt.
A r t i c l e II.
Restitution d’un pied de derrière à trois doigts (1).
Je fus extrêmement favorisé par le hasard par rapport à cette sorte
de pieds, car j’en trouvai d’abord les parties caractéristiques renfermées
dans une pierre et dans leur liaison naturelle.
Ces parties sont représentées ensemble, pi. X V I , fig . 1, et 2. L ’astragale
et le calcanéum, vus par leur face tarsienne, jig . 3, et quelques
unes des pièces séparées ,fig , 6 , 7 ,8 .
Le calcanéum A ,p l . X V I , fig . 1 , 2 et 6 , ressemble singulièrement
à celui du Tapir. Il a de même trois facettes astraga-
liennes; une supérieure a, ovale, transverse, se contournant un peu
sur le dos de l ’os, en b; une interne c, placée sur une avance latérale 1
( 1 ) Nous verrons par la suite que ce pied Se rapporte probablement à la tête du Palæothe—
rium de grandeur moyenne à nez c o u r t , ou au Palceotherium medium.
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