D E U X IÈM E S E C T IO N .
DES OSSEMENS D'OISEAUX.
L es naturalistes conviennent que de tous les animaux, les oiseaux
sont ceux dont les ossemens ou les autres débris se rencontrent le
plus rarement dans letat fossile; quelques-uns.même nient absolument
qu’on les y ait jamais trouvés : et en effet, par une de ces
nombreuses singularités réservées aux coucbes de gypse de nos environs,
il n’y a presque d’autres os fossiles d’oiseaux bien constatés
que ceux quelles recèlent; encore n’est-ce que depuis bien peu de
temps que la véritable nature de ces fossiles a été mise en évidence.
Pour nous convaincre de cette assertion, examinons rapidement
les divers témoignages sur les ornitholithes vrais ou prétendus tels.
Walch (i) en a déjà recueilli plusieurs; Hermann (2) y en a ajouté
d’autres : leurs indications nous serviront de guides, sans nous dispenser
néanmoins de remonter aux originaux; car le premier s’est
trompé lui-même plusieurs fois faute de cette précaution. D ailleurs
nous avons quelques passages à discuter qu ils ont omis 1 un et
l’autre.
Déjà Conrad Gesner (3) déclare que les pierres nommées d’après
des oiseaux, comme le hiéracites et le perdicites, n’ont d’autres
rapports avec eux que des ressemblances de couleur.
Des figures grossières d’oiseaux, tracées par le hasard sur des
pierres colorées, n’appartiennent pas davantage aux ornitholithes; et
l’on ne doit pas y rapporter non plus les pierres ou cailleux figurés
(1) Commentaire sur les monumens de Knorr , tome I I , seconde partie, édit. ail. p . 17 7
et suivantes,
(2) Lettre à Fortis , Journal de physique, floréal an 8 , L , p.. 34o.
(3) De fig. lapid. c. XII , fo l. 161,
qui ont une ressemblance quelconque avec des parties d’oiseaux : le
coq d’Agricola et la poule de M jliu s , empreinte sur un schiste d’Il-
menau, n’ont pas d’autre origine.
Les auteurs ont aussi quelquefois regardé fort gratuitement comme
ornitholithes des os fossiles, seulement parce qu’ils étoient légers et
grêles; mais un examen un peu attentifles fait bientôt reconnoître
pour des parties de poissons, de petits quadrupèdes, ou quelquefois
même de coquilles et de crustacés. Ainsi le sulcatula littoralis ros-
trata de Luid (i) ne me paroît que l’extrémité de l’épine dentelée
de la nageoire de quelque poisson. Les becs des environs de Weimar
et d’Jéna, dont parlent Wallerius et Linnceus (2) n’ont, selon
Walch (3), qui étoit de ce pays-là, qu’une ressemblance extérieure.
Romé Delille, dans le catalogue du cabinet de Davila, cite un
bec des environs de Reutlingen (4), qui a été adopté par Linnæus (5)
et un os de Canstadt, qui lui a paru de poulet; mais son bec ne
paroît qu’une coquille bivalve qui se montré obliquement à la surface
de la pierre. Si c’étoit un vrai bec, il différeroit prodigieusement
de tout ce que nous connoissons dans les oiseaux d’aujourd’hui;
quant à l’os, il n’y en a dans l’ouvrage ni description ni
figure.
Scheuchzer parle d’une tête d’oiseau dans un schiste noir d’Eis-
leben; mais il ajoute de suite que l’on pourroit aussi la prendre pour
une fleur d’oeillet (6) : c’en est assez pour la juger.
Plusieurs (7) citent la description des environs de Massel par
Hermann, comme1 s’il y étoit parlé d’os d’oiseaux; mais l’auteur 1 2 3 4 5 6 7
(1) - Lithopliyl. britan. p . 79 , n°. i 56i , tab. 17.
(2) System, nat. ed. Gmel. III. 388.
(3) Comm, sur Knorr , tome I I , part. I f.
(4) Catal. I l l , 225.
(5) Lin. lib. sup.
(6) Mus. diluv. , p . 106.
(7) Lesser , Lithotheol. Wallerius.