M. le Camus, ancien directeur de 1 ecole polytechnique , et possesseur
d’une très-belle collection de minéralogie, m’a aussi fait
voir un morceau où les dents de la mâchoire inférieure ont toutes
laissé, soit leurs couronnes, soit leurs empreintes ; il n’y a rien à
l ’endroit en question.
Je possède moi-même un morceau où l’on voit la dent canine et
l ’alvéole de la première molaire ; l’intervalle est encore vide.
Un second que je possède aussi présente les cinq premières molaires,
et notamment la petite comprimée. Il y a en avant une partie
de l’os qui ne s’étend pourtant pas jusqu’à la canine. Cette partie n’a
point d’alvéoles.
Ainsi nul doute sur le nombre et la forme des molaires inférieures
, sur l’intervalle vide entre la première et la canine du même
côté. Nul doute non plus sur l’existence de la canine , et par conséquent
sur un caractère qui commence déjà à éloigner beaucoup notre
animal du rhinocéros et du daman, dont ses molaires l’auroient rapproché
, pour le placer près du tapir et du cochon.
La canine n’est point une défense qui sorte de la bouche , comme
il y en a dans tant d’espèces de cochons. Elle devoit être cachée par
les lèvres comme dans le tapir, l’hippopotame et le pécari ; c’est un
simple cône oblique, un peu arqué, dont la face interne est un peu
plane , et l’externe plus qu’un demi-cône. Ces faces sont distinguées
par deux arêtes longitudinales, et leur base est entourée de la même
ceinture que l’on voit aux molaires. La racine en est fort grosse, et
pénètre très-avant dans l’os mandibulaire, et jusque sous l’alvéole
de la première molaire.
C ’est ce que je recueille du morceau de l’école des mines , pl. I ,
Jig. i ; de celui de M. de Saint-Genis, pl. 11,Jig. i ; du mien dont
j’ai parlé plus haut, et de plusieurs autres que j ’aurai occasion de
citer encore.
Entre les canines doivent être 'les incisives. Le morceau de l’école
des mines commença à m’apprendre que notre animal n’en éloit pas
dépourvu ; celui de M. de Saint-Genis, pl. I I , f g . i , me donna des
indices dé leur nombre.
Ce morceau en montre quatre; mais il est aisé de voir, à leur courbure
et et à leur position, que trois d’entre elles e , g , h , appartiennent
à un côté de la mâchoire, et que la quatrième i commeheoit
la série de l’autre côté : il y en avoit donc six.
Un autre morceau de ma collection, pl. V, Jig. i , que j ’aurai
occasion de faire reparaître pour constater d’autres points, confirme
ce résultat. On y voit la canine droite a, et la racine de la gauche b :
entre deux, sont cinq incisives c , d , e , f , g ; mais , outre que les
dents ne sont jamais en nombre impair, on voit clairement qu’il reste
de la place pour une sixième, et pour une sixième seulement (i).
Ces incisives ont une forme très-ordinaire, celle de coins ; leur
tranchant s’émousse par l’usage, et se change avec l ’âge en une surface
plate, assez large d’avant en arrière. C ’est ce que me montre encore le
morceau de ma collection que je viens de citer. Dans celui de M. de
Saint-Genis , les incisives ne sont pas si usées.
Ce nombre de six est précisément celui des incisives du tapir,
ainsi que mon collègue M. Geoffroy-Saint-Hilaire l’avoit annoncé, et
que je l’ai fait voir dans ma description ostéologique de cet animal.
La forme de ces incisives: est encore assez semblable à celle du tapir
; seulement la plus extérieure est moins petite J ' proportionnel^
lement aux autres, que dans le tapir.
§ II. Dents supérieures.
Les dents de la mâchoire inférieure étant établies , et pour les
sortes, et pour le nombre, et pour la forme, passons à celles de
l’autre mâchoire.
Je trouve d’abord dans le morceau de la collection de M. de Saint-
Genis, pl. I I . Jig. i , une partie antérieure d’un côté de la mâchoire
supérieure; on y voit les empreintes de trois molaires k , l , m
(\) Dimensions de ce morceau.
Longueur des quatre molaires' supérieures’. . „ ", . . . . . . . 0 0gg
Distance entre la pointe de la canine et le fond de l’échancrure nasale k. . . . . 0,096