n'occupe cependant pas une grande étendue, et se divise en lambeaux
épars; elle repose sur un gneiff, et est recouverte par un
grès micacé jaunâtre et par des blocs de serpentine, et d’une espèce
de granit dans lequel le diallage remplace le mica, deux roches
fort communes dans cette partie des Appenins, ou si l’on veut dans
cette partie des Alpes, car les deux chaînes s’unissent en cet endroit,
et c’est plutôt la nature des Alpes qui y domine.
On vient de m’envoyer des échantillons de ces blocs qui se trouvent
sur ces lignites, et M. Brongniart a bien voulu les examiner. C’est
une Euphotide diallagique | c’est-à-dire un mélange de feldspath
compact, de diallage, de serpentine , et de calcaire. Il la regarde
comme faisant partie de ces Ophiolites sur .lesquelles il a lu, il y a
quelque temps, à l’Académie un mémoire si intéressant. Dans l’opinion
de ce savant géologiste, les lignites de Cadihona sont de la formation
des collines tertiaires du pied de l’Apennin, postérieures, ou
tout au plus contemporaines de nos gypses.
M. Legallois a vu lui-même un amas d’ossemens qui occupoient
dans la houille un espace de huit pied de longueur, et qui parois-
soient avoir appartenu au même animal.
Il paroît que l’on y en découvre journellement davantage.
M. l’ahbé Borson, professeur de minéralogie à Turin, vient de
m’adresser des moules de morceaux nouvellement trouvés , et qui
complètent les notions que me donnoient ceux de M. Laffin.
1°. Des dents de la grande espèce.
Le premier des morceaux envoyés par M. Laffin, pl. LX X X ,
fig. 2 , est un fragment de mâchoire inférieure contenant les deux
dernières molaires, et cassé immédiatement avant la pénultième, et
à peu près à un pouce en arrière de la dernière.
La branche dont ce fragment faisoit partie étoit fort épaisse en
proportion de sa hauteur, et sous ce rapport, non moins que par
les tubercules de ses dents, elle sembleroit se rapprocher des Mastodontes.
En effet, sa hauteur verticale en avant de la pénultième molaire
est de o,o5 sur une largeur de o,o55.
La dernière molaire est longue de 0,07 et large de o,o3 ; sa
couronne est hérissée de deux paires de pointes coniques bien distinctes,
et d’une dernière pointe mousse et seulement un peu bifide.
Ces pointes ou pyramides sont obtuses mais non arrondies par le
sommet. La face externe de celles qui regardent en dehors est un peu
plus bombée que la face interne de celles qui leur sont opposées,
mais les faces par où elles se regardent ont chacune une arrête saillante,
irrégulière, quelquefois bifurquée, qui les rend anguleuses.
C’est surtout parce que leurs autres faces sont lisses et seulement
un peu bombées, et aussi parce quelles sont plus petites
et ont moins de pointes, que ces dents diffèrent de celles du Mastodonte
à dents étroites.
La pénultième molaire ne porte que quatre pointes, mais entièrement
semblables aux quatre premières de la dent qui la suit et
que nous venons de décrire. Sa longueur est de 0,04.2 , sa largeur
de 0,028.
M. Laffin a aussi envoyé le modèle en plâtre d’un autre morceau
contenant deux dents parfaitement semblables aux précédentes pour
la forme et pour la grandeur, mais dont la partie osseuse doit avoir
été écrasée dans la carrière par les bancs qui ont pesé sur elle, car
elle est beaucoup plus haute et moins large que dans le premier
morceau. Sa hauteur est de o,o85, et son épaisseur de o,o35.
Parmi les moules envoyés par M. Borson, il y a encore un
fragment de mâchoire inférieure aussi écrasé que le précédent,
et contenant seulement la dernière molaire , mais parfaitement
semblable à celles dont nous venons de parler et de la même
grandeur.
Le troisième des morceaux envoyés par M. Laffin , pl. LXXX ,
fig . 1 , appartient nécessairement à la mâchoire supérieure.
Il contient aussi deux dents molaires du côté gauche encore peu
usées , et très-remarquables par leur configuration.
Leur couronne est carrée, autant et plus large que longue.