Mais ce qu’il y a de plus remarquable dans ce morceau, c’est
une dent couchée en avant , tranchante par les côtés, se terminant
en pointe, convexe à sa face externe, et marquée à l’interne de deux
légers sillons parallèles à ses bords.
Cette dent, représentée par sa face interne et de grandeur naturelle,
pl. LXXX,fig. 6, est ou une incisive ou une canine. Sa longueur
hors de l’alvéole est de 0,042 , mais sa pointe est tronquée; sa
plus grande largeur de 0,027; sa plus grande épaisseur de 0,021.
Elle ressemble bien un peu. aux incisives inférieures de certains
Phalangers, ou à ces incisives inférieures un peu détachées des
autres que l’on nomme canines dans les Chameaux, du moins
telles quelles sont après la deuxième dentition dans certains individus;
mais elle ressemble aussi beaucoup à la canine inférieure du
Tapir, en sorte que je suis tout disposé A la regarder comme une
canine, à moins que des morceaux plus entiers ne viennent démentir
ma conjecture.
Je n’ai pas eu d’autres dents tenant aux mâchoires, mais M. Laf-
jin m’a envoyé le modèle d’une tres-grosse canine, écrasée,
pl. LX XX , fig- 3 , qui lui paroît avoir pu appartenir au même
animal.
Je n’oserois cependant regarder la chose comme certaine , parce
que je ne vois pas à la mâchoire inférieure de la figure 7 d’espace
pour la laisser passer, et quelle ne peut guère appartenir à cette
mâchoire elle-même.
La longueur de ce tronçon, brisé à sa pointe, est de 0,12 5, et son
plus grand diamètre au milieu de o,o4- Mais ce diamètre a peut-
être été augmenté par l’écrasement que la dent a subi.
Au reste on découvrira peut-être encore dans ces houillieres plusieurs
autres genres entre lesquels il faudra partager ces débris, et
il serait imprudent de vouloir déjà les raccorder lorsqu ils sont
encore si incomplets.
J’ai aussi reçu de M. Borson un tronçon de canine conique;
avec une seule arête bien marquée, ne ressemblant n i a i une ni a
l’autre de celles que je viens de décrire; cassée aux deux bouts,
elle a encore 0,04 de long, sur un diamètre, vers la base, de 0,027,
et vers la pointe de 0,02.
20. Des dents de la petite espèce.
Je n’ai qu’une dent, ou plutôt le modèle d’une dent, que je
dois à M. Buckland; c’est une dernière molaire entièrement semblable
à son analogue dans la grande espèce, si ce n’est que son dernier
tubercule est plus profondément bifurqué, et que ses deux lobes ne
sont pas entièrement à côté l’un de l’autre.
Sa longueur est de o, o33; sa largeur en avant de o, o i3. Ainsi
elle a moitié de l’autre espèce en longueur mais beaucoup moins en
largeur; elle est donc plus étroite à proportion.
Elle est teinte en noir par la houille comme celles de la grande
espèce.
3“. De quelques autres os.
Après avoir déterminé les espèces par les dents, il conviendroit
de répartir les autres os entr’elles, mais j’en ai trop peu pour cela.
C’est une tâche réservée à ceux qui habitant près de ces houillères, et
éveillés par mes indications, pourront engager les ouvriers à leur
mettre en réserve tous les os qui s’y trouveront, afin de pouvoir
les assortir et les caractériser.
En attendant, une portion inférieure d’humérus , bien qu’un peu
mutilée , m’a montré à sa poulie deux sillons et trois parties saillantes,
et un trou au-dessus de cette même poulie, deux caractères
qui se retrouvent dans l’Anoplothérium, comme on le voit page 129
et suivantes. Cependant la saillie mitoyenne est moins grosse à
proportion, et les latérales plus convexes que dans Y Anoplothérium.
Ainsi nous retrouvons ici ce qui doit toujours être d’après les loix
zoologiques: une ressemblance de famille et une différence de genre
ou d’espèce.