qui en fait naître successivement les différens genres par des deve-
loppemens ou des métamorphoses graduelles. Qui ne voit que chaque
genre, chaque espèce en particulier, est necessaire a 1 harmonie, a
l’équilibre de l’ensemble? Ne faut-il pas des mouches aux hirondelles,
des animaux herbivores aux animaux carnassiers, des herbes aux animaux
herbivores? et réciproquement chaque espèce n’a-t-elle pas
besoin detre restreinte dans sa propagation par des causes destructives
proportionnées ; et sous ce rapport ne faut-il pas des Hirondelles
aux Mouches, et des Quadrupèdes voraces aux Quadrupèdes paisibles?
On ne peut concevoir l ’existence d’une forme de vie, sans une
multitude d’autres formes qui la soutiennent ou la répriment g qui
l’excitent en divers sens , qui entretiennent en un mot a son egard ce
mouvement mutuel et universel qui fait la vie du monde, comme la
circulation et les fonctions qui l’entretiennent, font la vie des individus.
C’est ainsi qu’avec nos Palæotheriums et nos autres Pachydermes
des plàtrières, nous avons déjà vu qu’il vivait des Carnassiers de plusieurs
genres, de plusieurs grandeurs, et même des Marsupiaux;
l’ordre des Rongeurs avait aussi fourni à cette population ; et si les
débris en sont si rares, on doit l’attribuer moins à la rarete absolue
des animaux de cette famille , qu’à leur petitesse et à la facilite avec
laquelle leurs os ont pu être détruits avant de s’incruster , et a la
facilité plus grande encore avec laquelle leurs restes échappent à
l’oeil grossier des ouvriers qui ont seuls l’occasion de les voir et de les
recueillir.
Le squelette que je donne aujourd’hui, pl. L X V J I I , jig . 5 et 6,
n’a probablement été remarqué que par sa belle conservation, qui
devait frapper la vue la moins exercée.
11 a été divisé de manière qu’il en est resté une partie sur chaque
pierre ; mais il paraît que les côtes et les membres d’un côté avaient
été enlevés avant que l’incrustation fût complète.
Sur la pierre où il est resté le plus d’os, Jig. 6, on voit le moule
de la tête a , l ’empreinte de l’omoplate b , l’humerus ç , et l’avant
bras droit d; ainsi que le bassin e, le fémur ƒ , la jambe g et tout
le pied de derrière du même côté A. Il manque la main. Sur la pierre
opposée j _/îgv 5 ,■ on voit les incisives et une partie des molaires
gauches ; quelques portions du crâne et l’empreinte des membres
conservés sur là première pierre. Les vertèbres du cou sont peu
distinctes, mais on voit assez bien celles du dos et de la queue,
ainsi que les côtes.
Il n’y a que huit vertèbres de la queue, mais elle n’est pas complète
à beaucoup près, et l’on juge par la force de la huitième vertèbre
qu’il devait y en avoir encore après elle un assez grand nombre, et
que cette queue devait être longue.
La taille est celle de la Souris commune, ou du Muscardin (nuis
avellanarius), et si exactement, que deux individus d’une même espèce
pourraient différer davantage.
Les incisives ne laissaient aucun doute sur la classe ni sur le grand
genre dé l’aniniàl ; incisives de Rongeurs, elles sont coupées absolument
comme celles des rats. H ne s’agissait que de déterminer le
sous-genre, ce que les dents molaires dévoient faire aisément.
Elles montrèrent en effet bien vite que l’animal était du sous-
genre des Loirs, et même que dans ce sous-genre, c’est à l’espèce
du Loir proprement dit ( mus glis, L. ), qu’elles ressemblent le
plus.
Le caractère générique des molaires dans les Loirs est d’être au
nombre de quatre peu différentes pour la grandeur et dont les couronnes
présentent des arêtes transverses, qui ne pénètrent pas dans la
profondeur comme celle des Campagnols ; mais chaque espèce a ces
lignes autrement disposées. Hansle Muscardin (M. avellanarius'), elles
sont à peu près égales (comme cri Jig, 8) ; dansleLérot (M. nitela) , il y
en a quatre alternativement longues et courtes (comme en jig . g ) ,
et dans le Loir (M. Glis ), il y en a six alternativement longues et
courtes (comme en jig . 10). C’est cette dernière structure qu’offre
notre animal dans ses diverses dents, représentées jig . n , à la loupe,
et sous ce rapport il serait un véritable Loir ; mais sa taille n’étant
que celle du Muscardin, il est évident qu’il vient d’une espèce parti