» En creusant, on a trouvé deux squelettes entiers de ces énor-
« mes animaux. Les défenses, quoiqu’ayant perdu leur longueur,
» ont encore plusieurs pieds.
» On présume que ces éléphans auront pu être amenés dans le
» pays à l’époque de l’invasion des Tartares, sous la conduite de
» Mamày. »
(Journal de VÉtoile , du 4 janvier 1822. )
Ce qui certainement est plus singulier que la découverte, c est
qu’en décembre 1821, on n’ait pas su, ou que l’on ne se soit pas
souvenu à Pétersbourg, que l’empire de la Russie est plein de ces
os; que les environs de Woronesch sont particulièrement connus
pour les receler en grande abondance; que l’on y en avait déjà
trouvé beaucoup du temps de Pierre-le-Grand, et qu’aucune expédition
ni des Mongoles, ni des autres peuples, ne peut expliquer
ce phénomène.
Le Journal philosophique d’Edimbourg, d’avril 1821, page 4^6,
rapporte qu’une défense d’éléphant a été déterrée en creusant le
canal de l’Union près de Linlithgow, à environ 18 milles d’Edimbourg
, et que M Bald, qui l’a recueillie, a lu un mémoire à
ce sujet à la société Wernerienne.
Tout nouvellement, on a trouvé des os d’éléphant dans une caverne
du comté d’Yorck, près de Kirkdale, dans la vallée de la
Grove , petite rivière qui se jette dans la Rye. Ils y étaient pêle-
mêle avec des os d’Hyènes, de Tigres, de Rhinocéros, d’Hippopotames
, d’une grande espèce de Cerf, et de quelques autres rumi-
nans. Il y avait aussi des os de Renard et de Rat d’eau.
Toutes ces dépouilles étaient enveloppées d’une sorte de marne
en partie recouverte par de la stalactite, et la caverne creusée dans
une roche de calcaire oolitique avait une ouverture fort étroite ; en
sorte que ce dépôt ressembloit de tous points à ceux qu’on a découverts
en si grand nombre en Allemagne, et dont nous parlerons
au long dans notre quatrième volume.
M. le professeur Buckland a lu à la société royale , sur ce sujet
intéressant, un mémoire qu’il a bien voulu me communiquer, et
dont j’extrais cette notice en attendant le moment où je pourrai eu
faire un plus grand usage; M. Clift y a joint de très-beaux dessins
des pièces principales ; et tout nouvellement M. Salmouth m’a adressé
une belle collection d’échantillons choisis des différentes espèces, en
sorte qu’il ne me manquera rien pour bien faire connoître ce dépôt
remarquable (1).
J’avois parlé dans mon premier volume, page i 34, d’après la
carte géologique de l’Angleterre, des os d’éléphans trouvés sur la
cô te de Kent, près de Hamton, dans un lieu que recouvrent les hautes
marées. On vient d’y en découvrir encore, selon la gazette de K e n t ,
et avec un crâne du genre du boeuf.
On vient encore de déterrer, en novembre 1821, dans le faubourg
d’Abbeville, dit de Menchecourb, une belle défense d’éléphant., toujours
jointe à des os de rhinocéros, de cerf, de cheval et de boeuf.
On continue d’en trouver dans le Wurtemberg. M. Joeger, inspecteur
du cabinet royal de Stuttgard m’annonce qu’on en a encore
découvert près de la source d’eau minérale de Canstadt, dans la carrière
de tuf calcaire qui en a tant fourni. Ils y sont avec des os de
rhinocéros, d’hyène , et avec une immense quantité d’os de chevaux
et d’os de boeufs semblables à ceux que l’on trouve dans les tourbières
de Sindeljingen, à trois lieues delà; il y a aussi des os très-grands
de l’espèce du cerf.
(i)Cetté caverne où des os de grands Pachydermes étaient renfermés avec des os de Carnassiers
, montre une analôgiè sensible avec celle de Foment, département de la Haute-Saône,
dont j’ai parlé à la page 107 de mon premier volume, et à la page 5i du second.
Celle d’Oreslon, près de Plymouth, que j’ai mentionnée page 55 du second volume , a
offert un mélange de même nature. Outre les os de Rhinocéros que l’on y avoit découverts
en 1817 , on vient d’y trouver , ou du moins dans une caverne attenante , des os
d’Ours et de Cerfs que M. Whrtbey a envoyés au collège des chirurgiens de Londres, et
dont sir Everard Home a donné le catalogue dans les Transactions philosophiques de 1821 ,
première partie , page 133.
Ces réunions , et celles qu’on a observées à Breugue et à Poelitz ( voyez mon deuxième
volume première partie, pages 48 5o ) forment un phénomène d’un genre particulier et qu i
méritera l'attention des géologistes. Nous y reviendrons dans notre quatrième volume.