de longues oreilles qui l’auroient gêné dans son genre de vie aquatique,
et je penserois volontiers qu’il ressembloit, à cet égard, à V Hippopotame
et aux autres quadrupèdes qui fréquentent beaucoup les eaux.
Sa longueur totale, la queue comprise , étoit au moins de huit
pieds, et sans la queue, de cinq et quelques pouces. La longueur de
son corps étoit donc à peu près la même que dans un Ane de taille
moyenne , mais sa hauteur n’étoit pas tout-à-fait aussi considérable.
§ II. Rétablissement du squelette d‘Anoplotherium gracile,
pl. LX I II .
Il nous manquera pour celui-ci le tronc et la queue ; mais sa tête,
une partie de son cou et toute son extrémité antérieure nous sont
fournis ensemble, pl. RII; son tibia et son tarse se voient, pl. X XVII,
Jig. i ; son pied de derrière tout entier jusqu’aux phalanges onguéales,
pl. XV,Jig. i ; la tête inférieure de son fémur, pl. X X V I I I ,
Jig. 10 ; et l’os tout entier 1 pl. L U I , jig . 4 : enfin son pied de
devant dans son intégrité, pl. L X I ,f ig . 11 et 14. Il devoit avoir un
peu plus de deux pieds de hauteur au garrot, et égaler le Chamois en
hauteur, bien que sa tête et ses os ne soient pas si gros ; mais cela
tient à l’excessive élongation de ses membres ; sa tête égale à peine
celle de la Corinne. On voit qu’autant les allures de XAnoplotherium
commune étoient lourdes et traînantes quand il marchoit sur la terre,
autant le gracile devoit avoir d’agilité et de grâce ; léger comme la
Gazelle ou le Chevreuil, il devoit courir rapidement autour des
marais et des étangs où nageoit la première espèce ; il devoit y paître
les herbes aromatiques des terrains secs, ou brouter les pousses des
arbrisseaux; sa course n’étoit point sans doute embarrassée par une
longue queue ; mais , comme tous les Herbivores agiles, il étoit probablement
un animal craintif, et de grandes oreilles très-mobiles ,
comme celles des Cerfs , l’avertissoient du moindre danger ; nul
doute, enfin, que son corps ne fût couvert d’un poil ras, et par conséquent
il ne nous manque que sa couleur pour le peindre tel qu’il
animoit jadis cette contrée où il a fallu en déterrer, après tant de
RÉ SUM É G É N . E T R É T A B L IS S EM E N T D E S SQ U E L E T T E S . 249
siècles, de si foibles vestiges. Remarquons en passant qu’ainsi revêtu
de sa peau, s’il eût été rencontré par quelques-uns de ces naturalistes
qui veulent tout classer d’après des caractères extérieurs , on n’eût
pas manqué de le ranger avec les Ruminans, et cependant il en est
à une assez grande distance par ses caractères intérieurs , et très-
probablement il ne ruminoit pas.
§ III. Rétablissement d’une partie du squelette de l’Anoplotherium
leporinum.
Nous n’avons ni son cou, ni son tronc, ni sa queue ; mais sa
mâchoire inférieure nous est fournie plusieurs fois, pl. V I I I , Jig. 3
et 4 ; pl. IX , Jig. 1 ; pl. X I I , Jig. 4- Nous pouvons aisément refaire
une tête dessus, d’après l’analogie des deux espèces précédentes.
Nous avons sa jambe et son pied de derrière, pl. X X I I I , Jig. n ;
son avant-bras et son pied de devant, ibid. ,Jig. 9 et 10 ; son humérus
, pl. XXX , Jig. i 3 à 16 , et son fémur , pl. X L V , Jig. 7.
Si XAnoplotherium gracile étoit, dans le monde antédiluvien,
le Chevreuil de notre région , XAnoplotherium leporinum en étoit le
Lièvre ; même grandeur, même proportion de membres devoit lui
donner même degré de force et dé vitesse , même genre de mou-
vemens.
A r t i c l e I II.
Résumé général, et caractères zoologiques des deux genres et de
leurs espèces.
En dernière analyse, il résulte des longues combinaisons et recherches
dont ce chapitre se compose jusqu’ic i, que nos environs
fournissent au catalogue systématique des animaux, deux genres entièrement
nouveaux , que l’on peut caractériser ainsi :
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