FOSSILES DE PARIS,
juger que l’empreinte représentée, fig. i. Celui des Sarigues a quelque
chose de tout particulier. Il se ploie eu dedans avec tout le
bord inférieur de cette partie de la mâchoire, de manière qu’il faut
regarder en dessous pour le bien voir. I c i, l’empreinte n’offroit aucune
trace de ce repli, soit parce que cette partie de l’os avoit été
écrasée ou aplatie par la pierre qui s’étoit formée dessus , soit pour
toute autre cause; mais lorsque j ’eus creusé jusqu’au côté droit de
la mâchoire qui étoit enfoncé dans le plâtre , et que je répresente ,
fig. 2 , en c , j’y trouvai précisément ce pli qui caractérise la famille
des Pédimanes, et je l’ai conservé avec soin, même en creusant
pour chercher les molaires supérieures; je l’ai conservé, dis-je; tel
'que je l’ai dessiné, fig. 3, c.
L ’examen particulier des dents confirma ce que la forme des
mâchoires m’apprenoit : je leur trouvai avec les caractères généraux
de dents d’insectivores , des caractères absolument propres aux
Pédimanes et surtout aux Sarigues.
Elles sont dents d’insectivores, parce qu’elles sont hérissées de
tubercules aigus, et non tranchantes, ni à couronne plate.
- Mais voici leurs caractères propres : celles d’en haut que l’on voit
en position, f ig . 3 , et dont une est représentée grossie à la loupe,
fig- 7 > ont une couronne triangulaire : la base du triangle est le
bord externe, la pointe est au bord interne. Il y a trois petites pointes
en forme de crochets ou de pyramides triangulaires : l’une est à la
pointe interne du triangle, les deux autres vers le milieu de la
dent, l’une derrière l’autre ; en dehors de celle-ci est un bord lisse, un
peu en forme de croissant, qui constitue le bord extérieur de la
couronne.
Si nous les comparons maintenant à celles des espèces voisines,
nous trouvons que les molaires supérieures du Hérisson sont carrées,
et a quatre pointes placées aux quatre angles; que celles du
Tanrec sont triangulaires et aiguës, avec trois pointes dont deux
au bord externe; que celles de la Taupe sont triangulaires, mais
tres-obliques, et ont sept pointes ; celles des Chauve-Souris se rapprochent
un peu plus : elles sont triangulaires et peu obliques ;
mais elles ont sept pointes comme celles de la Taupe. C ’est absolument
à celles des Sarigues qu’il faut en venir pour trouver une
ressemblance réelle ; elles sont triangulaires : elles ont les mêmes
trois pointes placées semblablement; et le bord extérieur est divisé
en trois dentelures qui, en s’usant, peuvent produire une ligne lisse,
pareille à celle de nos dents fossiles.
La dernière molaire supérieure des Sarigues est aussi parfaitement
semblable et coupée obliquement à son bord externe, comme celle
que nous offre notre fossile, en d ,fig . 3.
Le nombre de ces dents triangulaires dans les Sarigues est de
quatre, et notre fossile nous en offre aussi quatre; mais il y en a en
avant dans les Sarigues trois tranchantes, et nous ne pouvons savoir
si elles existoient dans notre animal, puisqu’il n’est rien resté entre
la première molaire triangulaire e et la canine ƒ.
C’est aux Sarigues seulement que se restreint cette analogie des
dents mâchelières supérieures. Les autres Pédimanes les ont déjà
différemment faites ; dans les Péramèles elles sont très-obtuses à
leur côté interne ; les Phalangers et les Pétauristes les ont carrées
avec quatre ou cinq pointes principales; et dans les Kanguroos et
les Phascolomes elles ont des collines transverses qui s’usent par la
mastication, et forment des couronnes plates.
Les seuls Dasyures ou Sarigues à queue velue et non prenante
de la Nouvelle-Hollande ont, pour les dents, avec notre animal,
une analogie égale à celle des Sarigues ordinaires d’Amérique.
Les mâchelières inférieures, ressemblent encore à celles des Sarigues.
Leur ressemblance est telle qu’il n’y a pas moyen d’y indiquer
d’autre différence que celle de la grandeur; j’ai montré la
fig. 6 que j’avois faite à la loupe, avant d’avoir reconnu ces rapports
de mon animal avec les Sarigues ; je l’ai montrée, dis-je, à plusieurs
personnes, à côté de la correspondante du grand Sarigue de Virginie.
Ces personnes ont cru que c’étoit cette dernière que j’avois
voulu dessiner. C’est la pénultième du côté droit g , fig. 2; elle se
distingue de l’antépénultième, parce que la petite pointe de derrière
a ,fig . 6, y est plus sensible ; mais l’une et l’autre a six pointes,
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