doit le faire croire, il avoil une petite trompe pour compléter ce qui
manque à son cou et à sa tête poùr égaler son train de devant.
Le fémur a dû avoir à peu près 0,12 ou o ,t3 ; le pied avoit 0,14 ,
et sans le calcanéum 0,12, nous pouvons aisément donner autant à
la jambe; ce sera pour l’extrémité postérieuré o,36. Nous avons vu
que l’extrémité antérieure a dû avoir o,3, c’est-à-dire 0,06 de moins,
proportion très-ordinaire et assez commode pour donner à l’animal
de la facilité à la course.
Nous sommes donc à présent les maîtres de dessiner le squelette
presque entier de notre animal ; et le squelette une fois reconstitué,
il n’y a rien de si aisé que d’y attacher des muscles, puisque les limites
des muscles sont déterminées d’une manière absolue par les apophyses
des os auxquelles ils prennent les attaches.
Le pied de devant ne nous a encore donné à la vérité que quelques
os ; mais, comme nous connoîssons celui du Paloeotherium medium,
nous ne serons pas bien téméraires en supposant que le pied du Palceotherium
minus n’en différait que par la grandeur, et non par le
nombre des doigts,
§ 11. Squelettes d’Anoplotherium.
1". Squelettes d’Anoplotherium commune.
Le deuxième morceau fut d’autant mieux venu pour moi, qu’outre
ce qu’il m’apprenoit sur les os du tronc, il çpnfirmoit des rappro-
chemens jusqu’alors en grande partie déduits du seul raisonnement
entre les os des pieds et la tête.
On découvrit en 1806, dans la grande carrière de Montmartre,
dans le milieu de la couche dite des hauts piliers, le squelette presque
entier d’un animal de la grandeur d’un petit cheval. Les ouvriers
recueillirent avec assez de soin, et m’apportèrent cinq grosses pierres
A , B , C , D , E , pl. XXXV, qui se rapprochoient encore par leurs
R É T A B L I S S E M E N T D E S T R O N C S ,
jointures naturelles, e t . qui comprenoient une grande partie de la
queue, le bassin, les côtes, les deux tiers du fémur, et quelques
os épars du pied de .derrière. Ils m apportèrent aussi deux autres
pierres qui contenoient les deux mâchoires; mais la partie qui joi-
gnoit cette tête au tronc étant tombée en petits éclats, ils négligèrent
de la recueillir. Ce squelette, comme tous ceux des grandes espèces'
de nos carrières , ne conservoit que les os d’un seul côté, celui sur
lequel le cadavre étoit tombé, le côté opposé ayant été détaché et enlevé
avant que la pierre à plâtre ait pu l’incruster. Il paroit aussi que,
pendant cet intervalle, une cause quelconque, peut-être des animaux
voraces avoient fait disparaître l’extrémité antérieure, et enlevé
et rongé une partie de la postérieure; car il fut aise de voir que
le bas du fémur (a) avoit été emporté avant d’être incrusté. La même
cause avoit sans doute détaché la jambe et séparé les os du pied :
mais il n’en restoit pas moins constant pour quiconque jetoit un coup
d’ceil sur ce beau morceau, qu’il nous présentoit une portion considérable
du squelette d’un seul et même animal ; que ces mâchoires
, ces côtes, ce bassin, cette queue, ces os du pied se sont
appartenus, et qu’ils sont les restes d’un cadavre tombe dans le
liquide où se cristallisoit le gypse.
Or il fut bien plus facile encore de s’assurer qu’il présentoit tous
les caractères de l’Anoplotherium commune, tels que je les avois
établis sur des morceaux isolés.
Nous avons conclu , dans notre première section, art. III, que
l’Anoplotlierium devoit avoir 44 dents , savoir 11 de chaque coté ,
à chaque mâchoire, sans canines saillantes. On voit ici en effet,
en b , c i 22 dents du côté droit ; 11 en haut et 11 'en bas, toutes
avec les figures que nous leur avions déterminées.
20. La combinaison de ces têtes à quarante-quatre dents avec les
grands pieds de derrière didactyles, que nous avons établie dans
notre quatrième section, art. III, se trouve aussi pleinement confirmée.
Le calcanéum , le scaphoïde, le cunéiforme , le métatarsien et les
phalanges éparses dans l’une de nos pierres (E ) , sont précisément
les os dont nous avons composé ce pied.