Depuis plus de vingt ans que l'on m'apporte journellement des os
de Montmartre, il ne m’est arrivé qu’un second morceau que j’aie pu
croire de cette espèce , et il n’y a que peu de temps que je l’ai reçu.
C’est une base incomplète de crâne et de face , représentée,
pl. L X V I I I , f ig 1 , qui offre quelque chose de la région mastoïdienne
d’un côté, a ; les deux facettes glénoïdes, b, b\ les deux arcades
zygomatiques, c , c ; la partie postérieure du palais d ; et les apophyses
ptérygoïdes, e , e ; les trois arrière-molaires de chaque côté,
f , g , h , dont la dernière, h , ne fait que poindre ; trois molaires
de remplacement, i , k , l , dont la dernière,/, ne fait aussi que
de poindre ; la première des trois manque d’un côté , et la seconde
de l ’autre, mais on a la forme de toutes les trois. En avant
est un espace, m , dont on ne peut dire s’il était vide ou s’il contenait
une dent, et en avant encore est une dent conique et légèrement
comprimée, n , qui paroît répondre à la première molaire du
morceau précédent. Un des côtés de cette base de tête, j ig 2, conserve
le bord inférieur de l’orbite o , et montre ainsi la place de l’oeil.
Il est facile de s’assurer d’après ce système dentaire que l’animal,
dont nous avons ici un débris , ne ressemble ni aux Palæotheriums
ni aux Anoplotheriums, ni même à aucun genre connu.
C’est un Pachyderme, à n’en pas douter, d’après les tubercules
de ses molaires et les faces planes de ses facettes glénoïdes.
Quelles étaient ses incisives ? rien ne nous l’apprend encore. Avoit-
il en haut une canine comme en bas ; c’est ce qu’il est permis de
croire , sans que toutefois on en ait la preuve certaine.
La première molaire supérieure, n, est semblable à l’inférieure par
sa forme , par ses grosses racines écartées ; elle n’en diffère que par
un très-léger tubercule de son bord postérieur. Il est probable que
derrière elle en était une analogue à la seconde d’en bas, et qui avoit
un vrai lobe au bord postérieur.
La suivante -, celle qu’on voit en place en i , est plus épaisse, et
approche davantage de la figure d’un gros cône obtus. En arrière de
sa pointe , et un peu au-dessous , est aussi un petit tubercule formant
comme un second lobe.
La quatrième , celle qui se voit en k , est en forme de gros cône
mousse et simple ; mais autour de sa base du côté interne elle a
un collet saillant très-marqué.
La suivante l , qui est la dernière des molaires de remplacement,
et qu’on voit des deux côtés est même plus large que longue ; elle
a non - seulement un simple collet à sa base interne. Mais il y a
encore au-dessus de ce collet un autre collet plus gros, et dont le
milieu saille en forme-de tubercule. La pointe du cône est un peu
échancrée.
Les trois arrière-molaires , ƒ , g , h , sont à peu près carrées, et
toutefois un peu plus larges que longues.
Leur couronne offre quatre pointes ou tubercules principaux , en
forme de cônes- mousses ; entre les deux antérieurs en est un cinquième
un peu plus petit, et entre les deux postérieurs un sixième
encore plus petit.
Au milieu des quatre grands est une petite proéminence irrégulière
et légèrement bifurquée ; enfin , toute la dent est entourée d’un
collet qui s’élève lui-même en tubercules, à l’angle antérieur externe
, et vers le milieu du bord externe.
Les trois arrière-molaires se ressemblent, si ce n’est que la seconde
est plus large que la première , et que la troisième a son
angle postérieur externe plus émoussé que les autres, ce qui rend
le contour de sa couronne un peu plus oblique.
Elles ont quelques rapports avec leurs analogues dans le Babiroussa,
et surtout dans le Pécari ; mais outre la différence de grandeur , elles
sont plus larges à proportion, et elles ont un collet bien marqué qui
manque à celles de ces deux sous-genres.
D’ailleurs les molaires de devant sont très-différentes.
L’arcade zygomatique, c c , s’écarte plus du crâne dans notre
animal que dans aucun Cochon connu. Sa facette glénoïde est plane
comme celle du Pécari, mais elle est plus large yson angle interne
inférieur est plus dilaté, et son rebord Saillant occupe plus d’espace
en travers. L’arcade zygomatique paroît d’ailleurs avoir eu des rapports
avec celle du Pécari par sa direction rectiligne, et l’élargis