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Le cara&ère effentiel de ce genre eft d'avoir:
Un calice renflé ; une corolle tubuleufe y cinq étamines
y un ftigmate alongé y une baie a deux loges ,
renfermée dans le calice y des femences rêniformes. v
C a r a c t è r e générique.
Chaque fleur offre :
i°. Un calice fort grand, renflé , ovale , à cinq
découpures concaves, lancéolées, aiguës, colorées
, perfiftintes.
2°. Une corolle monopétale, tubuîée, dont l'orifice
eft dilaté, relevé en bu {Te , rétréci a l'ouverture
; le limbe fort petit, à cinq découpures
un peu arrondies, ouvertes.
3°. Cinq étamines, dont les filamens font filiformes,
inférés fur le tube de la corolle, vdus à
leur bâte , furmontés d'anthères oblongues, lancéolées.
4°. Un ovaire fupérieur, furmonté d'un fl y le
filiforme, de la longueur des étamines, terminé
par un ftigmate oblong, légèrement échancré à
fbri fommet.
Le fruit eft une baie ovale , enveloppée par le
calice perfiftant, à deux loges , renfermant plu-
fieurs femences oblongues , rêniformes , fans
pulpe.
Obfervations. Ce genre a été confacré par
MM. Ruiz & Pavon, à la mémoire de don Georges
Juan & de don Antoine Ulloa , qui ont voyagé
dans le Pérou, pour y faire des observations phy-
fiques, aftronomiques , & des recherches fur 1 nif-
toire naturelle de ce pays, qu'ils ont publiées dans
la narration de leur voyage, imprimée à Madrid
en 1748.
E s p è c e .
1. Ulloa parafite. Ulloa parafitica.
Ulloa foliis oblongis, aciiminatis ; racemis de-
péndentibus , dichotomis. Perf. Synopf. Plant, vol.
I. p. 218.
Juanulloa parafitica. Ruiz & Pav. Flor. peruv.
vol. 2. pag. 47. tab. i8y.
Ses racines font fibreufes $ elles produifent plu-
fieurs tiges ligneufes , fouples, pendantes, cylindriques,
médiocrement rameufes & prefque fans
feuilles à l'époque de la floraifon ; les rameaux fem-
blables aux tiges-, alternes, diftans, pleins de
moelle , de couleur purpurine. De chaque bour-
geon forcent cinq à fix feuilles, qui deviennent
enfuite alternes , pétiolées, oblongues, un peu
épaifles, entières , légèrement finuées à leurs ]
bords, à peine veinées, acuminées à leur fommet,
un peu blanchâtres en deflous, longues d'environ
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fix à neuf pouces, fur au moins trois à quatre
pouces de large > les pétioles cylindriques, cana-
liculés à leur partie fupérieure, un peu courbés
à leur bafe, environ deux fois plus courts que les
feuilles.
Les fleurs font difpofées, à l'extrémité' des
rameaux, en grappes pendantes, ayant leurs ramifications
dichotomes, chaque fleur foutenue par
un pédicelle très-court, cylindrique. Le calice,
la corolle, ainfi que les fruits, font d'ùnecouleur
écarlate a fiez vive j les divifions du' calice acuminées
j le tube de la corolle un peu plus long que
le calice ; le limbe ouvert, à cinq lobes très-courts,
arrondis, obtus ; les anthères droites, lancéolées,
prefque de la longueur des fiiainens. Le fruit eft
une baie un peu ovale , de la groff- ur d'une ce-
rife, divifée en deux loges ; des fèmeuces nom-
breufes , violettes , prefque rêniformes, renfermées
pêle-mêle dans chaque loge.
Cette plante eft parafite ; elle croît fur le tronc
des arbres, dans les grandes forêts du Pérou ; elle
fleurit dans les mois d'aout & de feptembre. Les
feuilles ont une faveur âpre , un peu allringente.
J) ( Dcfcript. ex Rui[ & Pav. )
ULVE. Ulva. Genre de plantes acotylédones,
. cryptogames,, de la famille des algues, qui a de
grands rappors avec les varecs (fucus ) & avec les
conferves ; il comprend des herbes aquatiques *
marines , d’un port très-différent, planes ou tubu-
leufès, les unes membraneufes, d’autres coriaces,
quelques-unes gélatineufes, tranfparentes, la plupart
dépourvues de nervures, ou n'ayant qu’une
nervure longitudinale.
Le caraCtère eftentiel de ce genreconfifte dans:
Une fubfiance membraneufe ou coriace, tubuleufe
ou véficuleufe , mince, tranfpa-ente y dans quelques
efpèces des petits grains épars fous Vépiderme , d’oii
ils ne peuvent fortir que par fa defirubtion , 6* qu’ort
Joupçonne être les femences y femences inconnues ou
non apparentes dans beaucoup d’autres.
Obfervations. Il eft difficile, en traitant des
plantes marines, de ne pas être effrayé des difficultés
prefqu'infurmontables qu'elles préfentent,
& des erreurs qui font les fuites néceffaires &
inévitables d'obférvàtions imparfaites. Nées dans
le fein des mers , & peut-être" à des profondeurs
confidérables, le plus grand nombre de ces plantes
échappe aux obfervations qui ne peuvent fe porter
que fur des individus fouvent tronqués & non développés,
que les vagues arrachent à leur lieu
natal, & dont ils jettent les débris fur les rivages ,
ou bien les obfervations fe bornent au très-petit
nombre de celles qui croiflent fur les rochers, fur
les pierres ou fur le fable des bords de la mer, &
qui font pour nous d’un accès plus facile ; mais le
nombre de ces plantes, réduit au plus à quelques
centaines,
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centaines, eft certainement bien foible, en com-
paraifon de celles qui habitent l'immenfité des
mers ; car fi l'on excepte peut-être les grandes
profondeurs , ne fommes-nous pas portés à croire
que le vafte baflin de l’Océan & des Méditerra-
nées eft garni d'autant de végétaux que la terre en
porte à fa furface j qu’ils diffèrent entr'eux |elon
les localités, les profondeurs 5 félon la nature du
fol pierreux, fabloneux, vafeux, & c .} que leur
exiftence nous eft d'autant moins connue , que la
nature a organifé ces fortes de plantes de manière
a pouvoir réfifter à I'impétuofité & à la fureur des
vagues. La plupart n'ont pas de racines, mais elles
tiennent aux rochers par une forte, d’empâtement
fi fort, qu'il eft difficile de les en arracher fans les
déchirer 5 leur feuillage eft très-lifte, fouple,
membraneux ou coriace, fufceptible de fe prêter
à tous lesmouvemens des vagues fans en être endommagé
: d'où il réfulte que la très-grande malle
des plantes marines nous fera toujours inconnue,
& que le très-petit nombre de celles que les flots
nous, apportent, ne peuvent être foumifes qu’à
des obfervations imparfaites , d'où il réfulte encore
que ces plantes ne forment au plus que fix
ou huit genres, tandis qu'on en compte plufieurs
mille pour les plantes terreftres. Ces genres font
établis fur une fructification à peine connue, aflez
fenfible dans quelques efpèces , douteufe dans
plufieurs autres , & absolument nulle dans un
grand nombre.
Les deux principaux genres de cette famille
font les ulves & les'varecs (fucus): les limites
qui les féparent, font fort fouvent difficiles à fai-
fir. En précifant davantage les caractères que
Linné leur avoit d’abord affignés , on distinguera
les ulves des varecs, en ce que la fructification
dans les premières confiftera en grains ou petits
tubercules épars fous l’épiderme, n'aboutiflant à
aucun conduit extérieur , & ne pouvant fortir
fans emporter .avec eux la portion de la feuille qui
les renferme. Dans les varecs, ces tubercules
aboutiflent à de petites ouvertures externes , &
fortent de la feuille fans la déchirer : ils font ou
places fous 1 épiderme , fouvent réunis dans un
renflement particulier, ou placés latéralement le
long des tiges ou des feuilles, plufieurs efpèces
étant d’ailleurs munies de véficules remplies d’air,
que Linné préfumoit devoir renfermer des fleurs
mâles. Les tubercules, dans ces deux genres j contiennent
ordinairement de très - petits grains
qu’on croit être les véritables femences. Une expérience
de Stackoufe paroît confirmer cette opinion.
Ce favant ayant femé les tubercules du
fucus canaliculatus dans de l'eau de mer renouvelée
toutes les douze heures, il les a vu lever au bout
de huit jours. Les jeunes plantes reffembloient, au
moment de leur naifîance, aux coupes d’où fort
Je fucus loreus.
Cette diftinCtion entre les ulves & les varecs
Botanique. Tome FUI,
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laifferoit peu de difficultés fi ces caractères étoient
toujours faciles à faifir > mais il eft aflez fouvent
extrêmement difficile de reconnoître fi les tubercules
épars fous l’épiderme du feuillage abou-
tifient ou non à une ouverture extérieure. Il eft
d’ailleurs un grand nombre d’efpèces qu'on a rangées
arbitrairement dans l’un ou l’autre de ces
deux genres, donc la fructification n'a pas encore
été obfervée. Leur port extérieur a décidé pour
un genre plutôt que pour l'autre.
Les vulves fe préfentent fous la forme d'expan-
fions membraneufes, quelquefois coriaces * tranfparentes
, planes ou tubuleufes, quelques-unes
gélatineufes, dépourvues la plupart de nervures
longitudinales,de formes très-variées. Les varecs,
rapprochés des ulves par le port de plufieurs de
leurs efpèces, font en général plus coriaces, fouvent
ramifiés en petits arbrifféaux , quelques efpèces
offrant, outre les tubercules de la fructification
, des véficules particulières , aflez remarquables,
remplies d’air, & quelquefois garnies
intérieurement de petits filamens cotoneux. On
trouve aufli des efpèces filamenteufes qui fe rapprochent
par leur forme des conferva , mais qui
en diffèrent en ce que ces filamens rte font ni
articulés ni divifés par cloifons. Les efpèces
membraneufes font traverfées par une forte nervure
longitudinale.
De la forme différente des ulves, il réfulte dans,
ce genre des coupes aflez naturelles : ainfi l'on
aura, i°. les ulves membraneufes, planes ou plif-
fées, pédonculées ou fefliles, fans nervures ou
traverfées par une nervure longitudinale, ou marquées
de zones tranfverfales l la fru&ification
connue ou inconnue 5 20. les ulves tubuleufes,
fimplesou rameufes,cylindriques ou comprimées ;
3°. les ulves gélatineufes ou remplies intérieurement
d’une gelée qui renferme de petits grains
qu'on foupçonne être les femences : il eft à pré-
fumer que ces coupes, aflez bien tranchées, indiquent
l’exiftence d’autant de genres particuliers,
mais dont rétabliflement exigeroit de nouvelles
obfervations & des connoiftances plus précifes fur
les organes qu'on croit être ceux de la fructification.
E spèces.
* Feuillage membraneux avec ou fans nervures.
I. Ulve queue de paon. Ulva pavonia. Linn.
Ulva plana, reniformis i feffilis , decuffatïm firiata.
Linn. Syfl. veget, pag. 972. — Hudf. Angl. 566.
-—Withering. Bot. 3. pag. 228.— Leigfoot. Scot.
966. j y Desfont. Flor. atlanr. vol. 2. pag. 428.
— Decand. Flor. franç. vol. 2. pag. 17. — Allion*
Flor. pedem. pag. 333. n°. 2634.
Fucus pavonius , fronde coriaceâ , plana , reni