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prétendu que ces fleurs ne paroiffoient qu'une feule
fois pendant la vie du bambou, mais cette affer-
tion nous paroît extrêmement douteufe.
Cet arbre croît naturellement dans les deux
Indes,
Les avantages que nous offrent les bambous
font prefqu'égaux à ceux que Ton retire d'un
grand nombre de palmiers , & , ce qu'il n'eft pas
inutile de remarquer, les produits font à peu près
de la même nature. Les jeunes pouffes renferment
fouvent une moelle fpongieufe , d'une faveur
agréable & fucrée,. dont les Indiens font très-
avides. Lorfqu'elles ont acquis plus de folidité ,
il découle naturellement de leurs noeuds une liqueur
mielleufe que Ton croit être le tabaxir des
Anciens, fans en avoir la certitude. Elle fe coagule
par l'aCtion du foleil, & fe convertit en larmes
dures & concrètes , qui font un véritable
fucre dont on faifoit autrefois un grand ufage
avant la découverte & la culture de la canne à
fucre.
Uaçkar eft une compofition très-recherchée
dans les Indes , dont les jeunes rejetons du bambou
font partie i ils font très-fucculens, & four-
niffent feuls un aliment agréable & fain.
Les Indiens fabriquent avec le bois du bambou
, qui eft très^dur, des meubles d’une grande
folidité & d'un long ufage j ils l'emploient également
pour la conftruCtion de leurs palanquins &
de leurs maifons, ainfi que pour celle de leurs bateaux.
Comme ce bois , malgré fa dureté , a de
la foupleffe lorfqu'ileft divifé & fendu en petites
lanières , ces mêmes Indiens en font des nattes.,
des corbeilles, des boîtes & plufieurs autres petits
ouvrages élégans.C'eft aufli avec fes jeunes tiges
que l'on fait ces cannes connues fous le nom de
bambous. Enfin , la dureté du bois eft telle , que
lorfque les Indiens veulent fumer du tabac ou
allumer leurs gargoulis , ils en frottent deux morceaux
, & , fans que ce bois s’ enflamme ni étincelle
, une feuille fèche qu’on applique deflus
s'enflamme à l’inftant. On fait à la Chine une grande
quantité de papier avec la pellicule qui enveloppe
le bois du bambou : la plupart des livres imprimés
à la Chine font de ce papier,
2. V oülou guadua. Bambos guadua. Bonpl. &
Humb.
Bambos paniçuld laxâ ; fpiculis paucis , uni-bi-
pollicaribus, fubarcuatis ; foliis angufio - lanceolqtis.
Bonpl. & Humb. Voyage au Pérou, pag. 68. tab.
20. Sub bambufa.
Cette plante, qui fe préfente fous la forme d'un
arbre de moyenne grandeur, s'élève, à la hauteur
de trente-fix pieds, fur une tige droite, noueufe,
cylindrique, très-glabre, de feize pouces de cir-
çpjiférençe j les efpaces compris entre les noeuds
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longs d'environ un pied, creux intérieurement,
remplis le plus fouvent, jufqu'au tiers environ,
d'une eau très-claire, agréable à boire, & offrant
quelquefois des concrétions pierreufes, qui portent
le nom de tabashir. Ces tiges fe divifent, depuis
leur bafe jufqu'à leur Commet, en rameaux
cylindriques } ceux du haut plus rapprochés, fafti-
giés, piquans, recourbés dans leur jeuneffe, puis
redreffés.
Les feuilles font planes, alternes, longues de
fix à fept pouces, lancéolées, étroites, arrondies
à leur bafe, caduques, articulées au Commet des
gaînes. Celles-ci font membraneufes, de la longueur
des entre-noeuds, perfiftantes long-tems
après la chute des feuilles, couvertes extérieurement
de poils courts, très-nombreux, rudes au
toucher j ciliées fur leurs bords > munies de poils
à leur orifice.
Les fleurs font difpofées en plufieurs épis terminaux
, longs d'un à deux pouces, cylindriques,
acuminés, légèrement arqués, formant par leur
enfemble une panicule lâche. Chaque épillet eft
compofé d'une balle calicinale, à deux valves,
contenant fept à huit fleurs ; la balle corollaire
égalèment formée de deux valves $ l'extérieure
lancéolée , concave, embraflant l’intérieure ;
celle-ci eft plus mince, prefque triangulaire , à
bords renttans, contenant fix étamines , dont les
filamens font blancs, très déliés, plus longs que
les valves, foutenant des anthères oblongues, vacillantes.
L’ovaire eft pédiceîlé , parfera,é de petits
poils blancs, furmonté d'un ftyle court & droit,
terminé par trois ftigmates plumeux , d'une belle
couleur violette. On diftingue à la bafe de l’ovaire
deux écailles oppofées , ovales, dentées à leur
fommet. Les femences font folitaires, renfermées
dans la valve intérieure de la corolle.
Cette plante croît au Pérou , fur les montagnes
& dans les vallées, où elle a été découverte par
MM. Humbolt & Bonpland. I? ( V. f in hçrb.
Desfont. )
ce C ’eft furtout dans les montagnes de Quindiu,
difent les célèbres voyageurs cités plus haut, que
croît le bambufa guadua. Il forme des forêts de
plufieurs lieues d’étendue, & paroît fe plaire dans
les endroits élevés qui offrent une température
douce } il defeend aufli dàns les vallées très-chaudes
; jamais on n'en voit fur les hautes montagnes.
Nous avons coupé un grand nombre de bambous,
& dans tous nous avons trouvé de l’eau claire
d'un goût très-agréable. Dans qyelques-uns feulement
nous avons vu des concrétions pierreufes,
femblables à celles du bambufa arundinacea. Elles
font d'un blanc-fale à l'extérieur, & d’un blanc
de lait à l ’intérieur. »
M. Vatiquelin, qui a fait l’analyfe de quelques-
uns de ces morceaux apportés par M. Humbolt,
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a trouvé que ces concrétions étoient compofées
de foixante & dix centièmes de filice, & de trente
de potaffe & de chaux, dont il faut déduire quelques
centièmes pour les débris de matière végétale.
Les bambous en Amérique offrent les mêmes
avantages que dans l'Inde. Le bambufa guadua eft
employé feul pour conftruire des maifons entières.
Les chaumes les plus vieux & les plus gros fervent
à faire les murs i avec les plus petits on forme le
premier toit } le fécond eft compofé des jeunes
rameaux encore garnis de feuilles , & dont on
met plufieurs couches les unes fur les autres. Les
ortes, les tables, même les lits, font faits de
ambous.
Les avantages que trouvent les habitans de l'Amérique
à fe fervir de cette plante plutôt que des
bois très-élevés & très-durs qui les environnent,
font : i°. dans la facilité qu'ils ont pour les couper,
& les tranfporter à de très-grandes diftances j
2°. dans le peu de travail qu’ris demandent, puif-
qu'ils les emploient entiers ou feulement fendus
longitudinalement en deux* $°. dans la durée, qui
peut être comparée à celle du meilleur bois j
4°. enfin, c’eft que leurs maifons, toutes à jour &
préfervées de l'ardeur des rayons du foleil par un
toit épais & large, confervent intérieurement une
température fraîche & agréable au milieu de la
plus forte chaleur du jour.
3. V oulou à larges feuilles. Bambos latifolia.
Bonpl.
Bambos fpiculis fafciculatis , teretibus ; culmo fub-
arcuato 3 indivifo ,• foliis lanceolatis , acutis. Bonpl.
& Humb. Voyage au Pérou, pag. 73. tab. 21.
Ce bambou eft facile à diftinguer par fon chaume
légèrement arqué dans fa longueur, & par le bouquet
4^ rameaux qu'il porte à fon fommet. Ses
tiges s’élèvent à la hauteur de vingt-quatre pieds }
elles font noueufes, légèrement arquées, glabres,
luifantes, cylindriques, très-fimples, excepté à
leur fommet, où elles fe divifent en un grand nombre
de rameaux difpofés par faifeeau, partant tous
des articulations. Les plus jeunes, courbés vers la
terre, fe terminent en une pointe très-aiguë, fe
redreffent par le développement,. deviennent plus
longs, & font garnis d'un grand.nombre de feuilles.
Les efpaces compris entre les noeuds des tiges font
longs de deux pieds, fur quatre pouces de diamètre,
d’une belle couleur verte, creux intérieurement
, & renfermant quelquefois une très-petite
quantité d’eau.
Les feuilles font alternes, longues de trois ou
quatre pouces, membraneufes, lancéolées, très-
glabres, caduques, articulées au fommet des gaî-
oes, relevées en deffous par un grand nombre de
petites nervures parallèles avec la côte principale,
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| arrondies à leur extrémité inférieure, terminées
en pointe aiguë à leur fommet j les gaînes membraneufes
, de la longueur des entre-noeuds, glabres,
parfemées à leur partie fupérieure de poils
roides, munies à leur orifice de poils plus longs,
plus doux, plus nombreux.
Les fleurs font terminales, difpofées en épis
longs d'un à deux pouces, cylindriques, acuminés,
droits ou légèrement arqués, difpofés par faif-
ceaux î la balle calicinale bivalve, ovale, prefque
cartilagineufe, renfermant huit à dix fleurs} ena-
que fleur compofée d’une balle corollaire à deux
valves} l'extérieure plus grande & cartilagineufe,
terminée à fon fommet par une pointe très-courte
& ciliée fur fes bords} l’intérieure membraneufe,
à trois angles, contenant fix étamines ; les filamens
plus longs que les valves } les anthères oblongues,
vacillantes, bifides à leurs deux extrémités.
L’ovaire eft glabre , feflile, furmonté d’un
ftyle court, terminé par trois ou quatre ftigmates
plumeux, de couleur violette} deux petites écailles
oppofées, fituées à la bafe de l’ovaire. Les femences
font folitaires , oblongues , renfermées
dans la valve intérieure de la corolle, convexes
d’un côté, légèrement aplaties de l'autre, & marquées
d’un fillon longitudinal.
Cette plante a été découverte, au Pérou, par
MM. Bonpland & Humboldt, dans les forêts ombragées
& humides, fur les bords du fleuve Caffi-
quiare. "fr ( Defcript. ex Bonpl. )
Ses ufages font les mêmes que ceux du bambufa
guadua. Il ne fe trouve que dans les lieux très-
humides & très-chauds. MM. Bonpland & Humboldt
ne l ’ont obfervé qu'une feule fois en fleurs
fur les bords du Rio-Cafliquiare, qui reçoit fes
eaux de l'Orénoque pour les porter à la Rivière-
Noire 5 il eft très-abondant dans toute la partie de
l'Orénoque qni eft au deffus des cataractes, dans
la Rivière-Noire & dans l'Amazone.
4* V oulou verticillé. Bambos verticillata.
Bambos foliis u trinque acutis 3 ramis verticillatis t
fpicis paniculatis. ( N. )
Naflus. Lam. llluftr. Gener.- tab. 26 4. fig. 1. a.
b. c. d.
Bambufa ( verticillata ) tfpicd terminali Jfimplici,
venicillatâ. Willd. Spec. Plant, vol. 2. pag. 245.
Arundo ( multiplex ) , fioribus hexandris ; fpicis
interruptis 3 verticillatis j culmo divifo 3 calicïbus unifions.
Lour. Flor. cochinch. pag. 73.?
Arundo arbor tenuis 3 leleba dicta. Rumph. Amb.
vol. 4. pag. 1. tab. 1. ?
On diftingue aifément cette efpèce de la précédente
par fon port, par la difpofition de fes ra