
portée à la nature du para fi te , mais à celle des
fucs mêmes de la plante, En effet, les taches font
xouges dans toutes les feuilles qui pavant l’époque
de leur chute, ont coutume de prendre une teinte
rouge, comme on le voit dans les rumex, les
fraifiers, les poiriers > elles font jaunâtres dans
les feuilles qui deviennent jaunes en vieil liftant,
par exemple, les pruniers, les fautes, les peupliers,
&c.
“ L’influence des champignons parafites fur la
forme des feuilles offre bien moins de régularité
que celie qu’ils exercent fur leur coloration. Dans
un grand nombre la forme des feuilles n’eft pas
fenfiblement altérée par la préfence des parafites j
dans quelques plantes où les champignons naifïent
en grand nombre, les fucs nourriciers de la feuille
étant déviés de leur ufage naturel, la feuille reftc
plus petite & un peu rabougrie. Quelquefois, au
contraire, elle devient plus large, plus épaiffe,
femble deftituée d'e nervures, comme on le voir
dans l’euphorbe cyprès : ailleurs les nervures & les
pétioles fe bourfouflent ou fe déforment, comme
on le voit dans l'adoxa, le bunium, &c. Quelquefois
, & notamment lorfque le parafite eft du genre
erineum, la feuille fe relève en une boffe irrégu
liera du coté fupérieur, & Y erineum fe trouve
niché dans la cavité oppofée : cette maladie eft
très-commune fur la vigne. Enfin, les efpèces
à'âcidium qui 'appartiennent à la divifion des can-
cellaires font naître, fur les feuilles qu’elles attaquent,
des efpèces d’exoftofes compares,qui ont
quelque reffemblance avec les galles des infeétes
& qui font particuliérement remarquables fur les
poiriers.
» 11 arrive quelquefois que l’aétion nuifible des
champignons parafites ne s’arrête pas aux feuilles
qu’ils attaquent ; ainfi on voit fouvent dans les,
euphorbes les feuilles placées au deflùs de celles ;
où le parafite eft n é, devenir pâles jaunâtres, :
relier petites & rabougries : fouvent la plante en- |
ti ère offre une apparence de débilité & de mal a- !
die. Cet effet s’explique naturellement par la di- ;
minution ou la fuppreflion de i’aélion des feuilles
fl néce(Taire à la vie des plantes ; mais cette maladie
préfente des caractères particuliers lorfqu’ejle
s’établit ou quelle agit de loin fur les organes de '
la fructification,
« Dans quelques plantes les uredo naiffent fur les
ovaires, dont iis gênent le développement. C’eft
ce qu’on voit fouvent fur les rofiers ; c’eft furt'out
ce que les agriculteurs ne connoiffent que trop fur
nos graminées céréales. L'uredo des blés attaque
les glu mes, les ovaires des graminées, & pénètre
même dans l’ intérieur du grain , dont il confume
la fécule , & qu’ il remplit d’une pouilîère noire.
Cette maladie, très-bien décrite par M. Teflier,
fous le nom de charbon, dans fon Traité des maladies
d$sgrains, attaque le froment, l'orge, & furtout
l’avoine : on la retrouve fur les graminées
fauvages 5 elle attaque auflî le maïs, dont elle
bourloufle les grains au point qu’ils-acquièrent la
groifeur d’une noix, mais ces grains lont entièrement
remplis d’-une poudre noire.
- » L aCtion des parafites fur la fructification ne
s’exerce pas feulement lorfqu’ils ont pris naiffance
dans la fleur, mais lors même qu’ils ne font que
couvrir abondamment les feuilles. Je citerai quelques
exemples détaillés de ce fait remarquable.
» Dans un voyage que j’ai fait à Dieppe, un
cultivateur de cette ville me mena voir un champ
qui, depuis plu fleurs années, étoit infefté d’uine
mauvaife herbe qu’on n’y avoit jamais vu fleurir,
bc dont le dos de s feuilles étoit couvert de pouf-
fière brune, comme un acrbftique 5 ce n’étoit autre
chofe que le chardon des champs (ferratula aryen-
fis ), qui étoit tellement couvert de l‘u-edo fuaveo-
lensy qu’ il ne pouvoit plus fleurir. Lorfque le parafite
y eft en moindre quantité, ce chardon fleurit
encore a fiez bien. Cette manière’ de croître des
uredo. fur le dos des feuilles , leur couleur & la non
floraifon de la plante "qui les porte, ont fait que
quelques botaniftes des provinces m’ont envoyé
des feuilles couvertes d’-uredo, comme étant de
nouvelles efpèces de fougères, erreur que 1,’inf-
peClion microfcopique détruit facilement*
m On obferve fouvent cet avortement des fleurs
dans l’euphorbe cyprès, & il y eft même allez
commun pour qu avant'la découverte des champignons
parafites, il fe foit trouvé des botaniftes
qui ont décrit lés pieds d’euphorbe cyprès attaqués
d’iridium , comme une efpèce diftinète qu’ils
avoient nommée euphorbia degèner. De même plu-
fieurs jardiniers ont remarqué que les pieds d’anémone
attaqués par Yecidium quadrifidum ne fleu-
rilfent pas.
» Quelquefois les fleurs fe développent comme
à l’ordinaire 5 mais fi le champignon parafite ne
prend tout fon accroiffement qu’après la floraifon,
les fruits ne peuvent parvenir à leur maturité *
auflî les agriculteurs ont remarqué que , lorfque
les feuilles des céréales font attaquées par la puccinie
des graminées f leurs grains font générale-'
ment moins nourris, quelquefois même ftériles;
c’eft ce que j’ai obfervé quelquefois fur le noifet-
tier, dont les fruits avortent fouvent quand les
feuilles font abondamment chargées d‘erifyphe. J'ai
vu de même des liferons tout couverts d’erifyphe
qui fleuriffoient affez bien, mais enfuite leur fruit
fe defféchoit & tomboit avant fa maturité. J’ai vu
encore des pruniers dont tous les fruits tomboient
avant la maturité , & dont toutes les feuilles
étoient chargées de puccinies. Les jardiniers m’a-
voient expliqué ce fait, corhme à leur ordinaire,
en me difant, les uns, que c’étoit le vent j les autres
, que c’étoic la brume qui avoit fait tomber
les prunes, & je penfe que plufieurs des effets
qu’on rapporte à ces. caufes obfcures, devroient
erre ramenés , par l’objervation , à l’influence des
champignons parafites. Au refte, je ne prétends
point que ceux-ci foient toujours des obftacles à
jg fructification > leur action à cet égard eft proportionnée
à leui nombre, à leur proximité des
fleurs, & au degré de foibitffe de la plante.
” Les faits dont je viens de rendre compte prouvent
que les champignons parafites caufent, dans
les végétaux qu’ils attaquent, des maladies nom-
breufes, & qui n’ont encore été étudiées, avec
quelque foin , que dans les plantes cultivées : ce. j
n’eft même que dans ces dernières années qu’on a
acquis quelque notion précife à leur égard, & je
penfe qu’il n’eft pas inutile d'indiquer ici rapide- J
ment celles des maladies des végétaux que, dans j
l’état aCtuel de la fcience, on doit rapporter à
cette claffe.
m i°. On fait, depuis le beau travail de Duha- I
mel, que la maladie connue en Gâtinois fous le j
nom de mon du Jafran, & de lignée par Plenck, j
dans fa Pathologie végétale, fous le. nom de nécrofe j
des bulbes du Jafran, eft due au champignon parafite,
nommé fclerotium crocorum. Perf.
» 20. La maladie-que Plenck indique fous le nom
de verrucojité des feu illes | eft due au développement
des Acidium fur plufieurs plantes.
*> 3°. Celle qui eft nommée givre par Adanfon, j
ou blanc fongueux par Plenck , ou qu Jqu. fois blanc |
par les jardiniers, provient de la naiiïance des di-
verfes efpèces <Yerifyphe.
*>4°. La maladie décrite par Adanfon, Teflier
& Parmentier, fous le nom de charbon , & par
Ptenck (eus celui de charbon des céréales, eft due à
Y uredo, fegetum.
p J°* La maladie décrite par Adanfon, Teflier
& Parme mû r , fous le nom de rouille, par Plenck
fous celui de rouille des céréales, par Bancks fous
les noms anglais de blight, mildew & rufl y eft due
à un champ’gnon parafite qui change d’afpeCt félon
fon âgé. Dans la jeunefle i! eft jaune , & a un
pédicdle fi court qu’il a été pris pour un uredo,
& décrit par Sowerby fous le nom' d‘uredo longff-
fima 3 par Lambert fous celui d’uredo frumend, &
par Perfoon fous celui d*uredo linearis. Dans un âge
avancé il d-vient noirâtre & évidemment pédi- •
culé. D.ins ce dernie r état il. a été décrit fous le
nom de puccinia graminum , qu’il devra déformais
conferver. Perfoon & moi avions foupçonné certe '
identité, qui vient d’être mife hors de doute par
l ’excellent Mémoire de M. Bancks.
» On a fait quelques objections contre l’opinion
énoncée dans la fécondé partie.
» 1 . Les germes de ces champignons ne s’introduire
ient-ils pas par les petites fiffures accidentelles
qui fe trouvent dans les plantes ? Mais comment
par-là expliquer la fixité de leur pofition dans
la généralité des plantes qu’ ils attaquent, & leur
permanence dans certains terrains? D’ai'leurs, ces
fiffures accidentelles font extrêmement rares dans
les herbes à tige annuelle, fur lefquelles cependant
on trouve fouvent des parafites > enfin, ces
fiffures ont généralement lieu dans l’écorce. O r ,
comment les fucs defeendans de l’écorce pour-
roient-ils conduire ces germes à la partie fupe-
rieure de la plante ?
« 2°. Ces graines ne pourrôïent-elles pas tomber
accidentellement fur l’épiderme, s’y fixer par quelque
gluten, comme le gui, pouffer leurs radicules
au travers de l’épiderme par les pores de transpiration
infenfible, & le déchirer lorfque leur ac^
croiffement-étant avancé, ils ne peuvent plus tenir
dans l efpace qu’ils occupoient d’abord ; Contre
cette objc&ion fe repréfentent plufieurs des rai-
fons que j’ai citées pl :s haut. Pourquoi la permanence
dans un même organe, & dans un certain
terrain ? Mais de plus, quiconque aura o ;fervé
ces champignons par lui-même , aura vu que fouvent
il en exifte une maffé co; fi1 érable qui diftend
beaucoup l’épiderme . & ne le rompt qu’ à la der-
nière: extrémité ; il aura vu que ces groupes nombreux
de globules naiffent d’un centre commun
placé vers le centre de ta feuille j il obfèrvera
enfin que ces pores de la tranfpiration infenfible
font des organes que nous fuppofons exifter, mà?|
qu’on ffa point encore vus même avec les plus
forts microfcopes , & qu’il n’eft pas de la faine
logique d’appuyer une hypothèfe fur une hypo-
thèle.
» 3e. On pourroit dire enfin que les graines des
parafites font tranfp'ortées , par les fucs nourriciers
, dans les graines mêmes des plantes, & parla
fe reproduifent avec elles dans les nouveaux
individus. J’ai moi-même infinué cette opinion
relativement aux uredo qui vivent dans les graines
des graminées ; mais quant à ceux qui vivent fur
les feuilles, je ferai remarquer qu’évidemment
leurs graines tombent*en dehors, & non en dedans
de la plante ; qu’ il faudroit encore expliquer
comment elles font tr.anfportees de la feuille juf-
qu’à la graine il faudroit enfin ai mettre une exception
bien notable pour ceux de ces champignons
qui ont complètement fini leur exiftence
avant l’apparu ti on de la graine, ou pour ceuxqui
vivent fur des arbres dont les graines ne font pas
femées , comme les poiriers. »
Obfervadons. A la fuite de ce Mémoire, M. De-
candolle préfente un tableau des divers genres des
champignons parafites, qu’il diviïe ainfi qu’il fuit :
Tableau des genres des champignons parafites.
Les champignons parafites naifîent :
I. Sur les racines.. . . La Solérote des fafrans.
( Sclerodum crocorum. ) .