
■ côtes arides de la mer du Sud, jadis arrofées &
fertilifées par les canaux de l'Ynga > dont il ne
relie pins que d'affligeantes ruines,
f Arrivés par Santa & Guarmey.à Lima, ils demeurèrent
quelques mois dans cette capitale du
Pérou /dont les habitans fe distinguent par la vivacité
de leur génie & la libéralité de leurs fen-
timens. M. Humboldt eut le bonheur d'obferver
allez complètement au port de Callao de Lima, la
‘fin du partage de Mercure, hafard d'autant plus
heureux, que la brume épairte qui règne en cette
faifon ne permet Couvent pas, en vingt jours, de
voir le difqt’.e du (ble-il. Nos voyageurs s'embarquèrent
enfuite pour Guayaquil. C'eft dans ce premier
port qu'ils entendirent gronder à chaque
inftant le volcan Cotopaxi, qui fit une explofion
alarmante le 6 janvier 1805 ; c’eft là, fur les bords
d'une immenfe rivière, que la végétation en palmiers
, en plumcria, en taberrumontana & en lci-
taminées, eft d'une majefté au deffus de toute
defcription. Ils eurent une heureufe navigation
de trente jours fur l'Océan pacifique, & débarquèrent
au port d'Acapulco, dans la Nouvelle-
Efpâgne. . . .
Leur projet étoic de ne faire qu'un féjour de
quelques mois au Mexique , & de hâter leur retour
en France j mais 1 attrait d un pays aufii
beau , aurti varié que celui de la Nouvelle-Efpa-
gne, les fetmt plus long-tems. Après s'être occupés
de la recherche des plantes, de l'air, des variations
horaires du baromètre, des phénomènes
magnétiques, & furtout de la longitude d'Acapulco
, ils s'élevèrent peu à peu, pat les vallées
ardentes de Mefcala 8c du Papagayo, où l'on parte
la rivière fur des fruits de crtfceniia ,\Us enfemble
pat des cordes d‘agave, & parvinrent aux hauts
plateaux de Chilpanrzingo, de Tehuilotepec 8e
Tafco. C ’eft à ces hauteurs de fix à fept cents
toifes d'élévation au deffus du niveau de la mer,
qu'à la faveur d'un climat frais 8c doux , commencent
aux plaines de joruEa, où en 1759, en une feule
i nuit, dans une cataftrophe des plus grandes qu'a
| jamais effuyées le Globe, il fortit de terre un
volcan de quatorze cent quatre-vingt-quatorze
! pieds d'élévation, entouré de plus de deux mille
petites bouches encore fumantes. Ils defeendirent
dans le cratère embrâfé du grand volcan à deux
cent cinquante-huit pieds de profondeur perpendiculaire,
les- chênes, lès cyprès, les fa p i 11s , les
fougères en arbre 8e la culture des blés d'Eu-
rope.
Après avoir paffé qüelque tems dans les mines
de Tafco , les plus anciennes & les plus riches du
royaCfme , ils montèrent par Guernaraca & les Tri-
mats de Guchilaque, à la capitale du Mexique.
Après un féjour de quelques mois, ils vifitèrent
les célèbres mines de.Moran & de Real-dei-Monte.
De retour de cette ’ex eut fi on , ils en entreprirent
une autre dans la partie feptentrionale du royaume
; ils dirigèrent leurs recherches d'abord vers
Huehnetoca ; ils paffèrent enfuite par Queretaro,
par Salafnànta, 8c arrivèrent à Guana-xuato par les
plaines fertiles d'Yràpùato. Après: deux mois de
rëcherches géologiques & botaniques, afprès-àvoir
examiné les eaux thermales de’ComagiHas, ils fd
dirigèrent par la vallée de Saiv-Yagb, fe réndirent
I5 Valladolid : de là ils defeendirent f malgré "lès
pl-uies continuelles..de l'automne, par Patzquaro
fautant fur des crevaffes qui exhaloient
l’hydrogène fulfuré enflammé > ils parvinrent avec
beaucoup de dangers, à caufe de la fragilité des
laves bafa!tiques , prefque jufqu'au fond du cratère
, dont ils analyfèrent l'ai* extrêmement chargé
d'acide carbonique.
Depuis le royaume de Michoacan, pays, des
plus fertiles 3c des plus rians des Indes, ils retournèrent
au Mexique par le haut plateau de Tolucjca,
dans lequel ils mefurèrent la montagne neigeeclu
même nom, mo.ntant le pic de Fraide jufqu à fa
plus haute cime, qui a deux mille trois cent
foixante-quatre toifes au deffus du niveau de la
mer. De retour à la capitale du Mexique , y
fejournèrent pendant plufieurs mois pour y mettre
en ordre leurs herbiers & leurs productions géologiques!.
' « - I f g " ; . , .
■ En janvier 1804, ces deux favans quittèrent le
Mexique pour fuivre la pente orientale de la cordillère
de la Nouvelle-Efpagne j ils mefurèrent
géométriquement les deux volcans de la Puebla,
le Popocatepec, l’Itzaçcihualc, la grande pyramide
de Cholula, ouvrage myftérieux, lait en
briques non cuites par les Tultèques, & de la
cime de laquelle on jouit d'une vue magnifique
fur les cimes neigées & les plaines riantes de
Tlaxcala. Après ces recherches, ils defeendirent
par Pérote à Xalapa, ville fituée à fix cent quatorze
toifes au deffus de la mer, à cette-hauteur
moyenne où l'on jouit à la fois des fruits de tous
lés climats, & d'uné température également douce
& biënfaiiante pour la faute ded'homnVë.
L’e chemin affreux qui mène de Xalapa à Pérote,
' par des forêts de chênes & de fapins prefqu impénétrables,
chemin que l ’o.n commence à convertir
en une chauffée magnifique, fut nivelé trois
fois par le moyen du baromètre. M. Humboldt
gagna, malgré la quantité de neige tombée la
veille, la cime du fameux Cofre, de centfoixante
deux toifes'plus élevé'que le pic de Ténériffej il
mefura auffi trigonométriquement le pic d’Ori-
zava, que les Indiens nomment Sitlaltepetl, parce
que les exfialaifons lumineufes de fon cratère le
font reffembler Be'loin à. une étoile couchante.
- Après un féjour intéfeffant dans ces contrées,
où j à l’émbré des ''ii^uiâdpibar 3 des amyns| végètent
YepîdèndrùmvaAilià 8c }‘è codvoïvillus yalapa,
nos voyagé'nrs dèfcendirerrt vei*s la côte7 au port
de la Vcra^Crùz, •fitù'é 'eritre des collines de fable
mrout4 nt ," dont': \i réyèrirèrîrtion caufe une cha-
len'i! étouffinté’: il?'échappèrent heirteufement au
vomiffemeriri'noir'q&i y regfroit déjà » ils ^afférent
avec une frégate efpagnole à la Havane, pour y
t-eprendre les .colleéîiônsi 8*: les herbiers qu'fis y
avoient dépofés en uSoo. Après un féjour de deux
mois, ils.firent vojle pour les États-Unis. Une
tempête violente les mit en grand danger au débouquement
du canal.de Bahama : l'ouragan dura
fept jours de fuite. Enfin, après trente-deux jours
de navigation, ils arrivèrent à Philadelphie, fié-
journèrent en cette ville & à Washington pendant
deux mois, & revinrent en Europe dans le courant
du mois d'aoùt 1804, par la voie de Bordeaux,
apportant avec eux un grand nombre de
deflins', une très-riche collection, & plus de fix
cents efpèces de plantes que M. Bonpland a déjà
commencé à publier. M. Cavanilles lui a confacré
le genre Bonplandia.
Boroni. ’Cet infortuné botanifte, Italien de
uaiffanee, fut l’élève & l'ami de M. Smith , qui
établit en fon honneur le genre Boronia. Son ardeur
pour l ’étude des plantes le détermina à fe
rendre le compagnon de M. Sibthorp dans fon
voyage de la Grèce. Ce malheureux1 jeune homme,
qu'on foLipçonne avoir été attaqué d'épi-
lepfie, périt dans ce voyage par une chute qu'il
fit à Athènes, du haut d’un balcon.
Boicy-de-Sa int-V in cent. Ce jeune militaire,
plein d’aCtivité & de zèle i nous fournit la preuve
que l'étude ai.mable de la Nature n’eff pas incompatible
avec le métier’ des armes : il 5'e toit déjà
fait connoïtre par plufieurs Mémoires & des ob-
fervations intéreffantes fur quelques familles de
plantes, furies conferves, &c. iorfqu’il futchoifi
par le 'gouvernement français pour remplir une
des places les plus flatteufes dans l'expédition des
découvertes. Ce premier voyage lui procura l’oc-
cafion de vifiter les îles Canaries, celles de Té-
nériffe, &c. Cet auteur, daus l'ouvrage qu’il a
publié fous le titre modefte d’EJfiis fur les îles
fortunées & Vantique Atlantide , entre dans des détails
fort intéreffans fur -les; anciens habitans de
ces contrées, fur leur état a&uel & leurs rapports
commerciaux* La partie de l'hiftoire naturelle,
Quoique traitée rapidement & làns doute incomplètement,
préfente néanmoins des faits curieux,
des objets nouveaux, & peuvent fervir à diriger
les recherches de ceux qui les vifiteront par la
fuite. La notice des plantes que la faifon 8c un
féjour très-court lui Ont permis d’obferver, donnentune
idée des richeffes végétales de ces îles
fortunées:.
Peu après fon retour en France, M. Bory-de-
Saint-Vincent fut chargé, de nouveau par le gouvernement
français d’un voyage, dans les principales'
îles des mets d’Afrique, qu’il exécuta en
1801 & i8oz : il partit du Havre avec le capitaine
Baudin , & après un court féjour aux Canaries , il
fe dirigea vers lTfle-dè-France, qu’il parcourut
dans toute fa longueur -, il s’éleva depuis la côte
jufqu’au centre , où eft un plateau boifé .de deux
cent.cinquante toifes d’élévation. Les autres montagnes
de Pile,• féparées les unes des autres;, fem^
blent former de petits fyftèmes ifolés. Ce voyageur
vifita enfuite le beau jardin botanique confie
aux foins de M. Ceré : il y remarqua, parmi les
belles plantes qui le compofent, le canellier de
Ceilan, celui à feuilles étroites, plufieurs palmiers
, la Caméire du Japon, plufieurs fortes de
figuiers, le bois de tec, le rocou , le fapotiliier ,
le mufeadier, le giroflier, le poivrier, le bétel »
le nouroùx, le vontak, le boabab & trois arbres
à pain. . , -<
Il s’embarqua enfuite pour lltle Bourbon ou de
k Réupion, une des plus curieufes fous les rapports
géologiques. On ne remarque dans aucune
des traces plus frappantes des p ni liantes éruptions
volcaniques, & d’indices auffi fréquens de l’aétion
des feux fouterrains. Lorfqu’on a bien vifita ce
pays, l’on eft tenté de croire qu’ il a jailli du fond
des eaux, ou qu’il s’eft formé par des couches de
laves découlées des deux foyers de l’iie. Une li-
fière d’une lieue 8c demie de longueur, parallèle
à la côte, & interrompue par le peys brûlé, eft
tout ce qu’on a encore défriché dans Elle 5. elle
femble uniquement compofée de deux montagnes
volcaniques , dont l’origine remonte fans doute
à deux époques éloignées l'une de l’autre. La plus
petite eft la méridionale : les feux fouterrains y
exercent encore ieur tyrannie : celle du nord eu
bien plus vafte ; les éruptions volcaniques , qui
l'ont jadis bouleverfée, ne s'y font plus reG
fentir. -
Celle qu'on nomme la partie du vent s'offre
aux yeux fous l'afpeft le plus riant j celle fous
le vent paffe pour la plus riche i mais elle eft un
peu fècae, 8c les fources y font rares. La première
, plus égale , tempérée par des brifes continuelles
, Sc cultivée avec propreté, retrace fou-?
vent l'Europe, & particuliérement le Languedoc ,
lorfque de loin on peut y diftinguer la nature de
la végétation : des girofliers qui reffemblent à des
bofquets d'agrément, des caféyers immenles &des
champs d’épis dorés, agités par un mouvement
de fluctuation continuel, parent cette terre, donc
ils font la richeffe.
M. Bory, avec plufieurs compagnons de voyage,
gagna la partie la plus élevée de l’ïle j c’eft ce
qu'on appelle la plaint du Chicot : ils virent, du
Commet le plus élevé, les deux grandes montagnes
volcaniques mentionnées plus haut. Dans
l'une , les feux fouterrains btuienc encore, 8c
dans l'autre ils font éteints. Ii dirigea enfuite fa
route pour fe rendre chez M. Hubert, favaut
eftimable, qui poflede une belle colleCtion des
: minéraux de l’île , & des jardins magnifiques à
Bras Muffard 8c au Boudoir3 où il cultive les plantes
; les plus précieufes, le giroflier, le poivrier, le
mufeadier, l'arbre à pain, & c. Après avoir vu
1 c e s beaux jardins & c e s riches collections, il
X x x x z